- La violence structurelle et ses pièges
Si nous ne faisons pas attention, la violence structurelle va nous prendre davantage dans ses pièges. Ses commanditaires pourraient revenir à la charge avec une autre « guerre humanitaire et balkanisatrice ». Elle a déjà pris les contours d’un discours fustigeant « les vampires exportateurs de la violence » !
Pour exploser, la violence structurelle a besoin de trouver des boucs émissaires. Elle est le moyen dont se sert le système capitaliste (aux abois) pour accéder aux matières premières stratégiques et néocoloniser les peuples épris de paix, de justice et de liberté. Ce système est transnational ; il fonctionne de manière à répondre aux intérêts des oligarchies d’argent pour lesquelles « les petites mains » travaillent à tous les niveaux de l’organisation du pouvoir économique et politique ; au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest. Son recours à la violence structurelle se fait souvent au nom de la démocratie et des droits de l’homme aux dépens du droit humanitaire international et/ou avec la complicité de celui-ci. Ce recours réussit souvent là où les populations sont privées d’éducation, de formation et d’informations ; là où les élites compradores disposent à leur guise de tous les moyens d’Etat dont ils usent et abusent.
La violence structurelle s’enracine là où l’amnésie et le mensonge et le double discours sont entretenus. Elle profite des rivalités exacerbées entre les partis politiques pour s’imposer. Son arme préférée est la criminalisation des résistants à son explosion.
Prenons l’exemple de notre pays. Du moment que nous oublions que la forme douce de la guerre de prédation que nous subissons depuis 1996 est entretenue actuellement par certains escadrons de la mort au service du réseau d’élite qui la mène, le jugement que nous portons sur certains épiphénomènes en prend le coup. Dans un article intitulé « Le cdt Pablo en fuite accuse le Lt Col Kakolele d’assassin », Obède Bahati décrit, à partir du témoignage de « Pablo », le modus operandi de ces escadrons de la mort. Ce sont des Congolais coopérant avec des Rwandais pour enlever, tuer et/ou faire disparaître les Congolais. Le comble est que ces escadrons de la mort coopèrent avec « Joseph Kabila », candidat à la présidentielle de novembre 2011.
Pour preuve, Bahati a ajouté à son article une photo du Lt Col Kakolele en écharpe du PPRD en train de battre campagne pour son « autorité morale ». Bahati ajoute : « Les nouvelles de Butembo rapportent aussi que deux anciens Mai-Mai, en l’occurrence Vita Kitambala et SAPERITA sont arrivés de Kinshasa battre campagne pour Joseph Kabila qui vient de les élever tous deux au grade de Colonel. Ils sont logés à l’Hôtel Butembo aux frais de la princesse. Le Ministre des Affaires Humanitaires Ferdinand Kambere les a même utilisés comme figurants de son podium de campagne pour Joseph Kabila.
A l’Hôtel Butembo, les clients côtoient ainsi 4 traitres Nande, en l’occurrence Kakolele, Jonas, Vita Kitambala, et Saperita. La neutralisation des Mai-Mai restés fidèles à la cause de l’intégrité territoriale de la RDC seraient l’objectif de la mission de Vita Kitambala et de SAPERITA. Jonas et Kakolele poursuivent à Butembo et ses environs ce qu’ils ont fait à Beni depuis juin 2011, notamment la traque des résistants contre l’occupation rwandaise, la traque des opposants anti-Joseph Kabila, etc. » Et ce matin (le 17 novembre 2011), voici le message que nous avons reçu de Bukavu pour une large diffusion ; il est intitulé « Cri d’au secours » :
« Après avoir réalisé qu’il est impossible de gagner les élections, Kabila vient d’opter pour l’intimidation et la moquerie. Il vient de ramener Mutebusi à Bukavu. Je pensais que c’était faux mais, j’ai vérifié et j’ai remarqué qu’il était en train de réfectionner la même maison qu’il occupait lors de sa guerre de 2004. Je vous prie de bien vouloir dénoncer ce crime qu’on veut répéter à Bukavu. Kabila vient d’éparpiller les Rwandais dans tous les villages de l’Est. Cers derniers sont en train de donner une mise en garde à la population en demandant aux gens d’élire Kabila si elle ne veut pas être exterminée. » Cette mission confiée aux Rwandais éparpillés par « Joseph Kabila » est déjà, en partie, assumée par Kakolele, ses gardes du corps et ces autres Maï Maï revenus de Kinshasa, moyennant les sous. (Ici, il est important de souligner le courage des journalistes de Benilubero. Ils ne passent pas par quatre chemins pour donner les noms des escadrons de la mort Congolais.)
L’Est étant devenu une zone de non-droit par excellence, « Joseph Kabila » compte sur cette partie de notre pays pour se maintenir au pouvoir et poursuivre le service qu’il rend aux intérêts de ses parrains et « amis ». A Kinshasa, quand les gouvernants parlent de l’Est, ils soutiennent que la sécurité y est assurée en dehors de quelques poches d’insécurité. Ils ne disent pas qui perpétue cette insécurité et comment elle fait partie de leur mode de gouvernement ; c’est-à-dire de la violence structurelle sur laquelle repose leur pouvoir.
Les réactions violentes à cette violence originaire- condamnables dans une certaine mesure- peuvent conduire à des erreurs d’appréciation. Pour avoir transformé une grande partie de notre pays en zone de non-droit, les gouvernants actuels sont, de près ou de loin, responsables de ces réactions qu’ils décrient. Quand ils les décrient en face des Ambassadeurs et sur les chaînes des télévisions nationales et internationales, ils tentent de criminaliser les résistants à leur violence originaire.
Coopérer avec Kagame, Nkunda, Mutebusi, Ntaganda, etc. au nom de « la paix des cimetières » et s’en prendre à ceux et celles des compatriotes qui en appellent à chasser la peur pour résister à ces « seigneurs de la guerre », c’est prendre les gens pour des imbéciles.
Les erreurs d’appréciation sont les pires des pièges dans lesquelles la violence structurelle prend les naïfs et les amnésiques. Elles se résument entre autres en la condamnation sans appel des Patriotes-Résistants, à l’entretien de la guerre médiatique à leur endroit, à leur diabolisation, etc. Quand une bonne partie de la population victime de cette violence structurelle tombe dans ces pièges, elle ouvre grandement les portes aux interventions des « humanitaristes balkanisteurs » de notre pays. Nous risquons de ne pas échapper à l’explosion prochaine de la violence structurelle se transformant en une guerre contre « les anti-patrie », « les vampires exportateurs de la violence », etc.
De toutes les façons, dans un non-Etat comme le Congo, le manque de justice et de droit expose nos populations, à tout moment, à l’explosion de la violence structurelle. Les choses se passeraient autrement si, à quelques jours des élections (probables du 28 novembres), ceux qui usent et abusent des moyens de l’Etat pouvaient être mis hors d’état d’agir. Hélas…
J.-P. Mbelu
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