Kampala: des pourparlers pour la galerie
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Suspendues à la veille de Noël, les négociations ont repris dans la capitale ougandaise, réunissant d’un côté les représentants du mouvement rebelle M23 et de l’autre des représentants des autorités de Kinshasa.
L’ouverture de ces pourparlers politiques avait été décidée en décembre dernier, en échange de l’évacuation de Goma par les militaires mutins. Ces derniers s’étaient emparés le 20 novembre de la capitale du Nord Kivu, infligeant une cuisante défaite aux forces gouvernementales et humiliant les forces des Nations unies qui n’avaient pu empêcher la chute de la ville. Soumis à de fortes pressions internationales, les militaires mutins avaient accepté d’évacuer Goma et de se retirer à une distance de 20 km, mais selon de nombreux témoignages, alors que les autorités ont repris possession du centre-ville, les incursions militaires persistent dans les faubourgs et la pression militaire ne s’est pas démentie. Selon le gouverneur du Sud Kivu M. Paluku, qui déplore d’importants dégâts matériels, au moins 27 personnes ont été tuées au moment de l’offensive et un million de réfugiés internes ont été enregistrés.
S’ils demeurent en position de force sur le plan militaire, les rebelles qui menacent à tout moment de reprendre Goma ont également tenté de « muscler » leur représentation sur le plan politique : à Kampala la vice présidence de l’équipe de négociations a été confiée à un « vétéran » de l’opposition, le député Roger Lumbala, président d’un petit parti, le RCDN (Congrès national pour la démocratie). Lumbala, qui est en passe d’être destitué de son siège au parlement national et de répondre de charges de haute trahison , est une figure connue, qui jouit de soutiens dans les milieux tshisekedistes et flirta, en son temps, avec plusieurs mouvements rebelles.
La présence de Lumbala à la table de négociations devrait permettre aux militaires rebelles d’élargir le niveau de leurs revendications : dès l’ouverture de la séance de reprise, ils ont formulé des exigences d’ordre politique, remettant en cause le pouvoir du président Kabila, exigeant plus de fédéralisme et une meilleure gouvernance. Sur le plan militaire, ils ont exigé la mise en œuvre d’un cessez le feu de la part des forces gouvernementales et assuré que ces dernières adoptaient un comportement offensif, multipliant les survol au s dessus des fiorces rebelles. La médiation est assurée par le ministre ougandais de la défense, au nom du pays hôte, alors que l’Ouganda est cependant accusé de partialité et soupçonné d’appuyer en sous main son vieil allié rwandais, directement mis en cause pour son soutien aux rebelles.
L’abbé congolais Malu Malu, qui dirige la délégation gouvernementale aux côtés du Ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda, nous a expliqué par téléphone « qu’avant la première rencontre en plénière, nous avons commencé à rencontrer les chefs de délégation, mais le facilitateur ougandais a du quitter Kampala pour se rendre à Addis Abeba au siège de l’Union africaine. »
Malgré les prémices de négociation, tout semble indiquer en effet que l’essentiel se joue ailleurs : Kinshasa compte beaucoup sur le prochain déploiement au Nord Kivu de militaires d’ Afrique australe (Tanzanie, Zimbabwe, Afrique du Sud, une présence angolaise n’étant pas encore acquise) et paiera une partie des frais engagés, 20 millions de dollars environ. Ces militaires opéreront-ils comme une « force neutre » relevant de la Conférence internationale pour la sécurité dans les Grands Lacs, (dans laquelle le Rwanda et l’Ouganda jouent un rôle déterminant) ou tireront ils leur légitimité d’une résolution de la SADCC (Conférence des Etats d’Afrique australe) qui appuie nettement le principe de la souveraineté congolaise. A Addis Abeba, loin du champ de bataille, c’est une négociation interafricaine qui prendra le pas sur les « pourparlers intercongolais » de Kampala, ressemblant de plus en plus à une manœuvre de diversion…
30 décembre 2012
http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/
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