Non à la République des « 4 x 4 » !
Lâchée
par Léon Kengo wa Dondo, de manière intentionnelle ou maladroite - cela finira
par se savoir - dans la foulée de son round de consultations des forces
politiques et sociales du pays, en prévision des Concertations nationales,
l’idée de formation d’un gouvernement d’union ou de large ouverture nationale
fait du chemin.
Samedi dernier, après le discours du Chef de l’Etat marquant
la clôture de ce forum, l’option a semblé se préciser davantage. Nombre de
Congolais ont noté qu’il a pris l’engagement de rompre avec la «démocratie
classique », au profit de la fameuse « démocratie consensuelle », laquelle veut
que la Majorité partage la gestion des affaires publiques avec
l’Opposition.
Mais, au-delà de la perspective du partage des postes entre
une poignée de compatriotes militant au sein de la classe politique et de la
nébuleuse Société Civile, le Congolais moyen ne voit toujours pas le bout du
tunnel. De l’épopée de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du
Congo (AFDL) aux Concertations Nationales en passant par le Dialogue
Intercongolais, il assiste au même décor, celui de l’émergence de nouveaux
bourgeois politiques, qui lui promettent monts et merveilles, sans jamais passer
aux actes.
S’il y a un spectacle auquel il s’est accoutumé depuis 16 ans,
c’est celui des ministres et vice-ministres qui ne pensent qu’à « s’installer »
puis à « installer » les membres de leurs cabinets, leurs épouses, enfants,
frères, sœurs, cousins, amis... selon une pratique chère aux dignitaires de la
Deuxième République de triste mémoire. A huis clos, loin des regards indiscrets
du « peuple », ils s’enferment pour discuter des marques et coûts de leurs
grosses cylindrées tout terrain « 4x4 », de la hauteur de leurs émoluments, du
standing de leurs résidences de fonctions, de leurs frais d’installation. Pour
compléter le tableau, ils en arrivent même à fixer la hauteur de leurs
indemnités de sortie et à se faire payer alors qu’ils en sont encore à leurs
premières semaines au sein du gouvernement.
« 4 x 4 » pour défier les
trous
Dans un pays où la voirie urbaine a toujours été un casse-tête et
où les routes d’intérêt national sont le plus souvent impraticables, les
«Mobutistes » avaient trouvé comme parade pour défier des véhicules tout terrain
dits « 4x4 ». Depuis lors, la tradition s’est installée dans les mœurs
politiques. Quel que soit l’état des infrastructures routières à Kinshasa ou en
provinces, les bourgeois politiques détenteurs de ce type d’engins ne se posent
pas de questions. D’aucuns pensent que si la RDC est enclavée, à cause des
infrastructures routières urbaines et nationales d’une autre époque, cela tient
notamment au fait qu’il existe une catégorie de gens qui se déplacent à bord de
véhicules capables de défier nids de poule, crevasses, marécages, bancs de
sables etc.
La grande peur des gagne-petit est d’assister, une fois de plus,
à une nouvelle spirale des dépenses extrabudgétaires destinées à la prise en
charge d’anciens et nouveaux membres du gouvernement, ainsi que des membres de
leurs cabinets politiques, que l’on sait d’habitude éléphantesques.
Croissance : un mirage
Pendant que les candidats ministrables
rêvent de changer de standing de vie, la majorité silencieuse broie du noir. Au
niveau de la thématique « Economie », l’une des recommandations a porté sur
l’inadéquation entre les statistiques flatteuses de croissance économique que le
gouvernement étale ces dernières années sur la place publique et la misère
généralisée qu’affiche le Congolais d’en-bas. Celui-ci apparaît comme un éternel
laissé – pour – compte en matière de santé, d’éducation, de logement,
d’alimentation, de transport, de desserte en eau et électricité, d’emploi, etc.
Le paradoxe veut que les gouvernements se succèdent sans que leurs animateurs
parviennent à résoudre l’équation des besoins sociaux de base, de la pauvreté,
de la paix, de la sécurité, de la défense nationale, de l’industrialisation, de
l’autosuffisance alimentaire, des injustices sociales, de l’administration du
territoire, etc.
Tous ceux qui ont eu à exercer des mandats ministériels
depuis la chute de Mobutu - certains à plusieurs reprises - donnent
l’impression d’avoir travaillé pour leur confort personnel, laissant des
millions de compatriotes dans l’incertitude du lendemain. Le pays stagne ou
presque pendant que des individus s’enrichissent scandaleusement, au détriment
du grand nombre. Finalement, la cohésion nationale tant vantée s’apparente à la
mise en place d’un nouveau syndicat des profiteurs de la République.
Kimp
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