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SACREBOPOL

dimanche 21 septembre 2014

Congo : retour vers le chaos ?




Congo : retour vers le chaos ?

"Joseph Kabila"


La République démocratique du Congo, l’ex Zaïre, ne vit une relative stabilité que depuis dix ans. Ce pays, très riche, a été le théâtre de guerres civiles pendant des décennies. L’insurrection menée par Kabila père, a fini par prendre le pouvoir, son fils lui a succédé après son assassinat. Il a réussi, sous la pression internationale, à pacifier le pays grâce à une lueur d’espoir démocratique, sanctionnée par une constitution, adoptée à une bonne majorité.

Cette constitution prévoit qu’un président ne peut exercer que deux mandats de cinq ans. Kabila ne peut donc pas se présenter en 2016.

Il n’est pas de cet avis, il veut changer la constitution pour que le président ne soit plus élu par le suffrage universel et que le nombre de mandats ne soit plus limité.

Les anciens opposants qui l’avaient rallié dans le cadre de la réconciliation ont officiellement déclaré qu’ils étaient contre et réclament une alternance démocratique. Même dans son propre camp, des voix s’élèvent pour dénoncer le coup de force. Au Katanga, ses ministres sont hués, car les projets de développement sont tous à l’arrêt, la gestion du pays ne s’est pas amélioré, malgré la relative stabilité.

Kabila fait marche arrière par rapport aux avancées qui ont permis la stabilité. Il a monté une armée parallèle de Rwandophones, sorte de milice pour garder le pouvoir de force, son entourage recourt désormais à un discours raciste pour attaquer les opposants. Certaines ethnies, sont carrément déchues de leur appartenance au Congo. Cette violence verbale est accompagnée d’atteintes graves aux droits de l’homme : arrestations en masse, tortures, procès, disparitions.

Ce à quoi nous assistons, la dérive vers la dictature de Kabila ne peut avoir qu’une conséquence : la relance de la guerre civile. Il ne faut pas oublier que la guérilla du Kivu n’a rendu les armes que depuis quelques mois.

L’Occident, laisse faire pour l’instant. C’est une erreur tragique, parce qu’encore une fois, il soutient un dictateur contre les aspirations de son peuple au nom de la stabilité.

Dans le cas du Congo, c’est plutôt le contraire, c’est Kabila et son clan qui menacent la stabilité.

La pression internationale a été décisive pour permettre au Congo d’entamer une transition démocratique, le doter d’une constitution assurant des libertés publiques, ce qui a permis d’intégrer la majorité des opposants au jeu politique. Aujourd’hui au lieu d’affermir cette transition, Kabila veut la saborder. Il est du devoir de la communauté internationale d’utiliser toutes les pressions possibles pour l’en empêcher.

Il y a trois raisons à cela :

-Les valeurs, l’Occident ne peut pas prétendre porter l’étendard de la démocratie et soutenir ceux qui lui tordent le cou, par calcul.

-Une nouvelle période d’instabilité au Congo ne peut qu’influer négativement sur l’Afrique de l’Ouest déjà en proie à des troubles majeurs.

-Enfin, c’es une question de crédibilité, les occidentaux ont parrainé la réconciliation congolaise. Ils ne peuvent pas soutenir Kabila, quand il l’avorte, au risque de perdre toute influence dans d’autres zones de conflit.


In Médiapart 13.09.2014, Pierre Bonsergent : Journaliste et Universitaire-Chercheur 
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