Révélations fracassantes de la partie civile : Détenteur du dossier BDK, Chebeya trahi par un avocat
Le procès des assassins de l’activiste des droits de l’homme, Floribert Chebeya, en appel devant la Haute Cour Militaire, est entré hier jeudi 30 juillet 2015 dans la phase des plaidoiries. A l’audience d’hier à la Prison Centrale de Makala, ce sont les avocats de la partie civile qui ont ouvert les hostilités, après qu’ils aient tenté, mais en vain, de soulever une énième requête, liée à la nécessité d’une descente de toutes les parties à Maluku, en vue de faire exhumer les corps y enterrés par l’Hôtel de ville de Kinshasa, afin de s’assurer que celui de Fidèle Bazana, ancien chauffeur de Chebeya, ne s’y trouverait pas. Mais, comme lundi dernier, la Haute Cour a rejeté ladite requête et invité la partie civile à livrer ses conclusions.
Premier à intervenir, Maître Kabengele a révélé que la véritable cause de l’assassinat de Floribert Chebeya était sa possession des données accablantes sur l’affaire Bundu dia Kongo, l’ex-secte du député national Ne Mwanda Nsemi, dont les fidèles avaient été massacrés en 2007 par des éléments des forces de sécurité, dans les territoires de Luozi, Seke-Banza, Tshela, Lukula, Moanda … dans la province du Bas-Congo.
Pour cet avocat, tout est parti du rapport rédigé par le Directeur exécutif de la Voix des sans Voix sur le « génocide » commis par les forces de sécurité sur les adeptes du mouvement politico-religieux Bundu Dia Kongo et dans lequel étaient impliquées plusieurs autorités civiles, militaires et policières du Bas-Congo et de Kinshasa.
Selon cet avocat, le rapport de Floribert Chebeya incriminait l’ancien ministre de l’Intérieur, Denis Kalume Numbi, l’ancien gouverneur du Bas-Congo, Mbatshi Mbatshia et son adjoint, Déo Nkusu, l’ancien Inspecteur général de la police, John Numbi, et l’ancien Inspecteur provincial de la police dans le Bas-Congo, Raüs Chalwe.
Sur la base de ses investigations, il avait stigmatisé l’emploi disproportionné de la force par les éléments de la police et de la Garde républicaine chargés de mater le soulèvement des adeptes de Bundu dia Kongo. Me Kabengele a soutenu que Floribert Chebeya était décidé à déposer une plainte contre les présumés coupables au niveau de la justice belge.
Afin que son organisation, la Voix des sans Voix, puisse se constituer partie civile, Floribert, Chebeya avait sollicité, par un email daté du 31 mai2010, le concours d’un avocat congolais qui preste en Belgique, à savoir Maître Jean Claude Djakani.
A en croire toujours Me Kabengele, cet avocat aurait trahi Floribert Chebeya en vendant la mèche du contenu de cet email à l’ancien conseiller diplomatique du chef de l’Etat, l’actuel gouverneur du Sud- Kivu, Marcellin Chisambo.
« Le sort de Chebeya a été scellé suite à la trahison de son avocat, qui a bafoué l’éthique du métier en divulguant le secret de la plainte », a déploré Me Kabengele, avant d’ajouter que dans la conclusion de son rapport, le Directeur exécutif de la Voix des Sans Voix avait relevé le crime de guerre et le crime de génocide dont s’étaient rendu coupables certaines autorités militaires et civiles congolaises.
Les crimes précités, a-t-il indiqué, sont de la compétence de la Cour Pénale internationale, instance judiciaire que Floribert Chebeya envisageait également de saisir.
En plus de ce rapport sur le génocide contre les adeptes de Bundu dia Kongo, Chebeya avait rédigé un autre portant sur les conditions carcérales inhumaines prévalant dans certains cachots secrets de Kinshasa, notamment celui du Camp Tshatshi, dans la commune de Ngaliema.
Dans ledit rapport, a souligné Me Kabengela, Chebeya avait dénoncé la mort, suite à ces mauvaises conditions, de 7 personnes détenues dans un cachot installé au Camp Lufungula, dans la commune de Lingwala.
Face à son combat pour la défense des opprimés, a-t-il rappelé, Floribert Chebeya était devenu un témoin gênant pour le pouvoir en place, qui n’a pas trouvé d’autre alternative que de l’éliminer physiquement, a déclaré cet avocat de la partie civile, avant de fustiger la mise en place d’une association des malfaiteurs par le général John Numbi pour accomplir la sale besogne.
Pour appuyer son confrère, un autre avocat de la partie civile a fait état de la création, par le général John Numbi, d’un bataillon dénommé « Simba » et confié à un des prévenus dans le procès en cours, le nommé Christian Kengakenga, actuellement en fuite.
Ce même avocat a relevé que le prévenu Paul Mwilambwe, présentement à Dakar, était prêt à témoigner quand l’affaire était jugée au premier degré. Alors qu’il s’était même présenté à la Prison de Makala où se tenaient les audiences foraines, il était surpris d’être arrêté et conduit dans les geôles de l’ANR. Peu après, il s’était retrouvé à Lubumbashi, dans des circonstances floues, avant de sortir du pays.
Les avocats de la partie civile, qui vont poursuivre leurs plaidoiries à l’audience du lundi 3 août 2015, ne demandent qu’une chose : la manifestation de la vérité, pour que les vrais coupables, principalement John Numbi et le général Oleko, répondent de leurs actes.
Par Eric WEMBA
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