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SACREBOPOL

vendredi 15 août 2014

Révision constitutionnelle







La Majorité se rallie 

sous réserve au MSR









Au sein de la Majorité présidentielle (MP), ce n’est pas encore la panique. Toutefois, la déclaration faite le mardi 12 août  par le  MSR (Mouvement social pour le renouveau) en rapport avec le projet de révision constitutionnelle a fait bouger les lignes. Si dans la MP, personne ne dénie au parti de Pierre Lumbi le droit de participer aux débats, on estime cependant que le Bureau politique de la MP s’accorde une marge de manœuvre avant de battre le rappel des troupes en vue d’engager un débat interne autour de la question. C’est donc avec réserve que la MP se rallie à la démarche du MSR, sans pour autant se détourner de son objectif de retoucher certaines dispositions de l’actuelle Constitution.


Le débat sur la révision de la Constitution fait rage au sein de la Majorité présidentielle (MP). Si certains partis de la Majorité, dont le PPRD et le CCU de Lambert Mende, se sont clairement prononcés en faveur de ce projet de révision, le bureau politique affiche encore un silence de marbre sur la question. Le secrétaire général de la MP et président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, s’est, lui aussi, dit favorable à ce projet au cours d’une émission animée à Kinshasa, ce n’est pas pour autant pas l’occasion d’affirmer que le bureau politique se serait formellement prononcé sur la question.
Vu l’ampleur prise par le débat, au sein de la Majorité, des fissures apparaissent sur l’édifice. Prenant son courage en main, le MSR, la deuxième force politique de la MP, a fait, le mardi 12 août 2014, une déclaration qui avait tout l’air d’un recadrage de la stratégie qu’emprunte la MP, en ce qui concerne particulièrement le dossier sensible de la révision constitutionnelle.
Rappelant que « la Majorité présidentielle est une coalition politique suffisamment structurée et organisée » et exprimant son « profond désir » de voir  cette famille politique « demeurer fidèle à ses engagements et aux textes qui la régissent », le MSR a dit avoir saisi le secrétaire général de la Majorité présidentielle pour lui faire part de sa position.
Alors que le débat enfle autour de la question de la révision constitutionnelle – la MP s’étant pratiquement lancée au front pour plus d’adhésion à ce projet - le MSR pose le préalable d’un « débat interne franc et responsable dans le but de dégager une option commune sur la question ».
La déclaration a relancé le débat au sein de la classe politique. Et, l’onde de choc s’est répandue jusque dans l’Opposition. Chacun cherche à décrypter, à sa manière, le message du MSR. Est-ce un désaveu ? Serait-on déjà en face d’une rupture au sein de la MP ? Les interrogations sont allées dans tous les sens. Les conjectures aussi.
C’est finalement de la Majorité qu’est venue la mise au point dissipant toute crise éventuelle au sein de la majorité présidentielle. L’on ne s’est donc pas rapproché d’une quelconque rupture, moins encore d’une rupture entre le MSR et la MP.

La MP acquiesce, mais…
Approché mercredi par la presse, Luzanga Shamandevu, porte-parole de la MP, a levé toute équivoque sur ceux que d’autres ont qualifié, à tort, d’un son cacophonique au sein de la MP.
Il a estimé que « Le MSR a raison quand il attend certains partis politiques et quelques personnalités de la Majorité présidentielle se prononcer sur la révision constitutionnelle. C’est pourquoi il demande que cela soit débattu au sein de la Majorité présidentielle ». Il pense cependant que « le MSR ne peut pas empêcher aux autres partis politiques ou personnalités de la Majorité de s’exprimer sur cette question ».
La déclaration du MSR porte-t-elle la marque des divisions internes qui rongent la MP au sujet de la révision de la Constitution ?  Y aurait-il crise au sein de la MP ? A ces questions, Luzanga s’est montré plus précis : « Il n’y a aucune crise au sein de la Majorité. Il n’y aucune amalgame ».
Lorsque le MSR appelle à un « débat interne franc et responsable » autour de la question, le porte-parole de la MP semble adhérer à cette démarche. Il note cependant que « pour la Majorité, la préoccupation n’est pas à l’heure actuelle l’article 220 », dont le déverrouillage permettrait au président de la République, autorité morale de la MP, de se représenter en 2016. Et de renchérir : « L’article 220 n’est pas notre préoccupation. Nous avons reçu un mandat de cinq ans. Il y a encore deux ans. Nous sommes à mi-parcours de notre mandat. A deux ans et demi, notre préoccupation est celle de savoir ce que nous pouvons faire pour notre peuple. Ce qui nous préoccupe est la mise en œuvre du programme de la Révolution de la modernité du chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange ».
« Le moment viendra, rassure-t-il, où le bureau politique va se prononcer là-dessus ».
Comme bien d’autres acteurs de la Majorité, il est d’avis que « la Constitution prévoit elle-même sa révision ». C’est au peuple, seul souverain qu’il reviendra de trancher. « Si les acteurs politiques n’arrivent pas à s’accorder, c’est au souverain primaire de décider. On va recourir à ce souverain primaire si on ne peut pas s’accorder », rappelle-t-il.
Apparemment acquis à la voie de la sagesse suggérée par le MSR, il confirme que « le moment venu nous en parlerons. Il faut que ce problème soit débattu au sein de la Majorité ».
Autant dire que le MSR n’a pas prêché dans le désert. Sa déclaration a donc trouvé du répondant au sein de la Majorité. Faudrait-il encore que le Bureau politique fasse diligence en réunissant tous les partis et personnalités de son obédience pour tracer définitivement la voie à suivre afin que tous ses membres soient au même diapason face aux enjeux de l’heure. 

Au département d'état américain :

 L’Udps Samy Badibanga et David Gilmoor tournent la page Kabila




(WASHINGTON)- Le président du groupe parlementaire Udps et alliés, Samy Badibanga et le sous-secrétaire d’état américain chargé des affaires africaines, David Gilmoor se sont accordés sur la nécessité de voir le président Kabila ne pas se représenter après 2016.
Ils se sont entretenus longuement et en deux temps au département d’état. D’abord, les avant-midi et ensuite, les après-midi où l’homme d’état américain se fait entourer de ses principaux conseillers pour approfondir le dossier politico-électoral congolais. A Washington, le sort de Kabila est déjà scellé, rappelle Badibanga qui a senti la détermination de l’administration Obama d’amener les congolais à consolider leur jeune démocratie. 
Il faut respecter la constitution, a répété le collaborateur de Kerry. 
Au cours des échanges, David Gilmoor a émis également le vœu de voir un processus électoral transparent. Des stratégies sont mises en place pour contrer les chefs d’état africains fin mandat à ne pas oser retoucher leur constitution. Le meilleur élu Udps de Kinshasa a vu sa démarche réconforter par cet imminent membre du département américain. J’ai insisté pour un calendrier global et un budget électoral global, a affirmé Badibanga.Il a décrié le caractère corrompu du fichier électoral actuel. Devant Gilmoor et les principaux conseillers du Desk Afrique, Samy Badibanga a démontré le caractère dangereux du processus en cours tendant à l’exclusion de dix millions des jeunes congolais lors de futures élections. 
Le calendrier de la commission électorale nationale indépendante, dit-il,  ne prévoit pas l’identification et l’enrôlement de nouveaux électeurs. 31 % des congolais seront exclus du vote et sans raison, a-t-il déploré.  Badibanga a insisté pour le recadrage du processus électoral afin d’éviter le trucage du corps électoral. Inacceptable, a rétorqué le sous-secrétaire d’état américain chargé des questions africaines. Pour Gilmoor, les jeunes doivent jouer le premier rôle dans le développement des pays africains et on ne peut pas les voir écarter du processus électoral congolais. 
Le président américain, a-t-il ajouté selon l’opposant,  fait la promotion des jeunes entrepreneurs africains à travers son initiative ‘‘The young leadership’’.  Avant de quitter le département d’état, Samy Badibanga a parlé brièvement avec Linda Thomas Greenfield, le numéro 1 du département Afrique. Il a eu des encouragements et la promesse ferme des autorités américaines à ‘‘soutenir les opportunités qui permettent de trouver les moyens pour que les populations des pays africains puissent s’exprimer et pour que leurs droits de l’homme soient respectés’’. Dans sa mission de lobbying, il s’est entretenu aussi avec six sénateurs américains au capitole mais aussi avec Russ Feingold, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands Lacs. Là aussi, les voix se sont élevées pour dire non à un nouveau mandat pour Joseph Kabila.
Après les contacts de haut niveau dans la capitale fédérale américaine, le président du groupe parlementaire Udps et alliés est parti à New York où il a fait parvenir son mémo à Banki Moon via son chef de cabinet, Suzan Talcorra. Le cadre Udps a repris son message percutant ‘‘de ne procéder à aucune révision constitutionnelle’’. A cette occasion, l’opposant a plaidé pour que Martin Kobler, le patron de la Monusco soit soutenu dans son rôle de facilitation pour la tenue du dialogue dans le cadre de la résolution 2098 et de l’accord-cadre d’Addis-Abeba. Cependant, Samy Badibanga a insisté pour que le dialogue s’inscrive uniquement dans la perspective électorale et non pas dans le sens du partage du pouvoir. Comblé après sa tournée américaine, le chef du premier groupe politique de l’opposition à l’assemblée nationale a affiché la détermination de son parti de reconquérir l’impérium après le chaos électoral de 2011.




KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter"






25/06/2007 à 16:00 Par Propos recueillis à Kinshasa par François Soudan
 

Désormais sûr de lui, le président parle sans détour de Bemba, de la guerre à l’Est, de la corruption, des mobutistes… et de Sankara.



Cité de l’Union africaine, quartier du mont Ngaliema, Kinshasa, mardi 12 juin en début de matinée. Joseph Kabila, 36 ans, reçoit Jeune Afrique pour sa première grande interview depuis le début de l’année. La veille encore, il portait au menton la barbe naissante des jeunes sages, qu’il lui arrive de laisser pousser. Mais c’est rasé de près, en costume taillé sur mesure, qu’apparaît le président congolais. Lisse, net, presque impénétrable. Sur son bureau, qui fut celui de son père assassiné en 2001, un ordinateur, un dictionnaire anglais-français, des dossiers aux couleurs de la République, un livre d’art sur la Turquie et, derrière, posée sur une étagère, une photo de lui-même avec Jacques Chirac sur le perron de l’Élysée. Fauteuils de cuir moutarde, 
tapis orientaux. L’ensemble est clair, impersonnel, un rien kitsch. 

À l’écouter parler de sa voix à la fois adolescente et métallique, dans un français impeccable – que de progrès en ce domaine depuis six ans ! -, on se demande comment le fils du très autoritaire et tonitruant Laurent-Désiré Kabila peut porter sur ses épaules le poids d’un pays continent aussi peuplé que la France. Élu en octobre 2006 avec 58 % des voix, cet homme secret, introverti et énigmatique recèle en vérité une grande habileté politique, une évidente force de caractère, un vrai courage physique, et cette sorte d’aura ambiguë que projettent autour d’elles les personnalités indéchiffrables aux réactions imprévisibles. De son père omnipotent et écrasant, Joseph Kabila a hérité une tendance à se méfier de ses congénères – il n’a, parmi ses pairs chefs d’État, aucun véritable ami – mais aussi un sens exacerbé du patriotisme et de la puissance potentielle du Congo. L’apprenti maladroit et mutique des premières années, que l’on disait manipulé par le « clan des Katangais » et que les présidents recevaient avec condescendance et paternalisme, a cédé la place à un homme sûr de lui, à l’humour acide et dont la réserve naturelle ne passe plus désormais pour de la timidité. 

Chez lui, il le sait, la situation reste mouvante. Du Bas-Congo aux deux Kivus, les tensions sont toujours vives. Alors que le riche Katanga rêve d’autonomie les yeux rivés sur l’Afrique australe, Kinshasa, mégapole polluée, vibrante et anarchique de sept millions d’habitants, peine à se relever. Partout, les fruits de la paix et de la démocratie se font attendre pour une population exsangue, prompte à fustiger les lenteurs et les lourdeurs d’un gouvernement obèse. Quant à l’état de grâce, il est mort les 22 et 23 mars dernier, lorsque la Garde républicaine a taillé en pièces les miliciens du sénateur Jean-Pierre Bemba, en plein cœur de la capitale. En quasi-exil au Portugal depuis deux mois et demi, celui qui fut le principal adversaire de Joseph Kabila à la présidentielle de 2006, recueillant 42 % des voix au second tour, ne semble pas près de rentrer à Kinshasa, tant son éloignement arrange tout le monde – y compris ses propres lieutenants et le président du Sénat, l’ex-dinosaure mobutiste Kengo wa Dondo. 

De tout cela et de bien d’autres choses, Kabila parle ici sans détour, cartes sur table. À l’issue de notre entretien, dans une grande salle voisine, face à soixante ministres et vice-ministres, sagement assis avec, à sa droite, Antoine Gizenga, 82 ans, Premier ministre aux allures de patriarche, le chef de l’État congolais a présidé le Conseil de gouvernement. Lorsque, après avoir scanné la salle de ses yeux perçants, il a pris la parole d’une voix douce pour nous demander de bien vouloir respecter le huis clos des débats, on aurait pu entendre les mouches voler. Qui a dit que Joseph, fils du mzee, n’avait pas de charisme ?

Jeune Afrique : Au lendemain de votre élection, il y a huit mois, vous avez défini cinq chantiers prioritaires. Cinq défis que vous avez promis de relever pendant votre mandat : les infrastructures, la santé, l’éducation, l’habitat, l’eau et l’électricité. D’ici à 2011, en si peu de temps, la tâche paraît gigantesque. Vous n’avez pas vu trop grand ? 

Joseph Kabila : Le mandat de cinq ans, ce n’est pas moi qui en ai défini la durée, c’est la Constitution. Mais n’ayez crainte : en 2011, chacun de ces cinq chantiers aura considérablement évolué. Il y faut, certes, des moyens, bien au-delà des 180 millions de dollars octroyés par la Banque mondiale ou des malheureux 25 millions du FMI. Le gouvernement et moi, nous nous battons pour cela. C’est l’étape actuelle.

Il y faut aussi des conditions. La bonne gouvernance en est une. Dans vos discours, vous ne cessez de fustiger ce que vous appelez « les anti­valeurs » : corruption, gabegie, détournements, etc. Fort bien. Sauf que ce terme d’« antivaleurs » a été forgé par un certain Mobutu Sese Seko, qui prétendait lutter contre, avec les résultats que l’on connaît. Quelles garanties ont les Congolais que l’Histoire ne se répétera pas ?
Mobutu pouvait effectivement faire ce genre de promesses sans que cela soit suivi d’effets. Mais le gouvernement d’aujourd’hui n’est pas celui de Mobutu. Il est issu d’élections démocratiques qui se renouvelleront à l’avenir et il a donc tout intérêt à tenir ses obligations de résultats. Deux exemples : la réforme en cours de la justice et la Commission de révision des contrats miniers. Et puis, c’est une affaire de conviction. La bonne gouvernance est une exigence des Congolais, je me dois d’y répondre.

Les Congolais semblent déçus tout de même par les lenteurs du gouvernement. L’état de grâce est terminé, et le désenchantement pointe. En avez-vous conscience ? 

Nul n’est plus pressé dans ce pays que le président de la République. Nul n’est plus impatient que moi de voir des résultats. Mais le Congo est un géant endormi depuis quarante ans et qui commence tout juste à se réveiller. Ce n’est pas une mince affaire, en tout cas pas une affaire de huit mois. Nous sortons de plusieurs années de guerre, ne l’oubliez pas. Cela dit, je comprends la frustration des gens, elle est légitime. Mais qu’on nous laisse travailler un peu avant de juger ce gouvernement. En septembre prochain, il sera possible de tirer un premier bilan.
Votre Premier ministre Antoine Gizenga est une personnalité éminemment respectable. Un monument historique, dit-on. Mais il a 82 ans et derrière lui une vie éprouvante. Son âge n’est-il pas un handicap ? 

Je ne le pense pas et je me garderai bien d’émettre sur son action un jugement prématuré. Je vois plutôt qu’il travaille et que son gouvernement travaille. Pour le reste, je vous l’ai dit, attendons septembre.

Jean-Pierre Bemba, votre principal adversaire politique, qui a recueilli 42 % des voix lors de l’élection présidentielle, vit depuis plus de deux mois au Portugal dans une sorte d’exil qui ne dit pas son nom. N’est-ce pas là un raté de taille dans le fonctionnement de la toute jeune démocratie congolaise ? 

Écoutez. Ségolène Royal a obtenu 47 % à la présidentielle française. Est-elle partie se cacher ou se soigner en Nouvelle-Zélande ? Non. Elle est restée à Paris pour se battre sur le terrain politique. Le dysfonctionnement est ailleurs. Si M. Bemba est parti, c’est que le terrain sur lequel il a voulu jouer le troisième tour des élections – et sur lequel il a perdu – n’avait rien de politique. Les événements des 22 et 23 mars dernier ont été très graves. Il est indispensable d’en identifier les responsables et de les traduire en justice, sinon on risque de ne jamais en finir avec l’impunité dans ce pays. Ce que je dis là est également valable pour les événements du Bas-Congo, fin janvier, et pour ceux de l’Ituri. Le sénateur Bemba est, certes, parti de Kinshasa le 11 avril avec l’autorisation du président du Sénat. Mais la justice congolaise, elle, réclame son dû. Le procureur général de la République a ouvert une enquête et demandé la levée de l’immunité parlementaire de M. Bemba. Laissons donc la justice faire son travail.

Quelle est votre analyse des événements de mars ? Certains, dans votre entourage, assurent que Jean-Pierre Bemba voulait s’emparer du pouvoir par la force – ce que ce dernier dément formellement. D’autres avancent la thèse de la panique : Bemba refusait de désarmer sa garde parce qu’il craignait pour sa sécurité… 

Il y a un peu de tout cela. De l’affolement sans doute, mais aussi une volonté de porter atteinte aux institutions élues de ce pays. Le résultat, vous le connaissez. Vingt-quatre heures de combat à Kinshasa et beaucoup de vies fauchées.

Combien ? Un ambassadeur européen a parlé de deux cents à six cents morts. 

C’est exagéré. Plus d’une centaine, sans doute, dont les militaires et les policiers. Mais une centaine de trop.
Avez-vous reçu l’aide de troupes angolaises ? 
Non, absolument pas.
Pourtant, cela se dit et se publie toujours. 
Vous savez, la rumeur, ici, c’est comme une maladie grave. Elle emporte toujours ceux qui la propagent.

La communauté internationale vous a accusé d’avoir fait à cette occasion un usage disproportionné de la force. Que répondez-vous ? 

Lorsque l’armée libanaise utilise ses chars lourds et ses hélicoptères de combat pour venir à bout de deux à trois cents miliciens islamistes terrés dans un camp de réfugiés, tout le monde trouve cela normal. À Kinshasa, nous avions six cents rebelles en face de nous. Aucun hélicoptère n’est entré en action et très peu de blindés. J’ai privilégié l’usage de l’infanterie sur celui des chars, afin de réduire le nombre des victimes. À cause de cela, nous avons perdu plus de quarante hommes. Soyons sérieux : l’usage de la force a été tout à fait proportionnel à la menace, voire en deçà.
Souhaitez-vous que la procédure ouverte contre le sénateur Bemba aille à son terme ? 

Je crois que c’est le souhait de tout le monde. En tant que garant de la Constitution, je dois faire en sorte que ces événements ne se reproduisent pas. Il est donc nécessaire que la justice fasse son travail.

Quel était, selon vous, l’objectif de Jean-Pierre Bemba ? 

Je vous l’ai dit. La prise du pouvoir.

Et que comptait-il faire de vous dans cette hypothèse ? 

M’éliminer physiquement.

En êtes-vous sûr ? 

Il le disait ouvertement à tout le monde, en plein Kinshasa : « ce sera moi ou lui », « aujourd’hui, on va le tuer ». Quand on regarde bien le plan de progression de ses troupes les 22 et 23 mars, il est clair que son but était de prendre d’assaut ma résidence. Que voulez-vous de plus ?

Vos proches ont ouvertement critiqué le comportement des Casques bleus de la Monuc lors de ces événements. Partagez-vous ces accusations de passivité ? 

J’avoue que je me pose certaines questions. La Monuc n’a pas de rôle proactif, et c’est là tout le problème. Les Casques bleus étaient présents tout autour du QG de Bemba quand les miliciens drogués en sont sortis pour s’attaquer à la police et à l’armée. Ils sont restés l’arme au pied sans intervenir. Il y a de quoi s’interroger.

Une réconciliation est-elle encore possible entre vous et M. Bemba ? 

En tant que chef de l’État, je n’en fais pas une affaire personnelle. Mais il faut que la justice passe.

Et s’il se décidait finalement à accepter les conditions sécuritaires prévues par les accords de novembre 2006 pour les anciens vice-présidents, c’est-à-dire douze gardes du corps et pas un de plus, pourriez-vous passer l’éponge ? 

Il faudra y réfléchir à deux fois. Après ce qui s’est passé, tout est à revoir. Je vous le rappelle : il y a eu des morts, beaucoup de morts. Et le temps de l’impunité est révolu.
De très violents affrontements ont opposé il y a cinq mois votre armée aux membres du mouvement Bundu dia Kongo, dans la province du Bas-Congo, faisant plus de trois cents morts. 

Saura-t-on un jour qui est responsable ? 

J’y compte bien. Une commission d’enquête s’est rendue sur le terrain à la demande du procureur général. Nous attendons également la levée de l’immunité parlementaire d’un député directement impliqué dans ces incidents(1). L’Assemblée nationale vient d’examiner ce dossier. J’attends son rapport, car j’aimerais bien, moi aussi, savoir exactement ce qui s’est passé.

N’y a-t-il pas eu une occasion manquée au lendemain de votre élection ? Pourquoi n’avez-vous pas profité de votre victoire pour tendre la main à Jean-Pierre Bemba et l’inclure dans une formule d’union, une sorte de partage du pouvoir ? 

C’eût été au contraire une erreur historique. Les élections démocratiques de 2006 ont été une vraie révolution, et il était hors de question de donner aux Congolais l’impression que rien n’avait changé. Qu’est-ce qui a plombé ce pays pendant des décennies, si ce n’est précisément cette conception du pouvoir comme un gâteau à partager ? Pour les politiciens de cette époque, l’État et la nation étaient de simples slogans, seul comptait leur intérêt propre : « Je suis ministre ou PDG, j’ignore de quoi demain sera fait, il faut donc que j’accumule tout de suite. » Une culture de la prédation qui a donné les résultats que l’on connaît. Je suis un homme de consensus, je ne suis donc pas, dans le fond, hostile à l’ouverture. Mais à condition que ceux qui entrent au gouvernement ne cherchent pas à le saboter. Et puis, la question se pose-t-elle vraiment ? Je crois me souvenir que Jean-Pierre Bemba s’est prononcé contre un gouvernement d’union nationale et que son parti a adopté la même position à l’égard du Premier ministre Gizenga.

 Aurais-je dû les supplier de nous rejoindre ? Vous me connaissez mal… 

Depuis, l’opposition semble avoir pris la tête du Sénat. Avez-vous été surpris par l’élection de Kengo wa Dondo à la présidence de la Chambre haute du Parlement ? 

En politique, il faut s’attendre à tout. Je suis un démocrate, je l’ai prouvé, j’ai donc accepté ce résultat sans état d’âme.

D’autant plus que Kengo a été élu avec des voix issues de votre propre majorité… 

Oh, vous savez, j’ai moi aussi été élu avec des voix issues de l’opposition !

Derrière Kengo wa Dondo, les anciens mobutistes ont fait un retour en force au Sénat. Mokolo wa Mpombo, Mario Cardoso, Bemba Saolona, Lunda Bululu… Tous y occupent des postes importants. Ce n’est pas évident de devoir cohabiter avec les collaborateurs de celui que votre père a combattu pendant quarante ans… 

Notre combat était dirigé contre un régime et un système, le mobutisme. Aujourd’hui, le mobutisme a disparu. Tous ceux qui ont travaillé avec Mobutu sont désormais des citoyens comme les autres, avec les mêmes devoirs et les mêmes droits, dont celui de faire partie de l’élite politique de ce pays. Ceux dont vous parlez ont été élus. C’est cela aussi la démocratie. Je ne pense pas qu’ils ont pour objectif de restaurer les habitudes et les errements du passé. Si tel était le cas, nous leur barrerions la route.

Pourriez-vous travailler avec Kengo ? 

Quand on est parvenu à travailler – difficilement, j’en conviens – avec quatre vice-présidents, dont deux anciens rebelles, et à organiser les premières élections générales libres dans l’histoire du Congo, je crois que l’on peut travailler avec tout le monde. Moi, en tout cas, je travaille avec tout le monde, sauf avec le diable. Et Kengo n’est pas le diable. 

En septembre prochain, ce sera le dixième anniversaire de la mort de Mobutu au Maroc. Pourquoi ses cendres n’ont-elles toujours pas été rapatriées chez lui, à Gbadolite ? 

Dès 2001, j’ai envoyé à Rabat une délégation s’entretenir de cette question avec la famille du défunt maréchal. Mon souhait était et demeure que la dépouille soit ramenée au Congo pour y être inhumée. Qu’est-ce qui bloque ? Je crois que vous devriez poser la question à son fils, le ministre d’État Nzanga Mobutu. Peut-être y a-t-il des divergences à ce sujet au sein même de la famille. En ce qui me concerne, en tout cas, je ne vois aucun obstacle à ce qu’un ancien chef de l’État soit enterré dans son pays de la façon la plus officielle qui soit.

L’État congolais compte-t-il s’opposer à la récupération par la famille Mobutu de quelque 6 à 7 millions de dollars bloqués dans des banques suisses et qui pourraient être dégelés en 2008 ? 

Six millions seulement ? Je crois me souvenir qu’à une certaine époque, il y en avait beaucoup, beaucoup plus. À un moment, l’État congolais avait entamé des démarches pour recouvrer cet argent. Ces démarches n’ont pas, depuis, été poursuivies, d’où la perspective que vous évoquez. Pour l’instant, je n’ai pas ce dossier en main. Je verrai.

Comptez-vous rouvrir un jour le procès des assassins présumés de votre père, qui ont été jugés et condamnés à de très lourdes peines ? Ou persistez-vous à dire qu’il n’y aura ni pardon ni révision ? 

Le terme d’assassins présumés n’est pas correct puisque, comme vous le dites vous-même, ils ont été jugés et reconnus coupables. Dès lors, je ne vois pas pourquoi nous devrions rouvrir ce procès. C’est clair.

De nombreux Congolais préfèrent toujours vivre en exil… 

Je m’insurge contre ceux qui fuient leur pays en invoquant de prétendus prétextes de sécurité, alors qu’ils le font pour des motifs purement alimentaires. Les anciens dignitaires mobutistes sont pour la plupart revenus en toute liberté. Beaucoup ont recouvré leurs biens en justice ou tentent de le faire.

Quand l’armée congolaise sera-t-elle en mesure d’assurer la sécurité intérieure et extérieure du pays ? 

Chaque jour, cette armée monte un peu plus en puissance. Je me suis donné deux ans pour former des unités combattantes capables de défendre notre intégrité nationale. C’est un processus qui s’achèvera avec l’intégration de toutes les forces armées congolaises présentes sur notre sol. Y compris la Garde républicaine, dont deux bataillons ont déjà été intégrés.

Vous avez critiqué le rôle de la Monuc lors des événements de mars. Ce contingent, fort de 17 000 hommes, doit-il rester et, si oui, jusqu’à quand ? 

La Monuc joue un rôle essentiel. Mais elle doit être beaucoup plus efficace. Quand on voit ce qui se passe à l’est du pays, où sont concentrées 80 % de ses forces, on se pose mille et une questions. Si la Monuc ne devient pas plus active, si elle n’obtient pas de meilleurs résultats sur le terrain, si le Conseil de sécurité ne lui donne pas des instructions en ce sens, sa présence même n’aura plus peu à peu sa raison d’être. Déjà, les populations de l’Est se demandent parfois à quoi elle sert.

Le général Laurent Nkunda et ses sept mille miliciens du Nord-Kivu font-ils, à vos yeux, partie des « forces négatives » à éradiquer, ou espérez-vous encore le ramener au bercail ? 

Écoutez. Le statut de M. Nkunda est clair. Il a été nommé général de brigade par le gouvernement en 2003, avec une affectation précise : le commandement de la 8e région militaire du Nord-Kivu. Lui et d’autres officiers ont refusé de prêter serment et de regagner leurs bases, entrant ainsi en dissidence. En 2004, après avoir rassemblé des centaines de jeunes gens armés, il a fait mouvement vers le Sud-Kivu et s’est emparé par la force de la ville de Bukavu. Et cela au vu et au su de la Monuc et de la communauté internationale, qui voudraient aujourd’hui nous voir négocier avec ce monsieur. Trois jours plus tard, nous avons repris Bukavu. Nkunda et sa bande se sont alors repliés au Nord-Kivu. Un mandat d’arrêt a été délivré contre lui par la justice militaire. Fin 2006, il a de nouveau puisé des effectifs au sein de deux brigades non encore intégrées afin d’attaquer la localité de Goma, objectif que nous l’avons empêché d’atteindre. J’ai néanmoins proposé, au début de cette année, que le processus d’intégration des hommes de Nkunda au sein de l’armée nationale se poursuive, en commençant par l’étape de l’identification. Nous en sommes là. Mais je dois dire que M. Nkunda n’est pas un cas unique. Il y a, au Nord-Kivu, un certain nombre de criminels de guerre recherchés par la justice nationale et internationale, qui ont fait de cette région leur bastion.

Il y a aussi, dans l’Est, quelques milliers d’irrédentistes hutus rwandais opposés au régime de Kigali, ex-génocidaires et Interahamwes de la première, voire de la seconde génération… 
Six mille hommes à peu près, soit cinq fois moins qu’il y a dix ans. Pour eux, il y a deux options : soit ils déposent les armes et rentrent chez eux au Rwanda, soit nous les désarmons de force et nous les expulsons. 

Pensez-vous que Laurent Nkunda bénéficie du soutien du Rwanda ? 

J’espère bien que non. Mais, dans la région des Grands Lacs, tout est possible…

Pourquoi n’y a-t-il toujours pas eu d’échange d’ambassadeurs entre Kinshasa et Kigali ? 

La réouverture des ambassades, c’est l’étape ultime. Si cela intervient dans six mois, un an ou cinq ans, je veux que ce soit sur des bases solides et sans aucune suspicion réciproque. Auparavant, nous devons régler une fois pour toutes ce casse-tête des groupes armés entretenus par l’un ou l’autre pays contre son voisin. Vous avez évoqué le cas Nkunda, mais il y a d’autres groupes, jusqu’en Ituri.

Avec l’Angola, un différend frontalier vous oppose à propos d’une demi-douzaine de villages de la région de Kahemba, dans le Bandundu. Ne craignez-vous pas que cela dégénère en conflit ouvert ? 

Absolument pas. Nous avons de très bonnes relations avec les autorités de Luanda. Cette affaire est simple : dans cette zone comme tout le long de notre frontière avec l’Angola et la Zambie, il existe des endroits mal délimités, d’autant que nous avons de part et d’autre des populations à la fois identiques et mouvantes. D’où des contradictions. En l’occurrence, il s’agit de villages congolais à la population mixte. Des commissions conjointes ont travaillé, des enquêtes ont eu lieu. Il faut maintenant avoir recours à une technologie moderne afin de fixer une fois pour toutes le tracé commun tout le long de la frontière – soit 2 500 kilomètres.

Vous vous êtes rendu début juin au Congo-Brazza. À l’issue de cette visite officielle, vous avez eu une petite phrase qui prête à interprétation : « J’ai passé la nuit à Brazzaville et je suis toujours vivant. » C’était de l’humour ? 

À votre avis ? Bien sûr. Je faisais référence à la rumeur, toujours la rumeur, selon laquelle les autorités de Brazzaville seraient nos ennemies jurées, alors que mes rapports avec le président Sassou Nguesso sont excellents. Il faut parfois savoir sourire de la rumeur.

Regrettez-vous Jacques Chirac ? 

C’est un homme bien. Il a, je crois, puisqu’il me l’a dit, une affection particulière pour l’Afrique et aussi pour moi. Un monsieur bien, donc…

Vous avez encore un problème, disons de visibilité, à l’égard des Congolais. Ils se plaignent de ne pas vous voir, de ne pas vous entendre. Seriez-vous fâché avec la communication ? 

Et, pourtant, le président est là ! Et il travaille, sans repos ni vacances. Cela fait plus de dix ans que je mène cette vie quasi monacale, sans compter les années au maquis. J’ai beau être encore jeune, il arrive que le corps se fatigue. Devrais-je communiquer sur cela ? Je vais bientôt commencer de longues tournées à l’intérieur du pays, comme je l’avais promis. Là, vous me verrez, vous m’entendrez. Mais si c’est du culte de la personnalité que vous recherchez, vous risquez d’attendre longtemps.

Avez-vous changé ? 

Oui, et mon pays aussi. Lorsque je regarde en arrière, je me dis que j’ai acquis, en termes d’expérience et de sagesse, ces six dernières années, ce que d’autres accumulent pendant toute une vie. Quant au Congo, il est de retour dans la cour des grands de ce continent. On ne tardera pas à s’en apercevoir.

La Constitution vous donne droit à deux mandats de cinq ans. Vous devrez donc, si vous êtes réélu, quitter le pouvoir au plus tard en 2016, à l’âge de 45 ans. Ne serez-vous pas tenté de faire modifier cette disposition pour demeurer aux affaires ?
 
La Constitution, c’est sacré…  Cool 

Certains de vos pairs l’ont dit. Avant de changer d’avis.
Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter.

Doit-on vraiment vous croire ?

Je vous donne ma parole d’officier. Que voulez-vous de plus ? (...)



http://www.jeuneafrique.com/Article/LIN24067kabilelbatr0/Actualite-Afriquekabila-cartes-sur-table..html

Constitution : «Joseph Kabila» doit fixer l’opinion


Le Mouvement social pour le renouveau (MSR), deuxième force politique de la Majorité présidentielle (MP), s’est prononcé mardi 12 août dans le débat actuel sur la révision de la constitution. Selon ce parti, l’idée de réviser les «dispositions intangibles de la constitution» n’a jamais été débattue au sein de cette plate-forme politique. Les positions publiques de certains partis et personnalités de la Majorité sur cette question restent personnelles et n’engagent pas la plate-forme, précise-t-on au MSR où l’on demande «un débat interne franc et responsable».(...)"







Les « anti » révision constitutionnelle ont pris acte de la mise au point du Bureau Politique du MSR soulignant que la Majorité Présidentielle ne s’est pas encore prononcée à cet effet. Ce parti politique exige la tenue d’un débat interne, sans passion, autour de la question.
Ce qui intrigue, dans l’attitude des affiliés de Pierre Lumbi, c’est l’affirmation selon laquelle tous les cadres de la famille politique du Chef de l’Etat qui se sont exprimés jusque-là au sujet de la révision constitutionnelle l‘auraient fait à titre individuel.
 

Constitution : «Joseph Kabila» doit fixer l’opinion
Pierre Lumbi Okongo, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de Sécurité et "autorité morale" du "MSR"

Au lieu de promouvoir «le calme» et «la sérénité», le communiqué de la direction du MSR (Mouvement social pour le renouveau), daté du 13 août 2014, exacerbe la confusion politique. Une confusion entretenue depuis le mois de juin 2013 d’une part par le silence de "Joseph Kabila" et de l’autre par l’activisme du parti politique dominant, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie). Au commencement était le très controversé ouvrage «De l’inanition de l’Etat à la révision de la Constitution». L’auteur n’est autre que le nommé Evariste Boshab, secrétaire général en exercice du PPRD. Il y a eu ensuite Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de la «majorité présidentielle». Il y a enfin le ministre de l’Intérieur Richard Muyej. Depuis une année, les pontes de la «majorité présidentielle» ont commencé par clamer leur attachement au «respect de la Constitution» avant de changer de fusil d’épaule. Désormais, ils affirment leur volonté de «conserver le pouvoir». Les articles 70 et 220 de la Constitution font obstacle à cette ambition ? «Nous allons contourner cet obstacle par référendum», rétorquent-ils. Pour la première fois, un allié du PPRD ose afficher son «désaccord» apparemment avec l’onction de «Joseph Kabila». Au risque de paralyser l’appareil d’Etat par un suspens pour le moins médiocre, le numéro un Congolais doit fixer l’opinion sur sa position. Le plutôt serait le mieux.
Le contexte dans lequel intervient la prise de position du «MSR» est tout particulier. A savoir : sept jours après le sommet USA/Afrique à Washington. «C’était une réunion strictement économique», épiloguent certains «kabilistes» purs et durs. «La question relative à la révision de la Constitution n’a même pas été évoquée», ajoutent-ils. Erreur. 

« Joseph Kabila » sous pression de l’Occident

Des sources dans la capitale américaine confirment pourtant que le secrétaire d’Etat américain John Kerry a réitéré à «Joseph Kabila» le message qu’il lui avait transmis le 4 mai dernier à Kinshasa. Un message qui s’articule en cinq mots : le respect de la Constitution. «Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois », énonce le premier alinéa de l’article 70 de la Constitution congolaise. En clair, le successeur de Mzee dont le second et dernier mandat expire le 19 décembre 2016, n’est plus qualifié pour se représenter. Sous d’autres cieux, il n’y aurait pas débat.
Les mêmes sources assurent que «Joseph» n’a jamais subi autant de pression de la part des «Occidentaux». «Les Américains semblent avoir mis une croix sur Joseph Kabila», confie un activiste de la société civile de retour des Etats-Unis. Le passage à tabac d’un manifestant Américano-Congolais par des membres de la garde rapprochée du «raïs» est loin d’arranger les choses. Ignorant la gravité des faits, le journaliste pro-kabiliste Jean-Marie Kassamba a confié à l’édition en ligne de "Jeune Afrique" qu’il s’agissait d’une "légitime défense". Les témoins sont formels : il n’y a pas eu d’agression de la part des protestataires. La victime a déposé plainte. L’information judiciaire suit son cours. 

"Désaveu par procuration" 

Dans son communiqué, le «MSR» donne l’impression d’avoir reçu un «mandat spécial» pour «recadrer» les plus zélés des "kabilistes". Objectif : mettre fin à la polémique ambiante sur la révision de la Constitution. «(…), le président de la République lui-même n’a jamais levé une quelconque option relative à cette matière, peut-on lire. En plus, il n’a donné mandat à personne de le faire à sa place». Le texte de souligner par ailleurs que «la majorité présidentielle (…), n’a jamais, jusqu’ici, débattu de la question, ni levé l’option d’une quelconque révision des dispositions intangibles de la Constitution». 

Formation politique dont l’«autorité morale» n’est autre que Pierre Lumbi Okongo, le conseiller spécial de "Joseph Kabila" en matière de sécurité», le «MSR» désavoue par procuration, en termes à peine voilés, Evariste Boshab, Aubin Minaku et Richard Muyej. Et pourquoi pas Lambert Mende Omalanga qui se présente en «dernier des Mohicans» du kabilisme? « (…), l’opinion ne doit pas perdre de vue que ces prises de position restent personnelles et n’engagent pas la majorité présidentielle». Etrangement, le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement est aphone depuis la "sortie médiatique" du MSR. Inhabituel!

Le parti de Lumbi Okongo est plutôt mal inspiré lorsqu’il allègue que «le président de la République lui-même n’a jamais levé une quelconque option relative à cette matière (…)». Cette volonté d’absoudre le "raïs" ne résiste pas à l’analyse. La «tentative» est plus que jamais consommée. 
Clôturant les travaux des «concertations nationales», le 23 octobre 2013, «Joseph Kabila» avait «invité» en toute connaissance de cause les deux chambres du Parlement ainsi que le gouvernement «à mener une réflexion prospective sur le mode de scrutin proportionnel». «Il y a lieu également, précisait-il, d’entrevoir les modalités pratiques d’organiser les élections provinciales au suffrage universel indirect, afin de minimiser le coût des opérations électorales». Sous prétexte de faire des économies, il fallait donc modifier au moins l’article 197 de la Constitution lequel est «verrouillé» par l’article 220. 

Faut-il rappeler la «réunion secrète» qui avait rassemblé les cadres de la majorité présidentielle, sous la présidence de « Joseph Kabila », le jeudi 20 mars dernier à Kingakati? Certains participants assurent qu’il a été question notamment de : la consultation référendaire pour la révision constitutionnelle; l’instauration d’un régime présidentiel ; l’élection du président de la République et des députés provinciaux au suffrage indirect en 2015 et non en 2016 et de la révision à la hausse de la durée du mandat présidentiel portée à 7 ans. 
«Certains d’entre vous m’ont enterré un peu trop tôt, aurait déclaré «Joseph Kabila» devant une assistance interdite. Nous ne sommes pas encore à l’après-Joseph Kabila. Il faut compter avec lui dans les échéances politiques à venir». De l’avis général, le «raïs» tançait implicitement un confrère kinois qui avait présenté le «Premier» Augustin Matata en «dauphin».

"Sauve-qui-peut"
Depuis le lancement du «débat» sur la révision de la Constitution, le premier cercle du pouvoir kabiliste est divisé en deux camps. D’un côté, les «jusqu’au-boutistes». De l’autre, les «légalistes». Le premier groupe serait «piloté» par le chef d’état-major général de l’armée congolaise, le générale Didier Etumba. Celui-ci aurait promis à «Joseph Kabila» le «soutien des Forces armées» en cas de bras de fer avec le monde occidental. Le second groupe aurait pour chef de file…Pierre Lumbi Okongo. «Lumbi a été boudé un moment par Joseph Kabila pour lui avoir conseillé de respecter la Constitution». Dans le «camp Lumbi», on trouverait des personnalités telles que Baudouin Banza Mukalay. Parti en exil après la chute de Mobutu Sese Seko, l’actuel ministre des Sports aurait mis en garde les «faucons». «Vous serez les premiers à fuir…», aurait-il déclaré au cours d’une réunion de la "majorité présidentielle". Il semble que ces "sages propos" auraient été très mal pris à "Kingakati". Devrait-on parler de victoire des «colombes» sur les «faucons »? Difficile à dire. Et pour cause?

Le parti du conseiller spécial Lumbi Okongo - deuxième formation politique après le PPRD en nombre de parlementaires - n’est pas à son premier coup d’éclat. En août 2013, cette formation politique avait annoncé la suspension de sa participation aux activités du bureau politique de la majorité présidentielle. C’était à la suite de la condamnation du député national MSR Muhindo Nzangi Butondo. Celui-ci était poursuivi injustement du chef d’«offense au chef de l’Etat». Le 13 août, la Cour suprême de justice le condamnait à 3 ans de prison ferme pour «atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Le lendemain, le MSR décidait de suspendre «jusqu’à nouvel ordre» sa participation au sein de la majorité présidentielle. L’annonce a été faite par son porte-parole, Laurent-Simon Ikenge. Le 19 août, coup de théâtre. Le MSR se rétractait en rapportant sa décision. Muhindo Nzangi, lui, a passé une année à Makala avant d’être relaxé dans le cadre de la loi d’amnistie. La prudence doit donc être de rigueur.Il reste que le communiqué publié par le Mouvement social du renouveau SR autant que le ton de maître d’école qui est usité inclinent à penser qu’il s’agit d’une "opération" commanditée par "Joseph Kabila". En personne. Celui-ci a manifestement confié cette démarche à son proche collaborateur le moins chahuté par l’opinion.

En prenant l’initiative d’inviter «l’ensemble des forces politiques et sociales du pays au calme et à la sérénité», le MSR aggrave, par contre, l’imbroglio politique. De même, il ne laisse à «Joseph Kabila» qu’une alternative : "virer" Pierre Lumbi Okongo pour rassurer la bande à Boshab et Minaku ou sortir de son mutisme pour fixer l’opinion. «Dans le cas contraire, commente un analyste kinois, il n’est pas exclu, dans les semaines et mois à venir, que l’on assiste à un sauve-qui-peut général dans la majorité présidentielle faute…». "Joseph Kabila" doit s’exprimer!"

 http://www.congoindependant.com/article.php?articleid=9190

La RD Congo, victime d’un complot international ?


La RD Congo, victime d’un complot international ?