Flashback à Kinshasa lors de l'assassinat de M'zée Laurent-Désiré Kabila

Le 16 janvier 2001. Il est environ 13h30. Le monde entier apprend que le président Laurent-D ésiré Kabila a été victime d’un "attentat" dans son palais. Les «services» ougandais cités par Reuters ont été les premiers à annoncer le «décès» de Kabila. S’agissant des circonstances, une première version a laissé entendre que le chef de l’Etat congolais a été abattu par le général Dieudonné Kayembe Mbandakulu. La même source précisait que «Joseph Kabila» était également blessé. C’était faux. Au milieu de l’après-midi, à la surprise générale, le colonel Eddy Kapend, aide de camp du président de la République, fait irruption à la télévision nationale (RTNC) pour «ordonner» aux différents chefs militaires – dont le chef d’état major général - de maintenir la «discipline» au sein des forces armées et la police. Etrangement, Kapend ne pipe pas un mot sur l’état de santé de son «patron». Ministre de l’Intérieur, Gaétan Kakudji décrète, pour sa part, un couvre-feu et la fermeture de toutes les frontières du pays sur ordre…de Laurent-Désiré Kabila. Le moins que l’on puisse dire est que la situation est sous contrôle avec le déploiement des troupes angolaises venues du «Congo d’en face». Les ministres Gaëtan Kakudji (Intérieur), Jeannot Mwenze Kongolo (Justice) et Abdoulaye Yerodia (Education) ont vite rejoint le palais de marbre où le chef de l’Etat a été quelques heures plutôt victime d’un attentat. Les témoins qui avaient côtoyé les trois hommes étaient surpris par la "sérénité ambiante".

Au début de la soirée de ce 16 janvier, une deuxième version - la définitive - tombe : «Kabila a été abattu par son garde du corps». Son nom : Rachidi Mizele. Les faits auraient eu lieu au moment où le président s’entretenait avec son directeur de cabinet adjoint chargé des questions économiques, Emile Mota. Les deux hommes préparaient le voyage présidentiel à Yaoundé, au Cameroun. «Rachidi est entré et a fait mine de dire quelque chose au chef de l’Etat, raconte Mota. Le coup de feu est aussitôt parti…». Rachidi se serait enfui, pourchassé par Mota qui criait : «Il a tué le président !». Sans se poser des questions, Kapend qui se trouvait dans les parages a dégainé tel Lucky Luke avant de vider le chargeur de son arme sur le présumé assassin.

Mystère.

Chef du protocole adjoint au cabinet de M'zée Laurent-Désiré Kabila au moment des faits, Eddy Musonda raconte : «Il est 7heures 30 au palais de Marbre. Laurent-Désiré Kabila commence sa journée par une visite à son état-major particulier au lieu dit «palais bleu». Il s’entretient brièvement avec son aide de camp le colonel Eddy Kapend. Vers 8 heures, le président commence ses audiences. Il reçoit successivement une délégation nord-coréenne, le ministre de la Santé, docteur Mashako Mamba, et Emile Mota, conseiller économique à la présidence de la République. Avec Mota, le chef de l’Etat devait dresser la liste des personnes devant l’accompagner le 18 janvier au XXIème sommet France-Afrique qui se tenait à Yaoundé au Cameroun.» Selon des témoins, des médecins cubains se trouvaient au palais de marbre.

Au début de l’après-midi des tirs à l’arme automatique sont entendus au Palais de Marbre. Et ce durant une demi-heure. Qui tirait sur qui ? Mystère. Selon Musonda, Rachidi a été abattu à son poste. Un lieu qu’il n’aurait jamais quitté. «Pour atteindre le bureau de Mzee, Rachidi devait arpenté un couloir, dit-il dans une interview accordée à l’auteur de ces lignes en 2001 pour le journal Le Soft. La porte était fermée de l’intérieur.» Musonda est formel : «Rachidi ne pouvait pas entrer par cette issue». Qui a abattu LD Kabila ? Selon notre interlocuteur, c’est le général zimbabwéen qui est arrivé le premier au Palais. Est-ce pour «identifier» le corps? L’homme téléphone aussitôt au président Robert Mugabe. Après la conversation, l’officier contacte Joseph Kabila, alors chef d’état-major des forces terrestres, qui se trouvait en disgrâce à Lubumbashi. Et ce, depuis décembre 2000, suite à la prise de la localité de Pweto par les forces du RCD appuyées par l’armée rwandaise. Chirudze aurait demandé à regagner la capitale. Un avion de la compagnie aérienne Hewa Bora va le ramener tard dans la nuit. Sans heurts.

Selon des sources, M'zée Laurent-Désiré Kabila faisait face, en ce mois de janvier, à des graves ennuis de santé. Il était diabétique et présentait une tension artérielle très élevée. Il semble que des médecins cubains étaient à son chevet. Dans son édition datée du 17 janvier 2001, le quotidien «La Libre Belgique» écrit : « Selon nos informations, le chef de l’Etat congolais était lundi (Ndlr, lundi 16 janvier) sous baxter au Palais de marbre (…) ; des médecins cubains étaient à son chevet depuis plusieurs jours. Son état de santé s’est-il dégradé au point de pousser son entourage à en profiter ?». Une information que semble confirmer Colette Braeckman. A la page 100 de son ouvrage «Les nouveaux prédateurs – Politique des puissances en Afrique centrale» publié en 2003 aux éditions Fayard, elle note : « (…) le président est de bonne humeur car il envisage de se rendre dans la soirée ou le lendemain au sommet franco-africain de Yaoundé. (…) mais une «crise de malaria» l’a immobilisé à la dernière minute et est encore sous perfusion».

Kabila est mort, vive Kabila! Mercredi 17 janvier, le ministre congolais de l’Information d’alors, Dominique Sakombi-Inongo "Buka Lokuta", annonce la désignation du général-major «Joseph Kabila» en qualité de «coordonnateur intérimaire» du gouvernement et de l’armée. Qui l’a désigné ? Par quels mécanismes? «Il a été désigné par vote secret par les membres du gouvernement», déclarait, She Okitundu au quotidien français «Le Monde». Le jeudi 18 janvier, Sakombi annonce le décès du président LD Kabila, décès survenu, selon lui, à 10 heures, à Harare, au Zimbabwe. Dans une déclaration faite au quotidien «Le Soir» daté 2 février, le même Sakombi lâche à la surprise générale : «Vu la mort de l’assassin, il n’y aura sans doute pas d’enquête». L’affaire est donc classée au grand dam de l’opinion.

Le 26 janvier, le «général Joseph» est investi en qualité de nouveau président de la République. «Je rassure le peuple congolais qu’une enquête judiciaire est ouverte afin que la lumière soit faite sur les circonstances de l’assassinat de l’illustre disparu, annonce le nouveau chef de l’Etat dans une allocution.» «Je veux la vérité totale sur tout ce qui s’est passé», souligne-t-il dans une interview au «Soir» de Bruxelles daté du 7 mars 2001.

Plusieurs arrestations ont lieu dont celle d’Eddy Kapend. Après une année de détention, les présumés assassins ou «comploteurs» - 135 personnes civiles et militaires – sont jugées par la Cour d’ordre militaire (COM) au cours d’un méga-procès qualifié unanimement de «peu équitable».

Un cirque judiciaire. 

Le verdict est tombé le 7 janvier 2003 : trente condamnations à mort pour «attentat, tentative de coup d’Etat, complot, association des malfaiteurs, disparition d’armes de guerre, abandon de poste et trahison.» Parmi les condamnés, un nom sort du lot. Il s’agit de docteur Armand Kubunga Mutombo. Médecin urgentiste à la clinique Ngaliema où le corps sans vie de LD Kabila a été acheminé ce 16 janvier, Kubunga est poursuivi… pour vol. Il semble que le médecin aurait "subtilisé" les sous-vêtements du défunt. Selon certaines indiscrétions, ce praticien aurait été stupéfait de constater que le cadavre présentait des impacts de balles sans baigner dans une marre de sang. Scientifiquement, la mort serait intervenue bien avant que le corps subisse les assauts d’un «tueur». Mise en scène?

Secret d’Etat.

Relayant le juge-président de la COM, le colonel Nawele Bakongo, qui avait déclaré que le dossier n’était pas clos, plusieurs voix se sont élevées pour exiger la réouverture du procès des assassins présumés de Kabila père. Dans un communiqué daté samedi du 16 janvier 2010, l’association de défense des droits humains «La Voix des Sans-Voix pour les droits de l’homme», écrivait, sous la plume de Floribert Chebeya Bahizire, que ce procès «n’a pas fait éclater la vérité sur la disparition du président Laurent-Désiré Kabila». Et de demander au Conseil de sécurité des Nations Unies «de mettre sur pied une commission d’enquête internationale en prévision de la révision» de cette affaire judiciaire. Le même 17 janvier 2010, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya exigeait, au cours d’un sermon, la réouverture du procès des anciens collaborateurs de LD Kabila qui croupissent dans la prison de Makala. Le prélat catholique provoqua l’ire de la presse kabiliste. Celle-ci s’est jetée sur lui à pieds joints. Un lynchage médiatique pour le moins surprenant comme pour dire que les circonstances exactes de la mort de LD Kabila est un secret d’Etat. Un sujet tabou? La «VSV» de revenir à la charge dans les mêmes termes le 17 janvier 2011 : «(…), la VSV demande la réouverture du procès sur l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, et ce, conformément à la conclusion du verdict du 7 janvier 2003 en vue de rendre justice et hommage mérités à feu Laurent-Désiré Kabila, premier président RDCongolais assassiné en plein exercice de ses fonctions.»

Douze années après la mort mystérieuse de Laurent-Désiré Kabila, des questions restent sans réponse : Qui a abattu le président congolais? Qu’en est-il de l’arme du crime? Quel est le mobile? Qui en est le commanditaire? Pourquoi le corps du défunt a-t-il été emmené au Zimbabwe avant de regagner le pays? Qui est réellement la dame Sifa Mahanya présentée comme étant la mère de Joseph, Jaynet et Zoé "Kabila"? Pourquoi a-t-elle été détenue à Makala sur ordre de M'zée Laurent-Désiré Kabila? Qui a ordonné sa libération sans jugement?

Douze années après, Joseph Kabila continue à demeurer un mystère pour la grande majorité de la population congolaise. Qui est-il réellement? Que savez-vous de sa personnalité et de son parcours? L'OVNI continue à sévir et diriger le Congo par défi.

A Paris, l'imposteur a subi la plus grande honte de sa vie par les Résistants-Patriotes-Combattants congolais qui ne l'ont jamais reconnu comme le président de la République démocratique du Congo.