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dimanche 12 avril 2015

Découvertes macabres en RDC :


Quand les charniers de Kabila commencent à parler

Outélé Kéita- JOURNAL LE PAYS / BURKINA FASO

L’affaire de la « fosse commune de Maluku » commence à faire du bruit en République démocratique du Congo (RDC). En effet, contraintes de s’expliquer face aux supputations de certains témoins, les autorités confirment avoir enterré, le 19 mars dernier, de nuit, dans un cimetière de cette localité située à plus de 100 km de la capitale, plus de 400 cadavres qu’elles affirment être ceux d’indigents et de bébés mort-nés.






















Sans remettre en cause les arguments de l’Etat congolais, l’on serait tout de même curieux de savoir comment ce dernier a pu se retrouver avec, à la fois, autant de cadavres de bébés mort-nés et d’indigents. Dans quelles circonstances cela a-t-il bien pu arriver ? Et pourquoi les avoir enterrés à la sauvette, qui plus est, de nuit, à une heure très avancée, si ce n’est pas pour éviter des regards indiscrets ? En outre, quand on connaît le respect dû aux morts en Afrique, l’on se demande comment des personnes sensées peuvent abandonner aux « bons soins de la république », les dépouilles de leurs défunts, fussent-elles celles de nouveau-nés ou de personnes indigentes. Et ce n’est pas deux, trois, ni même une dizaine de cas, mais 424 cadavres. Les chiffres sont simplement effarants, et la faiblesse des arguments de l’Etat qui laissent immanquablement dubitatif, frise l’insulte à l’intelligence du peuple congolais, tant la couleuvre est difficile à avaler.
Manifestement, il y a anguille sous roche. Surtout quand on est face à un régime comme celui de Joseph Kabila, qui traîne une réputation des moins flatteuses et dont la manière forte semble l’arme préférée pour préserver le pouvoir. En témoigne cet embastillement d’éléments de la société civile burkinabè, sénégalais et congolais, récemment soupçonnés de subversion et jetés sans autre forme de procès en prison où certains continuent de méditer leur sort, pour des raisons qui tiennent uniquement à la volonté inébranlable de Joseph Kabila de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. En cela, Kabila a plus d’une fois montré qu’il ne fait pas dans la dentelle, face à toute personne qui peut être une menace supposée ou réelle pour son fauteuil. Et dans le cas d’espèce, l’attitude du gouvernement congolais paraît bien suspecte, vu les mystères qui entourent ce charnier.
En tout cas, en agissant de la sorte, les autorités congolaises donnent le sentiment qu’elles cherchent à cacher quelque chose. Sinon, pourquoi agir de la sorte, si elles ne se reprochent rien? Qu’est-ce qu’il leur coûtait d’organiser, dans les règles de l’art, une cérémonie funéraire en hommage à ces citoyens en situation précaire selon elle, si tant est que l’Etat fût dans son rôle d’assistance à des citoyens démunis ? Une telle démarche laisserait transparaître, certes, un échec de sa politique sociale, mais aurait eu l’avantage de ne pas laisser planer autant de soupçons, au point d’obliger les autorités à ouvrir une enquête. Il est difficile de donner le bon Dieu sans confession à Joseph Kabila.
En effet, ce charnier suscite les plus grandes interrogations, mais aussi les plus vives inquiétudes, surtout de la part de certaines organisations de la société civile qui craignent que ces cadavres ne soient tout simplement ceux de la République, suite aux manifestations de contestation de janvier dernier qui avaient vu de nombreux Congolais descendre dans la rue, pour s’opposer à la modification de la loi électorale en vue de permettre une nouvelle candidature de Kabila en 2016, au terme des deux mandats constitutionnels que lui autorise la loi. Ces manifestations qui avaient duré plusieurs jours, avaient été férocement réprimées par les forces de sécurité qui n’avaient pas hésité à tirer à balles réelles sur la foule et à emporter des cadavres dans une tentative de supprimer des preuves de ces tueries. A l’occasion, l’ONG Human Right Watch avait dénoncé « le recours à une force illégale et excessive » de la part du « gouvernement congolais [qui] a tiré sur des manifestants pacifiques et arrêté des dirigeants de l’opposition dans une tentative de réduire au silence ses détracteurs ».
Autant d’arguments qui font qu’aujourd’hui, il est difficile de donner le bon Dieu sans confession à Joseph Kabila. Car, il est tout à fait possible que des cadavres aient été sortis de leurs placards et enterrés dans cette fosse pour essayer de faire disparaître les preuves. C’est pourquoi il est impératif de mettre en place une commission d’enquête indépendante et crédible, comme le réclament du reste les organisations de défense des droits humains, pour « auditionner ces charniers qui commencent à parler », afin de faire toute la lumière sur cette affaire. D’autant plus qu’il n’est pas exclu que d’ici là, l’on en découvre d’autres. Car, Joseph Kabila a fini de faire la preuve qu’il n’est pas un parangon de démocratie. Bien au contraire. Arrivé par les liens du sang à la tête de l’Etat congolais, Kabila qui n’avait aucune légitimité au départ, a travaillé à se tailler une légalité. Mais très vite, les espoirs de changement des Congolais seront déçus par celui-là même qui n’a cessé, depuis lors, de traîner des casseroles, en termes de violation des droits de l’homme et de restriction des libertés de ses compatriotes.
Dans ces conditions, l’on est tenté de se demander qui va sauver le Congo. En tout cas, s’il apparaît difficile pour Joseph Kabila de se particulariser dans cette région des Grands lacs où la maltraitance de la démocratie semble la chose la mieux partagée, il apparaît aussi que seul un sursaut des peuples de cette région pourra leur assurer le salut. Ne dit-on pas que les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent ? En attendant, la Cour pénale internationale (CPI) serait bien inspirée de s’inviter dans cette affaire qui pue à plein nez l’atteinte à la dignité humaine.

Outélé KEITA

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