Le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi a tenu, samedi 6 août, une conférence de presse à Kolwezi, dernière étape de sa tournée au Katanga.
Une question lui a été posée sur son éventuel échec à la présidentielle de novembre 2011.
Etienne Tshisekedi répond:
«Quel échec? Avec ce que j’ai fait au Katanga, je crois que je pourrais réaliser jusqu’à 100% des voix.»
Concernant l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi a déclaré qu’il ne reconnait qu’une seule opposition politique, celle qui est derrière lui.
«Il y a opposition et opposition au Congo. C’est aux jeunes de venir vers les vieux, il y a aussi des taupes parmi ceux qui se disent de l’opposition», a ajouté le leader de l’UDPS.
Etienne Tshisekedi a aussi remercié les autorités du Katanga pour avoir assuré sa sécurité pendant son séjour.
Présidentielle 2011 - Tshisekedi bouleverse les pronostics
Le bal n'est pas encore officiellement ouvert. Mais les vertébrés, candidats potentiels à la présidentielle 2011, se sont déjà jetés à l'eau. Hormis, bien sûr, le président Joseph Kabila qui, pour des raisons de ses fonctions, adopte encore une attitude de réserve. Le moment venu, il « explosera ». Sans nul doute.
Mais en attendant, Léon Kengo wa Dondo, Vital Kamerhe, et incontestablement Etienne Tshisekedi, président national de l'Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, passent pour des candidats vertébrés. La présidentielle 2011 tournera autour d'eux. Et comme il fallait s'y attendre, le lider maximo, E. Tshisekedi, est en train de bouleverser les pronostics.
Après la tournée américano-européenne, suivie de celle sud-africaine, Etienne Tshisekedi, président national de l'UDPS séjourne actuellement au Katanga. Une première quand on sait que cela fait des décennies que le président national de l'UDPS n'a plus séjourné dans cette partie du pays, considérée comme l'un des fiefs électoraux de l'autorité morale de la Majorité présidentielle, Joseph Kabila Kabange, président de la République.
Actuellement chef de l'Etat en exercice, il ne fait l'ombre d'aucun doute qu'il briguera un second mandat tant la machine électorale dans son clan est déjà en marche. L'on ne s'était donc pas trompé en soulignant que Tshisekedi est allé à la «conquête du Katanga».
Ces propos ont été paroles de prophète. Un accueil chaleureux depuis que son avion a atterri à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga. Même enthousiasme à Likasi, Kolwezi et Kipushi avant de se rendre dernièrement à Kasumbalesa, le poste frontalier avec la Zambie. Une foule nombreuse s'est déplacée afin de l'accueillir et de l'écouter.
Une première toujours autour de cette visite politique. En effet, alors Premier ministre élu de la Conférence nationale souveraine (CNS), Tshisekedi était confronté au problème de xénophobie exercée contre des ressortissants kasaïens résidant au Katanga.
Des compatriotes, spécialement ressortissants du Kasaï, avaient été contraints par les autorités locales de l'époque à quitter cette province pour retourner au Kasaï. Premier ministre, pour des raisons d'Etat et de la haute politique, Tshisekedi avait opté pour le silence, ce qui lui avait valu des critiques acerbes.
Pas étonnant que sa visite au Katanga suscite autant de curiosité. Une chose à retenir : une page d'histoire a été tournée et tout le monde regarde maintenant dans la même direction.
Changement de style
Autre constat : le changement de style. E. Tshisekedi, reconnu pour ses propos incisifs, ses critiques violentes, a opté pour un discours conciliant en prônant l'amour du prochain. Un discours rassembleur pour un candidat à la présidence de la République.
Certes, il ne cesse de critiquer la gestion actuelle du pays qui, pour lui, est calamiteuse. Mais il n'est pas du tout défaitiste au regard du potentiel humain et des richesses naturelles dont regorge la RDC. Le tout est de s'appuyer sur une bonne gouvernance.
Ce périple euro-américain et africain confirme sa bonne santé. A en croire certaines indiscrétions, juste après la tenue du Dialogue inter congolais à Sun City (Afrique du Sud), Tshisekedi avait tenté d'entreprendre une tournée dans le Congo Profond et dans les pays limitrophes. La tentative avait avorté, donnant l'occasion à certaines langues de commenter sur son état de santé.
Avec cette longue tournée, «Tshitshi» est en train de démentir toutes les rumeurs fantaisistes autour de sa personne. Après le Katanga, il est possible qu'il se rende dans d'autres provinces, même s'il est attendu le 8 août à Kinshasa.
Les pronostics
Si en 2006, le président national de l'UDPS avait appelé au boycott des élections générales, il n'en sera pas le cas cette fois. Il est déterminé à aller jusqu' au sprint final, même si le vainqueur doit être déterminé par la «photo-finish» à la ligne d'arrivée.
Sa présence bouleverse les pronostics dans la mesure où en 2006 plusieurs électeurs de l'UDPS avaient voté pour l'un ou l'autre parti en ordre de bataille à cette époque. Les voix des militants de l'UDPS avaient effectivement influencé le verdict des urnes.
En 2011, tous les partis qui avaient bénéficié des voix de cet électorat sont condamnés à revoir leurs calculs, à s'appesantir sur de nouvelles stratégies politiques et électorales si, par acquis de conscience politique, les militants de l'UDPS demeuraient fidèles à leur parti et à leur dirigeant.
Il se posera ensuite réellement un problème au sein de l'Opposition politique quand il s'agira de se prononcer sur un « candidat consensuel ». Le choix ne sera pas facile. Si Léon Kengo wa Dondo est un fin stratège et un bon calculateur, Vital Kamerhe l'incarnation de la jeunesse, le poids politique de Tshisekedi reste une évidence. Une véritable énigme de l'élection présidentielle 2011.
Véritable énigme qui doit inciter justement le président national de l'UDPS à se dépouiller de l'habit du vieil homme pour sortir des sentiers battus. De se débarrasser de toute attitude de naïveté et de pédantisme.
La réalité politique n'est plus celle de ce duel incessant «Mobutu-Tshisekedi». L'environnement international n'entretient plus la «guerre froide » ni le «protectionnisme politique». Comme pour dire, il est interdit de rêver.
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