La campagne présidentielle qui ressemble à une fête idéologique s’est mal terminée à Kinshsa par un bras de fer entre le pouvoir et l’opposition sur fond de provocation, d’intimidation et de mort.
Après avoir attéri à l’aéroport de Ndolo, son déplacement vers celui de Ndjili n’a pas été du goût pour le pouvoir central qui voyait en sa démarche une forte démonstration de popularité dans la capitale. Comme tous les moyens sont bons, il fallait créer un incident pour arrêter toute manifestation populaire.
Effectivement la stratégie d’Étienne Tshisekedi a été étouffée sans voir sa plus grande capacité à rassembler dans cette grande capitale. Interception de cortège, blocus et empêchement, la police a réussi à faire triompher la carte de sa mission.
Loin d’être une séquestration, son retour vers Ndjili avec sa délégation a été de bonne guerre pour le maintenir jusque tard dans la nuit à 23h avant qu’il ne soit libéré après moults négociations entre les différentes parties de l’opposition, de la police et intervenants de la Minusco(la mission de l’Onu au Congo).
Le compromis de la levée des barrages qui maintenait in situ - sur le lieu - le cortège de Tshisekedi n’avait même pas encore connu sa phase d’exécution qu’il venait d’être brutalement et sauvagement libéré en faisant partir de force la vingtaine de voitures du convoi de M. Tshisekedi, en poussant les gens à coups de matraques à l’intérieur de leurs véhicules.
Dans cette épreuve d’exhibition de la force, le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Jacquemin Shabani a été embarqué sans le moindre respect de sa personne. Pendant ce temps dans ce cafouillage d’ordre de départ sept ou huit policiers tentaient d’extirper de force le chauffeur du 4×4 d’Etienne Tshisekedi, assis de manière imperturbable dans le confort de son siège.
Selon le journaliste de l’AFP, une dizaine de personnes ont été embarquées par la police.
Finalement, le convoi a quitté ce lieu du calvaire vers 23H50, heures locales, en direction de la capitale dans la nuit noire d’un boulevard désert et endormi, fatigué par les évènements.
Fâché, le sphinx de Limete, Etienne Tshisekedi a adressé violemment des propos durs contre la Minusco d’être complice du pouvoir.
« Je suis agressé par la police (du président) Kabila, la police ne veut pas que je rentre chez moi. La Minusco (mission de l’ONU en RD Congo) propose comme solution que je sois escorté et juge légal ce que (Joseph) Kabila fait, avait-il déclaré à quelques journalistes en refusant d’être escorté comme un prisonnier ».
Étienne Tshisekedi vient de vivre à 78 ans un samedi de cauchemar dans sa chère capitale par un pouvoir qui n’est pas prêt à jouer un franc jeu démocratique et qui a peur de perdre les élections législatives et présidentielles.
Bernard NKOUNKOU
Congo: fin de campagne surréaliste à Kinshasa
À l'aéroport international Ndjili, d'autres militants de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) attendent par milliers Tshisekedi, 78 ans, étroitement surveillés par la police.
PHOTO: AFP
Emmanuel Peuchot et Jacques Lhuillery Agence France-Presse Kinshasa |
À Kinshasa, l'opposition est sonnée. Préméditée ou pas, l'interdiction samedi de tout meeting pour la présidentielle de lundi en RD Congo a privé Étienne Tshisekedi, bloqué huit heures à l'aéroport par la police, d'une démonstration de force face à Joseph Kabila.
Une démonstration de force qui, au fil des heures, a tourné à l'épreuve de force tout court. Récit d'une journée surréaliste, de chassés-croisés entre les aéroports, de «guerre des stades», de face à face tendus, marquée par la mort d'au moins une personne.
Initialement le programme était simple: après une longue tournée en province, Kabila et Tshisekedi devaient haranguer une dernière fois leurs militants à Kinshasa, une ville plus acquise à l'opposition qu'au parti de Kabila, le PPRD.
Pour cette «apothéose», chaque camp avait annoncé un lieu et une heure, pour mobiliser au maximum. Premier accroc: le président et son principal concurrent, tous deux encore en province, choisissent... le même stade, celui des Martyrs, le plus grand de la ville avec ses 80 000 places.
Tshisekedi se rabat vite sur un autre endroit: le Boulevard Triomphal et la place du Cinquantenaire, tout près du stade. Trop près.
L'ambiance devient électrique. Tandis que les pro-Kabila arrivent sans problème au stade, la police disperse les pro-Tshisekedi au gaz lacrymogène.
À l'aéroport international Ndjili, d'autres militants de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) attendent par milliers Tshisekedi, 78 ans.
L'attente se prolonge sous un soleil lourd.
L'arrivée du gouverneur de Kinshasa, un pro-Kabila, André Kimbuta, déclenche les premiers jets de pierres. Celle d'un détachement armé de la police militaire ne fait que redoubler la colère des pro-Tshisekedi qui sont repoussés avec des grenades lacrymogènes.
Le convoi, vide, du président débarque à son tour à l'aéroport, où le premier ministre et le chef du parti au pouvoir poireautent au salon d'honneur. Il se prend aussi quelques pierres. Kabila atterrira finalement mais ailleurs.
Pendant ce temps, Tshisekedi est toujours bloqué sur un aéroport de province. Pas le droit de se poser à l'aéroport international.
Et coup de théâtre: les autorités interdisent tous les meetings, après la mort d'un homme, tué par une pierre en pleine tête.
«Au nom de la sécurité publique», justifie André Kimbuta, qui accuse les pro-Tshisekedi d'être armés.
Tshisekedi ne le sait même pas lorsqu'il atterrit enfin... dans un autre aéroport, Ndolo, plus proche de Kinshasa.
«Ah bon? Eh bien je vais quand même faire mon grand meeting», dit-il à l'AFP avant de rejoindre en voiture ses partisans à l'aéroport international.
«Qu'est-ce qu'il représente ce gouverneur-là? Vous allez voir s'il va oser venir au stade m'empêcher de tenir mon meeting», tonne Tshisekedi.
À l'aéroport Ndjili, Tshisekedi avec son éternelle casquette s'engouffre dans un 4x4. Direction Kinshasa, debout par le toit ouvrant, façon command-car. Dehors, les grenades lacrymogènes pleuvent sur ses partisans. Il ne fera que quelques centaines de mètres sur la bretelle qui conduit à la route principale: son Hummer rouge est bloqué par 4 pick-ups et un camion blindé de la police. Le chef suprême de la police, le général Charles Bisengimana, est sur place avec 300 de ses hommes.
La nuit tombe, le face à face s'enlise. Tshisekedi s'est rassis dans son 4x4. La police lui donne le choix: il peut repartir... avec un policier au volant, ou dans une voiture de police, sinon il est bloqué jusqu'à minuit. Réponse: «je ferai mon meeting après minuit». Après la fin officielle de la campagne.
Finalement la police intervient violemment peu avant minuit (18h heure du Québec) contre le convoi de Tshisekedi, dont le secrétaire général est embarqué sans ménagement par les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP.
Pour faire partir de force la vingtaine de voitures, les policiers poussent les gens à coups de matraques dans leurs véhicules.
Le convoi s'est finalement ébranlé vers 23h50 locales en direction de la capitale et selon l'UDPS, Tshisekedi est rentré chez lui, escorté par la police.
Peu de temps auparavant, Tshisekedi avait accusé la mission de l'ONU au Congo (Minusco), d'être «complice du pouvoir», en refusant d'être escorté «comme un prisonnier».
RD Congo: la police intervient violemment contre le cortège de Tshisekedi
KINSHASA - La police congolaise est intervenue violemment tard samedi soir contre le convoi du dirigeant d'opposition Etienne Tshisekedi, le candidat à la présidentielle de l'UDPS, dont le secrétaire général a été embarqué sans ménagement par les forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP à l'aéroport de Kinshasa.
Alors qu'il voulait quitter dans l'après-midi l'aéroport international Ndjili pour aller tenir un meeting interdit à Kinshasa, M. Tshisekedi avait été bloqué vers 16H00 GMT par un barrage de police de 4 pick-up et un camion blindé et grillagé en travers de la bretelle de sortie vers la capitale.
Vers 23H30 (22H30 GMT), alors que des discussions avaient été engagées entre la police et des représentants de la mission de l'ONU au Congo (Minusco) et que le barrage routier semblait en train d'être levé, des policiers ont voulu faire partir de force la vingtaine de voitures du convoi de M. Tshisekedi, en poussant les gens à coups de matraques à l'intérieur de leurs véhicules.
Le secrétaire général de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) Jacquemin Shabani a été embarqué sans ménagement, tandis que sept ou huit policiers tentaient d'extirper de force le chauffeur du 4x4 d'Etienne Tshisekedi, assis imperturbable à l'arrière.
Selon le journaliste de l'AFP, une dizaine de personnes ont été embarquées par la police.
Le convoi s'est finalement ébranlé vers 23H50 locales en direction de la capitale. L'avenue, habituellement encore animée un samedi soir normal, était totalement déserte et dans le noir.
Peu de temps auparavant, Etienne Tshisekedi avait accusé la Minusco d'être complice du pouvoir.
Je suis agressé par la police (du président) Kabila, la police ne veut pas que je rentre chez moi. La Minusco (mission de l'ONU en RD Congo) propose comme solution que je sois escorté et juge légal ce que (Joseph) Kabila fait, avait-il déclaré à quelques journalistes en refusant d'être escorté comme un prisonnier.
Dans l'après-midi, le chef de la police congolaise, le général Charles Bisengimana, s'était rendu en personne sur les lieux, sécurisé par environ 300 hommes.
Les élections présidentielle et législatives sont prévues lundi, alors que la campagne électorale s'est officiellement achevée ce samedi à minuit (23H00 GMT).
(©AFP / 27 novembre 2011 00h09)
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