Le M23 se retire de la ligne de front de Kanyaruchinya
Par RFI
Information exclusive RFI: le M23
compte se retirer de la ligne de front. C'est en tout cas ce qu'affirme leur
chef, Bertrand Bisimwa, au micro de RFI. Cette nouvelle intervient dans un
contexte diplomatique tendu : les Forces armées de la République démocratique du
Congo (FARDC) sont accusées par le Rwanda de tirer sur son territoire. Jeudi 29
août, une femme a été tuée et son bébé blessé lors de la chute d'un obus à
Gisenyi, ville frontalière de Goma. Côté congolais, les affrontements
continuaient hier entre l'armée, appuyée par l'ONU, et les rebelles du
M23.
Bertrand Bisimwa, chef du M23 : Nous venons de
décider d’ordonner à nos forces de se retirer de la ligne de front de
Kanyaruchinya pour permettre l’arrêt des combats et faire en sorte qu’il y ait
une enquête qui soit menée pour établir les responsabilités dans les tirs qui
ont été effectués sur le territoire rwandais et sur la ville de Goma. Nous
exigeons du gouvernement congolais qu'il retourne à la table des négociations
dans les plus brefs délais de manière à permettre une solution négociée à la
crise.
RFI : Cela veut dire que vous allez retirer vos troupes,
jusqu’à quel niveau exactement ?
Nous les retirons seulement de la
ligne de front de Kanyaruchinya, mais nous continuons à garder toutes les
positions que nous avions derrière ces positions de Kanyaruchinya. C’est la
déclaration des chefs d’Etat de la Conférence internationale sur la région des
Grands Lacs qui avait été signée le 24 novembre 2012, qui nous demandait de nous
retrouver à 20 kilomètres de la ville de Goma, et qui exigeait du gouvernement
la démilitarisation de Goma et le déploiement à l’aéroport d’une compagnie du
M23.
RFI: Les Nations unies ont indiqué que les derniers tirs ayant
touché le Rwanda sont le fait du M23. Comment réagissez-vous ?
Il
est impossible d’envisager que ces tirs soient l’œuvre de nos canons d’autant
plus que les cibles atteintes sont situées loin derrière nos lignes et que la
menace provient du sens contraire. Deuxième chose, les positions géographiques
de nos canons ne peuvent pas permettre d’atteindre les cibles qui ont été
touchées sur le territoire rwandais.
Troisièmement, nous pensons par contre
que les canons à longue portée dont disposent les forces adverses - c’est-à-dire
les FARDC, les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) et les
troupes de la Monusco - que sont les tanks 55, les canons 122 mm, les canons 37
mm, les canons 107 mm, les lance-roquettes à canons multiples et les mortiers
120 qui sont positionnés dans les localités de Muja, Mugounga, Kibwe, Muningi
[dans les environs de Goma, ndlr] peuvent facilement atteindre les cibles
indiquées. Ces canons sont pointés en direction de ces cibles.
Pour Kinshasa, Kigali doit « encourager à la démobilisation » du M23
Ce vendredi midi, Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, a réagit. Pour le gouvernement, l'attitude du M23 n'est pas acceptable.
|
« Toujours
aux ordres de ses maîtres à penser rwandais, le Sir Bisimwa, qui dirige
par procuration le M23, aurait annoncé il y a quelques heures un repli des
éléments de cette milice pour un redéploiement sur un autre site, toujours en
territoire congolais. Cela n’est pas acceptable pour le gouvernement
congolais », a déclaré Lambert Mende.
Les autorités congolaises demandent
que « cette force négative et criminelle » disparaisse comme groupe armé
et que ses membres exposent leurs revendications légitimes par des voies
licites.
Kinshasa appelle le Rwanda à « faire œuvre utile en encourageant
le désarmement et la démobilisation du M23 » plutôt que de défendre une
milice que les autorités rwandaises « ont créé de toutes pièces » en
RDC.
S'agit-il d'une
décision spontanée du M23, ou est-ce le résultat de pressions diplomatiques ?
L'annonce du retrait du M23 intervient en tout cas dans un climat tendu. Ce
dernier a semblé affaibli lors des derniers combats.
Jeudi, au cours d'une
réunion en urgence du Conseil de sécurité, Edmont Mulet, le chargé des missions
de maintien de la paix a de nouveau accusé le Rwanda de soutenir les rebelles.
Il a même évoqué des infiltrations de soldats rwandais en RDC, ces derniers
jours. Il assure également que le M23, avec l'appui de Kigali, serait à
l'origine des tirs d'obus en direction du territoire rwandais. Hier encore, au
moins deux obus ont explosé à Gisenyi, une ville rwandaise frontalière de
Goma.
Une analyse qui n'est pas, bien sûr, celle des autorités rwandaises.
Elles accusent l'armée gouvernementale congolaise de se livrer à des
provocations et se disent prêtes à défendre leur territoire. La thèse de l’ONU
est que le Rwanda cherche un prétexte pour intervenir en RDC. Le M23, quant à
lui, exige une enquête indépendante, mais affirme que la Monusco en tant que
partie prenante à ce conflit, ne peut pas mener ces
investigations.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire