L'heure des discussions entre le M23 et Kinshasa a sonné
Rebelles du M23 lors de leur retrait de Saké, à 42 Km de Goma (RDC), le 30 novembre 2012.
REUTERS/James Akena
Les responsables politiques du M23 sont attendus ce vendredi 7 décembre dans la soirée à Kampala. La capitale ougandaise doit accueillir des pourparlers entre le groupe rebelle et le pouvoir congolais. Une partie de la délégation gouvernementale envoyée par Kinshasa est d'ailleurs déjà sur place. Quant à l'ordre du jour, les choses sont encore loin d'être clarifiées. Les insurgés souhaitent évoquer de nombreux sujets, mais les autorités congolaises ont prévenu qu'elles ne parleraient que de l'application de l'accord du 23 mars, qui avait intégré dans l'armée les insurgés du CNDP.
L’heure de la discussion est arrivée. A Kampala, les délégations de la rébellion et de Kinshasa vont devoir fixer un cadre de négociation. Pour les représentants du pouvoir, dirigés par le ministre des Affaires étrangères, il s’agit de faire le bilan des accords du 23 mars 2009, passés entre le gouvernement Kabila et, à l’époque, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP).
Ce groupe rebelle avait alors été intégré dans l’armée, avant d’entrer à nouveau en dissidence sous l’appellation M23 (Mouvement du 23-Mars). Mais on sait que le M23 veut élargir le débat. Le pouvoir va-t-il accepter ? « C’est trop tôt pour le savoir », dit le sénateur Thekys Mulaila, élu du parti au pouvoir, le PPRD.
La paix autour d'une table
« Il faut avoir des termes de référence, explique le sénateur. Ici, les termes de référence c’est l’accord du 23 mars. Pour les autres éléments, je crois que le gouvernement va apprécier. »
M. Mulaila a-t-il déjà un sentiment sur l’issue des discussions ? « Je suis très optimiste », répond-il. Selon lui, « la paix la plus durable, c’est la paix autour d’une table ».
« Droit de regard de l'opposition »
L’opposition parlementaire avait dit que personne n’irait à Kampala. Ce n’est pas le cas, quelques-uns ont fait le voyage. C'est le cas de Christian Badibangi, qui se défend d’être un faire-valoir.
« Lorsque vous dites que l’opposition n’est pas représentée, c’est choquant ! Je suis là, je représente valablement l’opposition, l’âme oppositionnelle. En tant que parlementaire élu par cette opposition radicale, j’ai le droit de regard », estime M. Badibangi.
Premier défi : l'ordre du jour
Les discussions devraient débuter au plus tôt ce vendredi soir, dans un grand complexe hôtelier au bord du lac Victoria. « Que va-t-on négocier exactement ? », telle est la question à laquelle personne n’ose encore répondre à Kampala. Le mouvement rebelle avait déjà annoncé la couleur, en disant vouloir tout mettre sur la table : les revendications sociales des militaires mutins, mais surtout la démocratie, les droits de l’homme, la gouvernance.
Pour sa part, le pouvoir de Kinshasa disait plutôt se préparer à une discussion limitée aux premières revendications des mutins. Etablir un ordre du jour sera donc le premier cap difficile à franchir. Face aux rebelles, le gouvernement de Kinshasa a voulu présenter une délégation représentative de la nation : la société civile est là, quelques parlementaires aussi, donc.
Goma, l'atout du M23
Mais les ténors de l’opposition ont boudé la rencontre. Les rebelles eux, n’envoient pas leurs principaux leaders, parce que le chef de l'Etat ne sera pas présent. Joseph Kabila assiste à un sommet de l’Afrique australe en Tanzanie.
Le M23 a un moyen de pression considérable. Certes, il s’est retiré de Goma, mais il n'est pas très loin. A tout moment, il peut menacer de reprendre la ville si la discussion ne lui convient pas.
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