Le débat n'est pas clos. Cette fois, c'est le Centre Carter qui a tenu à le rappeler haut et fort vendredi dernier, à l'occasion de la publication de son rapport intérimaire sur l'observation des élections couplées présidentielle et législatives en République Démocratique du congo.
Les résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante pour les deux scrutins manquent non seulement de crédibilité, mais ils génèrent un problème plus grave, celui de la légitimité, souligne le Centre qui porte le nom de l'ancien président des Etats-Unis, Jimmy Carter.
Un pouvoir ne peut en effet prétendre à la légitimité lorsque les opérations ayant conforté sa victoire ont été frappées du sceau de la fraude à grande échelle, de la manipulation des chiffres (plus d'électeurs à la présidentielle qu'aux législatives par exemple alors que les deux élections avaient eu lieu simultanément), de l'injection d'électeurs fictifs, de la présence majoritaire d'électeurs non enrôlés dans les bureaux de vote, de la disparition inexpliquée de plusieurs milliers de plis contenant es bulletins exprimés de vote etc. Tous ces faits, couplés au fait que la Ceni a accepté ces résultats, comme la Cour Suprême, minent la crédibilité non seulement de ces résultats mais érodent l'intégrité de la totalité du processus de compilation.
Après avoir comparé les chiffres de la présidentielle et des législatives qui se sont déroulées au même moment, Centre Carter en arrive ainsi à une conclusion sans appel : les élections sont à reprendre, en partie ou intégralement, si on veut remettre le train de la RDC sur les rails. L'objectif à atteindre, pour le Centre Carter, est de rétablir un pouvoir légitime, grâce à des résultats électoraux acceptés par tous ou grâce à un consensus national issu d'un dialogue inclusif. Il s'agit donc, cette fois, d'éviter la politique de l'autruche qui caractérise le comportement de certains gouvernements étrangers avec à leur tête Bruxelles, depuis la publication du rapport préliminaire du Centre Carter. On se souvient qu'à la faveur de la sortie de ce premier rapport, un problème. de traduction de la version anglaise en français avait faussé la compréhension du message et de son contexte. En effet, là où le rapport relevait que les irrégularités n'avaient pas nécessairement changé l'ordre d'arrivée des candidats, la traduction française laissait tomber le mot « nécessairement », modifiant ainsi tout le sens de la phrase.
La publication de ce rapport intermédiaire est intervenu au moment même où les élus de Ngoy Mulunda se réunissaient au Palais du Peuple pour s'auto-valider. Ils ont entendu, encore une fois, siffler le train de la contestation des résultats de la Ceni alors qu'ils pensaient la parenthèse en voie d'être refermée grâce aux délibérations de la Cour Suprême qui renvoie jus qu'ici, les contestataires à leurs études pour ... « défaut de preuves ». Effectivement, comment fournir des preuves quand les plis contenant les résultats ont disparu et que la compilation s'est déroulée dans un désordre « organisé » Tout le problème est là et cela nous conduit à une question fondamentale par ailleurs relevée par tous les observateurs neutres, celle de savoir si le pays a intérêt à faire l'impasse sur les aspirations populaires en s'engageant, tête baissée, dans le traquenard de la fuite en avant. Dans la vie, il est important de se donner le temps de réfléchir et, surtout, de proposer des solutions qui sauvent.
On rappelle qu'en son temps, la CENCO (Conférence épiscopale Nationale du Congo) avait stigmatisé la falsification de la vérité des urnes. Des missions d'observation, aussi bien nationales, africaines qu'internationales, avaient aussi déploré le non respect de la volonté du souverain primaire congolais. Cela voudrait dire que le Congo se trouve face à un problème. Sa résolution appelle, à défaut des correctifs aux résultats de la présidentielle et des législatives, une solution consensuelle entre, protagonistes de la crise nationale.
LP
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