mais le mieux pour Bruxelles c’est de renoncer à sa politique d’Autruche quant au Congo ! |
Écrit par Raymond LUAULA |
Dimanche, 28 Octobre 2012 20:23 |
Victime jeudi dernier à son domicile de Bukavu d’une attaque perpétrée par des hommes armés, le docteur Denis Mukwege connu mondialement comme le réparateur des femmes violées dans l’Est de la République démocratique du Congo se trouve présentement à Bujumbura en compagnie de son épouse et de ses deux filles.
Denis Mukwege et les siens sont arrivés le samedi 27 octobre courant dans la capitale du Burundi après avoir gagné l’aéroport de Kavumu à Bukavu sous bonne escorte des casques bleus de la Monusco.
Alors qu’à Kinshasa, on était encore à s’interroger sur la destination de la famille Mukwege, Didier Reynders, ministre belge des affaires étrangères, cité par des médias belges, a annoncé la présence du gynécologue congolais à Bujumbura ainsi que l’octroi très prochainement des visas aux membres de sa famille pour leur permettre de se mettre à l’abri en Belgique et de s’y reconstruire.
Par ailleurs, la Belgique demande à la Monusco d’assurer la protection de l’hôpital de Panzi, où Denis Mukwege était médecin directeur général, et de son personnel. C’est là une belle preuve de l’absence de l’Etat au Congo quant un pays étranger en arrive à solliciter la protection de l’hôpital de Pangi et de son personnel non pas au gouvernement de Kinshasa mais à la Mission de l’ONU au Congo.
Pendant ce temps, pour rire, le secrétaire général de l’ONU en est encore à exhorter le gouvernement de la kabilie à assurer la sécurité de la famille du célèbre gynécologue congolais et à ne ménager aucun effort pour identifier les auteurs de l’attaque et de les traduire en justice !
Que la Belgique soit si sensible à la détresse de la famille Mukwege, on ne peut que l’applaudir. L’occasion parait propice pour inviter singulièrement Bruxelles à enfin sortir la tête du sable quant à son appréciation de la gouvernance congolaise.
Car, en dépit des violations massives des droits de l’homme au Congo des Kabila, la Belgique officielle a toujours voulu mettre en exergue des progrès virtuels réalisés par un pays post-conflit au point que Kabila qui gère le chaos estime que c’est cela la gestion de la République.
Quand un homme de la trempe d’Etienne Tshisekedi, bientôt 80 ans, est placé en résidence surveillée depuis bientôt un an, et qu’il lui faut négocier pour obtenir une autorisation de sortie, Didier Reynders ne trouve pas à redire. Il semble de bon aloi pour certains politiques belges francophones singulièrement de lécher les bottes du dictateur en ayant une lecture « tropicalisée » de la démocratie et des droits de l’homme. Soit !
Si Denis Mukwege a été exfiltré du Congo pour être accueilli en Belgique avec sa famille, c’est, il faut le souligner, à cause de sa notoriété. A Congoone, on applaudit la disponibilité de la Belgique d’autant plus que le docteur Mukwege est vivant et pourra encore faire bénéficier de son expertise d’autres victimes de la méchanceté des humains et de l’impunité qui leur est assurée par un pouvoir sans aucune vision et sans aucune légitimité.
Tout comme pour Denis Mukwege, les veuves et orphelins de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana ont été respectivement exfiltrés du Congo pour le Canada et la France à cause de la notoriété notamment posthume de leurs époux et pères et surtout à la suite de l’émotion soulevée par leur exécution dans les locaux de la police nationale congolaise.
Les familles des autres victimes de l’intolérance politique, voire de l’absence de l’Etat, comme les orphelins de notre confrère Franck Ngyke pour ne citer qu’eux, n’ont pas bénéficié de la sympathie des pays comme la France, le Canada et la Belgique. En cause, l’absence ou le peu de notoriété des victimes décédées. Et Dieu sait s’ils sont nombreux !
Quant aux victimes vivantes, quand certaines, dans les quelques rares cas, arrivent à s’exfiltrer du Congo en vue de demander la protection dans les pays occidentaux, c’est souvent la douche froide. En Belgique particulièrement, on en arrive même à s’interroger s’il n’y aurait pas des consignes sur le traitement des dossiers de demandes d’asile des citoyens congolais tant les demandeurs sont systématiquement déboutés dans la quasi-totalité des cas.
Or, une autre manière de lutter intelligemment contre l’immigration congolaise particulièrement ne serait pas de produire le discours « vanda na mboka », entendez : « restez dans votre pays », mais de respecter la volonté des Congolais de choisir eux-mêmes des dirigeants en qui ils ont confiance.
http://www.congoone.net/one/index.php?option=com_content&view=article&id=998:merci-daccueillir-le-dr-mukwege-en-belgique-mais-le-mieux-pour-bruxelles-cest-de-renoncer-a-sa-politique-dautruche-quant-au-congo-&catid=25:actualites&Itemid=27
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