KINSHASA — La situation restait tendue samedi en République démocratique du Congo où la Commission électorale (Céni) devait livrer de nouveaux résultats de la présidentielle, après un premier décompte très partiel donnant le président Joseph Kabila et l'opposant Etienne Tshisekedi loin en tête.
Les résultats n'ont été donnés province par province que pour un total de 15% des quelque 64.000 bureaux de vote et avec un pourcentage de bureaux différents selon les provinces.
Ainsi, au Katanga, une région traditionnellement favorable au président sortant Kabila et qui compte le plus grand nombre d'électeurs inscrits (4,6 millions), la Céni a donné les résultats pour 27% des bureaux.
En revanche, à Kinshasa (près 3,3 millions d'inscrits), province qui penche pour l'opposant Etienne Tshisekedi, les résultats partiels ne couvrent que 0,02% des bureaux.
Il n'est donc pas étonnant à ce stade de voir Kabila être en tête avec 52% des voix, devant Tshisekedi (34%). La seule certitude est que les deux rivaux ont nettement devancé les neuf autres candidats, le premier d'entre eux, l'opposant et ex-président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe, ne totalisant qu'environ 5%.
"C'est de l'irresponsabilité, de la provocation. On ne peut que critiquer ces chiffres", donnés par la Céni, a commenté à l'AFP Jacquemin Shabani, secrétaire général de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de M. Tshisekedi.
"Pourquoi seulement 0,02% des bureaux de vote à Kinshasa, alors qu'on sait, et nous avons des témoins, que dans 90% des centres de vote le résultat est connu ?", s'est-il interrogé.
Le son de cloche est évidemment différent du côté de la coalition de partis de la Majorité présidentielle (MP), son secrétaire général Aubin Minaku saluant l'attitude "responsable" de la Céni.
La totalité des résultats ne devait être annoncée que mardi, mais la Céni a décidé d'en donner de très partiels, après avoir été victime d'un piratage de son site internet où un tableau complet des résultats de la présidentielle avait été publié un court moment, et alors que des chiffres fantaisistes circulaient également à Kinshasa depuis le lendemain du vote de lundi.
De nouveaux chiffres partiels devaient être donnés samedi par le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président de la Céni.
L'annonce de ces résultats intervient dans un contexte tendu et la crainte de nouvelles violences, après celles qui avaient marqué la fin de la campagne jusqu'au vote du 28 novembre.
Pendant ces trois jours, du 26 au 28 novembre, au moins 18 civils, dont 12 près de l'aéroport de Kinshasa, ont été tués, principalement par la Garde républicaine (ex-garde présidentielle), selon un rapport publié vendredi par l'ONG Human Rights Watch (HRW).
"Il n'y a eu aucun mort, ni aucun blessé" près de l'aéroport, a affirmé à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende.
"Il y a des informations qui sont réelles dans ce rapport", a-t-il reconnu avant d'accuser HRW de vouloir "mettre de l'huile sur le feu", en avançant des "accusations gratuites" contre la Garde républicaine qui a "tiré en l'air pour disperser une foule hostile", a-t-il assuré.
Vendredi, les quinze pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU "ont insisté pour que tous les candidats oeuvrent à maintenir un environnement calme et serein, observent de la retenue et attendent les résultats".
Ils ont "condamné la violence dans certaines parties du pays" et "exhorté toutes les candidats et leurs partisans à se garder de tout acte de violence".
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