Samedi, 16 Novembre 2013 18:24
Enigmatique comme “JEUNE AFRIQUE” l’a dit de lui un jour, Joseph Kabila se plaît à entretenir le mystère. Il en va ainsi du nom de celui à qui il pense confier la conduite du gouvernement post-concertations. Même dans son propre entourage immédiat, presque personne n’a le moindre indice. Tous spéculent, ça spécule même très fort sur le maintien d’Augustin Matata Ponyo pour avoir mérité avec son bilan d’à peine moins de deux ans et le Président de la République, lui, sourit en coin à entendre les rumeurs et ragots de tous genres qui remontent jusqu’au Palais de la nation. Petite histoire anecdotique là dessus avec cet échange très famille autour de Kabila où les uns et les autres lui rapportent, un jour récent, tel ou tel autre nom qui circule dans les salons de Kinshasa comme primaturable. Au maître des céans d’ironiser face à ses hôtes qu’il comprend pourquoi son oeil gauche bat sans cesse. Puisque les gens parlent abondamment de lui. Croyance à ne pas caricaturer dans la tradition africaine selon laquelle lorsque quelqu’un se mord involontairement la langue ou éprouve un battement incontrôlé d’un oeil, c’est qu’il fait l’objet d’une conversation -une médisance surtout- entre deux ou plusieurs personnes en ce moment même. La ronde en a rit avec Kabila et le mystère n’en a pourtant pas été levé. Celui-ci s’est épaissi ces derniers jours quand Kabila a pris une sorte de retraite au Katanga alors que le temps qu’il met à se décider commence à agacer la fameuse règle d’or anglosaxonne “Time is money”. Une dizaine de jours à Lubumbashi avec l’impression d’une transition pour laisser place à la continuité sous l’actuel locataire de l’Hôtel du gouvernement. En tout cas, Kabila n’a plus droit de continuer à faire durer le suspens depuis qu’il est revenu du “pays” de Moïse Katumbi, il y a quarante-huit heures. Surtout qu’il n’y a plus lieu de prétexter l’expectative de Kampala, embourbé dans un cul de sac quasi inextricable. Voilà qui fait dire que c’est imminent. Imminent mais sous une autre formule que le gouvernement de cohésion nationale annoncé devant le Parlement réuni en congrès, le 23 octobre dernier, au Palais du peuple. Il ne s’agit pas d’une simple vue d’esprit mais de la réalité socio-politique résultante des Concertations nationales. La donne sortie du Palais du peuple a vidé elle-même le gouvernement de cohésion nationale de toute son essence comme de tout son sens. Un gouvernement de cohésion nationale avec qui et pour quel objectif?
Avec Jean-Pierre Lisanga Bonganga ou José Makila Sumanda ou Jean-Baptiste Bomanza ou encore le très impopulaire Léon Kengo wa Dondo pendant que les principales forces de l’opposition (UDPS-MLC-UNC-RCD/K-ML) se sont inscrites aux abonnés absents comme l’a souligné le secrétaire général des Nations- Unies, le Coréen Ban Ki Moon, dans son dernier rapport sur la RD-Congo. Ajoutez à la liste le “Sg Kapwepwe” Thomas Luhaka parti avec empressement pour entrer au gouvernement mais arrêté net suite au volte-face de Jean-Pierre Bemba Gombo qui a pris, depuis sa cellule à la CPI, tardivement la mesure du discrédit auquel il allait s’exposer dans les rangs des forces changementistes. Si ce sont le Lisanga et autre Kengo qui apportent à Kabila l’autre part pour réaliser la cohésion nationale, il faudra alors rebaptiser le gouvernement à former. Appelez le tout, sauf gouvernement de cohésion nationale -à la limite gouvernement de cohésion provinciale comme la représentation de l’opposition en avait donné la préfiguration au sein du Groupe de contact- donc tout sauf pour éviter que le ridicule ne couvre la RD-Congo et son Chef, notamment de la part des partenaires très rebarbatifs à l’idée d’un gouvernement de cohésion nationale en démocratie. Maintenant que la guerre est terminée avec le M-23, les objectifs définis du haut de la tribune de la salle des congrès sont à requalifier. Du coup, il y a un bémol à mettre sur cette fâcheuse tendance mise en avant pour privilégier un gouvernement à caractère politique, pour ne pas dire politicien, au détriment de l’orientation de l’actuelle équipe gouvernementale tournée vers la recherche des solutions aux questions de développement. Ce n’est pas à Kabila qu’il faille rappeler les effets néfastes d’un autre gouvernement passé de même nature, le 1+4 où les uns et les autres ont passé leur temps à chercher à bâtir un “capital électoral” dans la perspective 2006 qu’à gérer les affaires de l’Etat. Le refaire, c’est compromettre tous les acquis.