Décryptage : Comment interpréter le jeu des chaises musicales à la tête des FARDC ?
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Selon l’ex-colonel de la DSP, Antoine Kasongo : « La nouvelle restructuration des FARDC nous amène à faire des commentaires suivants: Dans sa conception actuelle, la création des zones de défense en maintenant les régions militaires ajoute un échelon de plus sur le plan tactique. Quel est l’échelon de la zone de défense? Corps d’armée, division? Et de la région militaire? La loi a été violée parce que la zone de défense doit être commandée par un officier ayant la qualité de BEM (Lire Breveté d’état-major) ou TEM (Lire : technicien d’état-major). »« La zone de défense n’est pas une innovation, elle est une copie de l’organigramme de la Force publique (du Congo-Belge) 1er Groupement : les provinces administratives du Kasaï et du Katanga ( QG à Lubumbashi ) ; 2èmeGroupement : les provinces administratives de l ‘Equateur et de Léopoldville (Ndlr qui comprenait également le Bas-Congo et le Bandundu QG à Kinshasa) et 3ème Groupement : les provinces administratives du Kivu et Orientale (QG à Kisangani). Avec ces deux échelons chevauchés, il y a une pléthore du personnel. Le commandant de la zone de défense sera assisté par deux adjoints, l’un chargé des opérations qui aura à son tour deux adjoints T2 ( Renseignements) et T3 (organisation, entraînement et opérations) l’autre chargé de l’administration et logistique qui aura deux adjoints T1 (administration) T4 (logistique), il faudra Ajouter à cela le chef d’état-major. La même organisation est reprise pour la région militaire. Vive les chaînes de commandement et de logistique« , poursuit-il.« La publication de ses ordonnances permet à l’ennemi potentiel de ne fournir aucun effort de recherche de renseignements sur les FARDC. La menace, la configuration du terrain et les moyens disponibles n’ont pas été les éléments d’analyse pour mettre cette restructuration en place. Quant aux nominations il y a à boire et à manger. Néanmoins, il faut reconnaître qu’il y a des officiers qui méritent leurs fonctions. Il est inutile de stigmatiser les origines de certains. Par exemple le lieutenant général Dieudonné BANZE ( EFO 8, Infanterie, TEM) Le général major Prosper NABYOLWA ( EFO 5, Artillerie, para commando TEM)», conclut le col Kasongo ‘Kava’.Réagissant au commentaire du Lt-Col Kasongo, un ancien officier de la Garde Civile sous le pseudonyme de TROLLécrit ceci : « M. A. Kasongo Munkonkole, souvenez-vous de la triste histoire des « enveloppés » quand Mobutuassassinait et révoquait des rangs des FAZ tous les non-originaires de l´Equateur et de la province Orientale. Ce que vous désignez par « stigmatisation » est une précaution utile. Car ceux qui ont souffert des discriminations et des injustices dans les FAZ, Garde Civile ou FARDC ne peuvent jamais fermer les yeux quand les risques de voir la défense de la RDC être minée par les mêmes pratiques sont toujours d´actualité! Vous avez raison de souligner cette « dysfonctionnement » entre les zones de défense et les régions militaires qui peut nuire encore plus la gestion de la défense au Congo ».Les Efoistes toujours plus appréciés que les ErmistesHormis Didier Etumba (ERM-Belgique), tous les autres chefs d’état-major (Force terrestre, Force navale et force aérienne), plusieurs responsables des unités stratégiques sont des anciens officiers formés à l‘Ecole de formation d’officiers de Kananga. Les anciens diplômés de l’académie militaire belge se font rares aux avant-postes militaires en RDC. Est-ce la preuve de l’absence d’influence d’Etumba sur l’armée. Car parmi les Ermistes, on retrouve ici et là le général Moya, Dzaringa (Kivu avec ascendants Tutsi qui se retrouve tout de même mieux placé aux côtés deAmisi ???), André Matutezulwa (Chargé de l’administration et logistique à la 12ème RM au Bas-Congo) et Lukama(Groupement des Ecoles militaires), des fonctions de garage.Les autres généraux Ermistes comme Kabeya Kongolo, Mwipatayi, Kitenge Tundwa (ancien responsable de la Démiap et qui serait malade) ou Ukaba ne sont tout simplement pas repris. Un officier dit même que c’est ridicule pour le général Moya qui est poussé vers la porte de sortie.Que conclure ou comment interpréter tout cela?Par cette nouvelle mise en place empreinte d’une connotation plutôt ethno-régionale et népotique, Kabila veut d’abord montrer à tous que le seul maître à bord des FARDC c’est lui et personne d’autre. Ensuite, Kabila confirme sa sympathie ethnique envers les Tutsis et les anciens officiers rebelles, responsables des guerres et des massacres à l’est du pays. Il cherche également à consolider son ancrage katangais.Mais Kabila veut surtout s’entourer des généraux de combat qui ne reculeront pas lorsqu’il faudra affronter les contestataires dans les zones qui lui sont hostiles. Nous en voulons pour preuve la nomination du général Camille Bombele Luwala à la tête de la 14ème Région militaire correspondant à la ville de Kinshasa. Ce général était le T3 (chargé des opérations) de la GR. C’est sous ses ordres que la GR a réprimé dans le sang les manifestants hostiles au candidat Kabila en novembre 2011 ou encore le massacre des adeptes du « prophète » Mukungubila en décembre 2013. Avec Tango Four, Kabila lance un signal fort d’intimidation à l’égard des Kinois. Cela lui suffira-t-il pour perpétrer son coup de force en 2016 ? Une autre inquiétude,selon un officier en poste à Lubumbashi, « résultede la composition de la 2ème Zone de défense qui englobe les provinces du Kasaï-occidental, du Kasaï-oriental et du Katanga dans leurs limites actuelles et commandée par Jean-Claude Yav. L’opinion suspecte un complot contre l’intégrité de la République au cas où Kabila ne parvient pas à se maintenir au pouvoir, perd Kinshasa et se replie au Katanga comme du temps de Tshombe. Nous risquons de vivre le pire au Katanga avec les mouvements indépendantistes! On ne comprend pas comment toute cette zone de défense ainsi que la région militaire du Katanga (22ème région militaire commandée par le général Philemon Yav) ne soient complètement dirigées que par des katangais d’origine dans des postes stratégiques dont la plupart qui appuient ces indépendantistes. Il y a plus que probablement anguille sous roche »!L’analyse de cette mise en place nous pousse à avancer que ces nominations sont davantages motivées par des considérations politiciennes internes au Congo que par une réelle volonté de mettre à la tête des FARDC des officiers à même de défendre l’intégrité de la RDC. La loyauté à un président et l’appartenance à sa sphère ethno-régionale a hélas guidée Kabila dans le choix des généraux à ces postes stratégiques pour la RDC. Il est étonnant de voir que bon nombre de généraux promus ont fait partie des rébellions qui ont été soutenues par Kigali. C’est comme si le chef de l’Etat congolais éprouve du mal à couper le cordon ombilical de son passé militaire avec le FPR rwandais et de ses relations cordiales avec Kagame. Il suffit de se rendre compte que la plupart des officiers T2 (chargé des renseignements) et T3 (chargés des opérations) d’une majorité des unités dans les zones sensibles, sont soit Katangais, soit Tutsis ou alliés à l’ethnie Tutsi par ascendance, alliance ou proximité ethnique (Hema, Hima). On est donc loin du souci de mettre en place une armée républicaine et apolitique à vocation nationale. Par cette mise en place, comme nous l’avons signifié dans une interview accordée à la radio Alger ce 21 septembre :http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=NrhM14C_zww , c’est en rapport avec les échéances électorales à venir et surtout la fin de mandat présidentiel, et non vers des menaces d’intégrité de la RDC, qu’il faudrait surtout interpréter les récentes nominations au sein des FARDC. Les nominations qui laissent un goût amer au sein du personnel des FARDC, à en croire les premières impressions recueillies sur le terrain.[1] Suite à l’offensive du M23 à Bunagana, le 6 juillet 2012, le Gen. Vainqueur Mayala et 600 soldats FARDC ont fui à Kisoro en Ouganda et abandonné un énorme stock d’armes lourdes, de munitions et de chars (Virunga News, 6/07/2012). Selon l Lt-Col Eric Mankesi, (responsable de l’administration militaire à Goma en 2012 et 2013), il s’agissait d’un acte délibéré de sabotage au départ d’un ordre de cessez-le-feu émanant du Gen Amisi Tango Fouret de rassemblement des troupes FARDC en un lieu donné et c’est à ce momoent qu’ils seront pris de revers par le M23.
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