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SACREBOPOL

vendredi 9 mai 2014

Brazzaville a expulsé 52 000 Congolais


Brazzaville a expulsé 52 000 Congolais

MARIE-FRANCE CROS 














En un mois, les autorités du Congo-Brazzaville ont expulsé 52 226 ressortissants du Congo-Kinshasa, selon les chiffres du gouverneur de la capitale de l’ex-colonie belge, bouleversée par la crise.
Les expulsés – auxquels se sont jointes des personnes craignant d’être maltraitées en raison de l’atmosphère hostile régnant à Brazzaville – arrivent en effet tous à Kinshasa. Soit au “Beach Ngobila”, port des bateaux faisant la navette entre les deux capitales sur le fleuve Congo; soit au “Beach Marsavco”, habituellement dédié aux transporteurs venant de l’intérieur du pays.
Selon les témoignages recueillis par les agences de presse à Kinshasa, les expulsés et ceux qui ont quitté volontairement Brazzaville font état de mauvais traitements. Certaines personnes affirment que leurs papiers, pourtant en ordre, ont été déchirés par les policiers brazzavillois pour les expulser.
Pourquoi cette soudaine hostilité, inhabituelle entre deux capitales partageant largement les mêmes cultures, ethnies et même familles  ?
Banditisme ou pétrole  ?
Brazzaville met en avant l’insécurité croissante sur son territoire, attribuée aux frères venus de Kinshasa. L’ex-colonie française a un niveau de vie supérieur à sa voisine et attire donc un grand nombre d’immigrés économiques kinois. Tout le Congo-Brazzaville compte 4 millions d’habitants, soit moins de la moitié de la population de la seule Kinshasa. Et il est vrai qu’en novembre 2013, les autorités kinoises ont procédé à de meurtrières opérations “anti-kuluna” (anti-banditisme), qui ont poussé un certain nombre de ces bandits à traverser le fleuve.
Dans les cercles dirigeants kinois, certains n’excluent cependant pas que la subite colère brazzavilloise ait une autre raison : le pétrole.
Pour la première fois, en effet, ce mois d’avril, Kinshasa a pris position contre l’Angola, aux Nations unies, pour défendre sa souveraineté sur son offshore pétrolier, exploité depuis des années par l’ancienne colonie portugaise (voir “La Libre” du 2 mai).
Or, chacun sait que Luanda et Brazzaville sont étroitement liées par une série d’alliances, et que la seconde appuie la politique de la première. De là à penser que Luanda a discrètement demandé à Brazzaville de faire pression sur Kinshasa, il n’y a qu’un pas. Que certains franchissent d’autant plus rapidement que l’Angola est coutumier du fait.
Expulsions et diamants
Voilà plusieurs années, en effet, que l’Angola expulse des milliers de ressortissants du Congo-Kinshasa, soit chaque semaine quelques centaines de personnes (comme c’est le cas en ce moment, avec un total de 5 000 expulsions depuis le début 2014, mais disséminées le long de la frontière commune), soit, ponctuellement, par grosses rafles, plus frappantes. Cette dernière technique est utilisée notamment chaque fois que Luanda veut faire sentir sa puissance à son voisin, auquel, en 2006-07, elle a déjà pris des territoires (dont certains sont diamantifères) au Bandundu et au Bas-Congo. Kinshasa, jusqu’ici, avait laissé faire, craignant une invasion par l’Angola, qui possède la plus puissante armée de la région.
Car pression sur Kinshasa il y a. L’afflux de 50 000 personnes – et ce n’est pas fini – dans une seule ville est déjà difficile en soi à réguler et absorber. S’y ajoute le fait que parmi elles se seraient glissés des rebelles anti-Kabila, issus de l’ancienne armée mobutiste ou fidèles du général Faustin Munene, un ex-allié des Kabila détenu par Brazzaville.
Kinshasa, une fois de plus, fait profil bas : le récent afflux venu de Brazzaville ne représenterait en effet qu’un dixième du total de ses ressortissants installés de l’autre côté du fleuve…

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