Enfin, le caractère global du conflit rwandais apparaît encore plus nettement dans diverses déclarations notamment celles de Yoweri Kaguta Museveni. Dans son discours devant l'Assemblée générale de la Société de droit de l'Afrique de l'Est (The East Africa Law Society general assembly) du 04 avril 1997, le Président ougandais déclara : « Ma mission est d'assurer que l'Erythrée, l'Ethiopie, la Somalie, le Soudan, l'Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi et le Zaïre deviennent des Etats fédérés sous une même nation. Cela n'est pas maintenant un choix, mais une obligation que l'Afrique de l'Est devienne une seule nation. Ou nous devenons une seule nation ou nous périssons. De même que Hitler fit pour unifier l'Allemagne, de même nous devrions le faire ici. Hitler était un chic type mais je pense qu'il est allé un peu trop loin en voulant conquérir le monde entier » [Preuve n°020].
http://www.france-rwanda.info/article-27603334.html
MOT DE PRÉSENTATION DU CAHIER DES CHARGES DU
MOUVEMENT DU 23 MARS AU DIALOGUE DE KAMPALA CE MERCREDI 16 JANVIER
2013.
Monsieur Le Facilitateur,
Distingués Invités,
Messieurs les Délégués et Chers Compatriotes,
C’est pour nous
un plaisir et un honneur de prendre encore une fois la parole à l’occasion de la
reprise solennelle des travaux du dialogue politique de Kampala entre le
Gouvernement de la RDC et le Mouvement Politico-militaire du 23 mars suspendus
pour des raisons des Festivités de fin d’année.
Nous saisissons cette
occasion, au nom de la direction politique de notre Mouvement, à celui de toute
la délégation du M23 présente à Kampala pour le Dialogue et au mien, pour
souhaiter à Leurs Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement des
pays membres de la Conférence Internationale sur la Région des Grands-Lacs,
CRGL en sigle, et tout particulièrement, au médiateur de la crise en République
Démocratique du Congo,
Il vous souviendra que lors de la dernière
plénière du 22 Décembre 2012 tous les points à l’ordre du jour étaient acceptés
par les deux parties au dialogue, excepté un seul point relatif au
cessez-le-feu. Ce point a été à la base des plusieurs consultations avec le
facilitateur ici à Kampala. La persistance des divergences de vues ainsi que les
festivités de fin d’année nous obligerons d’observer une pause, espérant un
rapprochement des vues à la reprise des travaux, ce qui, malheureusement n’a pas
été le cas.
Cependant, le retour sur la table de dialogue de nos deux
délégations réaffirme notre volonté réciproque de chercher des solutions aux
causes profondes qui sont à la base des crises et de guerres à répétition en
République Démocratique du Congo.
Nous voudrions au cours de cette
circonstance saluer l’engagement du Médiateur et du Facilitateur qui n’ont
ménagé aucun effort pour nous permettre d’atteindre des résultats. Les
avancées significatives de ce jour en témoignent.
Monsieur Le
Facilitateur,Distingués Invités,Messieurs les Délégués et Chers
Compatriotes,
Le 24 novembre 2012, par une déclaration des Chefs
d’Etat
et de Gouvernement des pays membres de la Conférence
Internationale sur la Région des Grands-Lacs ont pris un
certain nombre
des résolutions sur la crise dans notre pays
que le M23 a décidé de faire
siennes et d’appliquer immédiatement.
En
conséquences, notre mouvement prit notamment les actes suivants:
-
arrêt de l’avancée militaire de ses troupes ;
- retrait de la ville de Goma
;
- acceptation du dialogue avec le Gouvernement de la RDC ;
- déclaration
d’un cessez-le-feu unilatéral.
Notre démarche consistait à aboutir à un
cessez-le-feu bilatéral avant les discussions sur le fond.
Aujourd’hui,
une fois de plus, notre Mouvement fait preuve de sa détermination à évoluer très
rapidement vers la paix. Dès à présent, le M23 est prêt à poursuivre les
négociations sur les points inscrits à l’ordre du jour.
le M23 demande ce qui suit:
I. La Revue de
l’Accord du 23 Mars 2009
Le M23 considère que le Gouvernement
n’a pas respecté l’Accord du 23 mars 2009.
Au regard du tableau
d’évaluation de mise en œuvre que nous vous fournirons, le M23 recommande la
mise en œuvre actualisée de tous les points de l’accord du 23 mars
2009.
II. En ce qui concerne les Questions
Sécuritaires,
Le M23 constate l’incapacité des services de
sécurité, de défense et de maintien de l’ordre Public notamment (l’Armée, les
Renseignements et la Police Nationale) de s’acquitter de leur mission régalienne
de sécuriser les personnes et leurs biens ainsi que celle de défendre
l’intégrité du territoire.
A cet effet, le M23
considère que les points suivants doivent être réglés :
1. La
Problématique de l’insécurité en RDC;
2. La libre circulation des personnes
et des biens et l’ouverture de la frontière de Bunagana;
3. L’amnistie
générale pour faits de guerre et faits insurrectionnels;
4. La Libération des
détenus politiques et d’opinion ainsi que des prisonniers de guerre;
5. Les
Questions relatives au fonctionnement des Services de Sécurité, de Défense et
celles liées à l’ordre public;
6. La Réparation des dommages causés sur les
populations civiles pendant la guerre.
Au regard de ce
qui précède, le M23 recommande ce qui suit :
1.
L’Opérationnalisation du service spécialisé de prise en charge des blessés de
guerre, des veuves et des orphelins ;
2. L’Eradication et le rapatriement des
FDLR, ADF-NALU, FNL se trouvant au sein des FARDC et de ceux qui opèrent à
partir du territoire congolais en toute quiétude ;
3. L’éradication des
groupes armés congolais dont la plupart ont été créés par le Gouvernement
congolais dans sa stratégie de gestion du conflit dans l’Est de la RDC
;
4. La création de la Police de proximité ;
5. La réforme des services
spécialisés de sécurité et de renseignements (civils et militaires) ;
6. La
réforme de l’Armée Nationale et la reconnaissance formelle des grades actualisés
des militaires du M23. A cet effet, un mécanisme de fidélisation des troupes de
l’Armée Révolutionnaire Congolaise, ARC en sigle, dans le processus
d’intégration au sein de l’Armée nationale devra être mis en place;
7. La
prise en charge par le Gouvernement de l’actif et du passif comptable du
M23;
8. La mise sur pied d’une commission mixte d’enquête sur les biens mal
acquis par les officiers militaires et policiers ainsi que les responsables
politiques;
III. S’agissant des Questions politiques, celles-ci
s’illustrent par deux faits majeurs à savoir :
1. La Violation de la Constitution
a. Le non respect
de la retenue à la source de 40 % aux profits des provinces (art 175, al
2);
b. La forclusion des mandats des Assemblées Provinciales, des
Gouverneurs, des Vices Gouverneurs et du Sénat ;
c. La volonté délibérée
du régime de Kinshasa de ne pas organiser les élections aux niveaux local et
municipal durant les deux mandats;
d. Le non-éclatement de la Cour Suprême
de Justice en trois juridictions : la Cour Constitutionnelle, la Cour de
Cassation et le Conseil d’État;
e. La non-effectivité de la
décentralisation;
f. Le déséquilibre criant dans l’affectation des ressources
humaines pour la gestion du pays, en particulier l’affectation aux postes
des responsabilités de l’État de ressortissants des provinces du Katanga et
du Maniema spécialement.
Le Gouvernement du Premier
Ministre Matata Ponyo en est un exemple éloquent;
g. La violation
des droits de l’homme;
h. La xénophobie et la discrimination ethnique
;
i. Les déséquilibres géopolitiques dans le développement de la RDC et la
marginalisation de certaines provinces.
2. Les fraudes
massives lors des élections du 28 novembre 2011
La Constitution
adoptée par referendum en 2006, a fait l’objet d’une révision en 2011 par le
pouvoir dans le seul but de s’assurer une victoire sur mesure au scrutin du 28
novembre 2011.
2.1. De la CENI
La mise en place
d’un bureau de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), dirigé
par un membre cofondateur du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la
Démocratie (PPRD), à savoir le Pasteur Mulunda, alors que la Constitution
recommande une personnalité apolitique. Ceci a entraîné des fraudes massives aux
élections du 28 novembre 2011, qui ont eu pour conséquence la contestation
généralisée de la légitimité des institutions issues de ce scrutin.
La
CENI n’a jamais été indépendante. C’est un instrument du pouvoir créé pour les
besoins de la cause. Elle s’est illustrée par une incapacité d’organiser les
élections libres, démocratiques, transparentes et crédibles. En revanche, les
élections ont été entachées de graves irrégularités et de fraudes massives (cf.
les rapports des Organisations tant internationales que nationales, notamment
ceux de la Fondation Carter, de l’Union Européenne, du CENCO ainsi que la
Déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, et celle du Président Joseph
KABILA lors de son investiture). Dans le cas précis de Masisi, le M23 détient
des preuves irréfutables.
2.2 De la Cour Suprême de
Justice
La corruption et le clientélisme ont amené une parodie
de justice dans la publication des résultats et le traitement des recours en
violation de la loi Électorale. Cette situation a été décriée par toutes les
Organisations d’observations des élections de 2011.
Concernant les points
relatifs à la violation de la constitution et les élections du 28 Novembre 2011,
le M23 recommande ce qui suit :
1. L’annulation des résultats des
élections du 28 novembre 2011 après vérification de la vérité des urnes;
2.
La dissolution du Sénat ;
3. La dissolution des Assemblées Provinciales,
entrainant ipso facto la démission des Gouverneurs et des Vices Gouverneurs ;
4. La mise en place du Conseil National de Transition Congolais (CNTC) qui
aura pour mission de diriger le pays pendant la période transitoire. Le CNTC
aura notamment pour mission de:
a) Réviser la Constitution;
b) Former
un gouvernement de transition;
c) Mettre en place les autres institutions de
la République;
d) Restructurer la Commission Électorale Nationale
Indépendante (CENI);*
e) Organiser les élections générales en commençant par
les locales et en finissant avec les présidentielles.
5.
L’installation effective du nouvel ordre juridictionnel prévu par la
constitution à savoir: la Cour Constitutionnelle, la Cour de Cassation et le
Conseil d’Etat ;
6. La mise en place d’un système fédéral
;
IV.Pour ce qui est de la gestion économique et sociale de la
RDC, il sied de souligner les faits ci après :
1. Le
Gouvernement de Kinshasa s’illustre par les signatures des contrats léonins dans
les domaines miniers, forestiers et des blocs pétroliers accompagnés des pots de
vin, perçus sous forme des commissions. Cette pratique éhontée et instituée
en mode de gouvernance au sommet de l’Etat est à la base du bradage des
richesses du pays et l’enrichissement sans cause des gouvernants et de leurs
familles politiques et / ou biologiques.
La surenchère dans les domaines
miniers, forestiers et pétroliers est à l’origine de nombreux procès de
condamnation de la RDC par les cours et tribunaux internationaux,
2.
L’ordonnance-loi interdisant l’exploitation artisanale et l’exportation des
minerais dans les provinces du Nord Kivu, du Sud Kivu et du Maniema, est
porteuse des germes d’une
grande ségrégation flagrante en vue d’étouffer
l’essor économique de la population de l’Est du Congo,
3. Les pratiques
anticonstitutionnelles du maintien de monopole dans beaucoup de secteur dont
notamment les assurances ne favorisent pas le développement du Pays,
4. La
transformation des entreprises publiques en sociétés commerciales pilotées par
le Comité de Pilotage de la Reforme des Entreprises Publiques(COPIREP) est une
vaste manœuvre au sommet de l’Etat pour un bradage du portefeuille de l’Etat au
profit des tenants du pouvoir de Kinshasa,
5. Les nombreuses tracasseries
dans le processus de création d’entreprise,
6. Le rançonnement à ciel ouvert
de la population sous le label Fonds d’Entretien Routier (FONER),qui en réalité
se superpose à l’Office de Route et n’a aucun n’impact dans l’entretien et/ou
la construction des infrastructures routières,
7. Le GO-PASS est une
structure destinée à l’enrichissement sans cause des dirigeants car aucun
aéroport n’a connu ne fut-ce qu’un début des travaux,
8. La fameuse DUTCH
Micro-Finances a été dépossédée par le Gouvernement et a été incapable de
rembourser l’argent des épargnants.
9. Le changement de peinture et des
écritures sur les avions de HEWA BORA en FLY CONGO est un cas éloquent qui
témoigne de la gestion calamiteuse de la majorité au pouvoir à Kinshasa. Où sont
partis les fonds destinés à l’indemnisation des victimes des crashs de Goma
et de Kisangani ?
10. La précarité des conditions de vie des militaires,
policiers, fonctionnaires, enseignants et la détérioration du social des
Congolais en général.
Au regard de tout ce qui précède, le M23
recommande ce qui
suit :
1. La réactualisation et la mise en
œuvre du Programme STAREC, et ce sous la gestion du gouvernement, du M23 et des
partenaires internationaux;
2. La création d’une commission mixte pour
évaluer tous les contrats (miniers, forestiers et pétroliers) et le cas échéant
les revisiter;
3. L’annulation de l’ordonnance-loi interdisant l’exploitation
et l’exportation de matières précieuses à l’Est de la RDC;
4. La suppression
de la situation de monopole dans le cadre économique et la réaffirmation du
principe du du libre marché conformément à la Constitution;
5. La
revitalisation des entreprises publiques et la révision de certaines réformes
opérées par le COPIREP;
6. L’établissement d’un service public (guichet
unique) chargé de faciliter la création d’entreprises dans un plus bref délai
;
7. La mise sur pied d’une commission mixte d’audit sur les fonds recueillis
par le FONER depuis sa création ainsi que l’évaluation chiffrée des travaux
effectués à ce jour;
8. La rémunération régulière et décente des militaires,
policiers et agents de l’État;
9. La création d’une Commission spéciale mixte
pour faire aboutir rapidement le processus d’intégration de la RDC à la
Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) ;
10. Accélération du processus de
rapatriement des Refugiés et la réinstallation des déplacés internes.
11. La
mise en œuvre du Pacte sur la paix, la sécurité, la stabilité et le
développement dans la Région des Grands Lacs.
12. La Réparation des dommages
causés sur les populations civiles pendant la guerre.
V.
S’agissant du Mécanisme de mise en œuvre, notamment le Suivi et l’évaluation de
l’Accord de Kampala
Permettez-moi de vous rappeler que La
suspension des travaux des Comités nationaux et internationaux de suivi a
grandement contribué à l’échec de l’application complète de l’Accord du 23
mars 2009. C’est pourquoi, nous estimons que l’accord global qui devra sortir de
ces négociations définira un mécanisme de sa mise en œuvre qui comprendra
:
1. un Comité national mixte de suivi de l’Accord de Kampala, avec
obligation de résultats;
2. un Comité régional et international de suivi de
l’Accord de Kampala, sous les auspices de la CIRGL et de la communauté
internationale.
Monsieur Le Facilitateur,
Distingués
Invités,
Messieurs les Délégués et Chers Compatriotes,
Si les Parties
ci -présentes, le gouvernement congolais et le M23, faisaient leurs ces
préoccupations, nous serions fiers d’avoir mis en place les fondements d’un Etat
au Congo et
d’une République qui prend soins des ses citoyens présents et à
venir.
Compte tenu de l’importance des matières inscrites à l’ordre du
jour visant le traitement approfondi de la crise congolaise, le M23 réitère
encore une fois son vœux ardent de voir participer à ce dialogue de Kampala
toutes les forces vives du pays, notamment l’opposition politique, la société
civile et la diaspora Congolaise.
Nous vous remercions.Fait à Kampala, 16 Janvier 2013
LE CHEF DE LA DELEGATION DU M23
FRANCOIS RUCOGOZA TUYIHIMBAZE
SECRÉTAIRE EXÉCUTIF.
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