Les partis de l'opposition et la coalition des mouvements de la Société civile voulaient la tête du pasteur Daniel Ngoy Mulunda, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), mais ils ne l'ont pas eu. Soutenu par les députés de la Majorité Présidentielle, le patron de la CENI est réparti du Palais du peuple sur ses deux pieds.
La population congolaise se souviendra longtemps de la plénière de l'Assemblée nationale du 2 juillet 2012. Au cours de celle-ci, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président de la CENI, a fait des révélations qui risquent de relancer le débat sur les résultats contestés des élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011 publiés par la CENI et confirmés par la Cour suprême de justice.
En effet, quelques jours après la publication des résultats des scrutins du 28 novembre 2011, des missions d'observation des élections tant nationales qu'internationales avaient émis des doutes sur la véracité des résultats sortis des tiroirs de la CENI. Les mêmes thèses étaient soutenues par les partis politiques de l'opposition.
La bombe de l'Archevêque de Kinshasa
Le débat sur ces résultats était relancé après la conférence de presse de l'Archevêque de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya. Ce dernier demandait à la CENI de dire la vérité des urnes parce que le prélat affirmait qu'il détenait des chiffres contraires à ceux livrés par la CENI. D'aucuns se souviendront à l'époque que le chef de l'église catholique de Kinshasa était traîné dans la boue par la presse progouvernementale. Le stade des Martyrs lui était même refusé pour célébrer la messe des jeunes et l'ordination de nouveaux prêtres.
Les chiffres de la MONUSCO
Pressé par les députés de l'opposition et la Société civile, le président de la CENI a finalement éventré le boa lors de la plénière du 2 juillet dernier. Ce jour-là, Daniel Ngoy Mulunda a révélé que les chiffres donnés par le Cardinal Laurent Monsengwo venaient d'un agent de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO).
A en croire le président de la CENI, l'agent de la CENI -il serait un proche conseiller de Roger Meece, le Représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU- avait envoyé ces chiffres (dans un courriel électronique) à ses supérieurs et à plusieurs autres personnalités, parmi lesquelles l'Archevêque de Kinshasa. Ce sont les chiffres que le prélat catholique avait brandi lors de son point de presse.
Que des questions
La révélations faite par Daniel Ngoy Mulunda suscite plus d'une question. Comment cet agent de la MONUSCO a-t-il pris le risque de mettre ces chiffres -contraires à ceux livrés par la CENI- sur le Net sachant qu'ils pouvaient engendrer des troubles comme en Côte d'Ivoire? D'où cet agent a-t-il tiré ces chiffres? Pourquoi la CENI n'avait-elle pas réagi à l'époque pour dénoncer la démarche de cet agent de la MONUSCO? Pourquoi Daniel Ngoy Mulunda (qui avait mis en exergue son statut devant les députés) avait laissé la presse gouvernementale traîné le prélat catholique dans la boue au lieu de dire que ces chiffres venaient de la MONUSCO? Au-delà de toutes ces interrogations, il faut dire que la révélation du président de la CENI, bien que tardive, jette un doute sur la crédibilité de la réélection de Joseph Kabila. Dans la mesure où la MONUSCO est une outillée en ce qui concerne la matière électorale. Tout le monde attend de la MONUSCO lors de son point de presse hebdomadaire de ce matin.
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