Présidentielle 2016 : les USA excluent tout report
Très impliquée dans la résolution de la crise congolaise, l’administration Obama s’investit à fond pour sauvegarder les acquis démocratiques. A la faveur de l’avènement de la paix, les Etats-Unis veillent au grain et n’entendent pas voir voler en éclats le nouvel élan imprimé dans les Grands Lacs. Aussi tiennent-ils à l’organisation de l’élection présidentielle en RDC à l’échéance de 2016. Le rappel sans détours ni circonlocutions de Russ Feingold va au-delà d’un simple conseil d’ami. Il s’agit plutôt d’une interpellation.
La forte implication de l’administration américaine dans la crise congolaise s’est soldée par la déroute en novembre dernier de l’ex-mouvement rebelle, le M23. Pour marquer davantage leur présence dans les Grands Lacs, les Etats-Unis ont commis un envoyé spécial dans la région, en la personne de Russ Feingold.
Depuis, Washington est bien présent dans la région, particulièrement dans la crise qui secoue la partie Est de la République démocratique du Congo.
Si la solution militaire a été la voie obligée pour mettre fin à l’aventure du M23, l’administration américaine est d’avis qu’une solution politiquement conciliante pour toutes les parties est nécessaire pour engager durablement la RDC sur la voie de la paix et de la sécurité. C’est dans cette dynamique que s’est inscrite la signature à Nairobi des déclarations séparées sanctionnant les pourparlers engagés en décembre 2013 entre Kinshasa et le M23.
WASHINGTON TRACE LA VOIE
C’est dans cet esprit aussi que les Etats-Unis rappellent la nécessité pour la RDC de maintenir le processus démocratique par l’organisation dans le délai, c’est-à-dire à l’échéance de 2016, de l’élection présidentielle, sans doute couplée aux législatives. Relayant la position de l’administration Obama, Russ Feingold a été plus qu’explicite sur le sujet.
Dans une déclaration faite depuis Washington, peu avant son voyage à Luanda où il a participé au 5ème sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), l’envoyé spécial d’Obama dans la région des Grands Lacs a accordé « une attention particulière à la nécessité de faire progresser les préparatifs des élections locales, ainsi qu’à l’exigence d’organiser l’élection présidentielle vers la fin de 2016 et de garantir l’imputabilité ». Russ Feingold a par ailleurs interpellé les parties signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, mettant particulièrement l’accent, sans autre précision, sur « la mise en œuvre des engagements de la RDC ».
Le plus évident est que les Etats-Unis ont tracé la voie à suivre pour garantir la paix en RDC. En effet, pour Washington, le respect des échéances électorales passe pour la seule option possible en vue d’une paix durable en RDC.
Calendrier à la main, Russ Feingold fait le décompte et reste convaincu qu’une crise de légitimité accentuerait la crise pire que dans le passé. D’où, le besoin de maintenir les acquis, notamment le cycle électoral qui se déroule tant bien que mal.
De l’avis de Washington, rien ne pourrait dès lors justifier un quelconque report des élections en 2016. De ce point de vue, le respect du calendrier conditionnerait la poursuite de son engagement en faveur d’un retour rapide et durable de la paix en RDC. Celle-ci a tout intérêt à s’engager sur cette voie.
Nombre d’observateurs pensent, à juste titre d’ailleurs, que la déroute du M23 a été rendue possible grâce aussi à l’intervention énergique des Etats-Unis. Et depuis un temps, estiment-ils, Washington a sensiblement revu sa perception de la crise congolaise. Il ne s’est pas gêné, malgré les liens étroits qu’il entretient avec Kigali, de condamner ouvertement la mainmise du Rwanda dans la rébellion menée par le M23. Un partenaire de cette envergure est un allié inattendu dont les points de vue pèsent sur la balance.
Plus que déterminé à remettre de l’ordre dans l’Est de la RDC, Washington a également demandé à la Monusco de « redoubler d’efforts » dans la lutte contre les rebelles hutu rwandais (FDLR) présents dans l’Est de ce pays.
« Contre les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), il faut le même programme que contre le M23 », a dit à ce propos Russ Feingold. « Il est primordial que la Monusco, conformément à sa mission, redouble d’efforts pour honorer son engagement de mener des opérations de soutien au [combat] contre les FDLR », a ajouté Feingold, à l’escale de Johannesburg (Afrique du Sud), avant d’atteindre Luanda.
Etant donné la redéfinition perceptible des équilibres par l’administration Obama, cette déclaration de l’envoyé spécial de la Maison blanche doit être prise avec tout le sérieux possible. L’ex-sénateur rappelle en des termes clairs et sans équivoque la position de son pays par rapport à la crise congolaise. Autrement dit, Washington n’entend pas assister à la rupture du consensus électoral acquis depuis 2006, puis renouvelé en 2011 avec détermination par les Congolais eux-mêmes. Plus qu’un rappel, Washington en fait même une « exigence ».
Malumalu obtient un soutien de taille
Parallèlement à l’engagement des Etats-Unis, la Commission électorale nationale indépendante a auparavant fait part de sa détermination à rouvrir le cycle électoral en cette année 2014. En effet, pour son président, l’abbé Apollinaire Malumalu, tout doit être mis en œuvre pour boucler ce processus en 2016 avec l’organisation de l’élection présidentielle.
Les déclarations de l’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs viennent donc réconforter la thèse de la CENI. Reste cependant à convaincre la classe politique congolaise qui, réunie en Concertations nationales, a levé l’option de conditionner l’ouverture du cycle électoral par l’organisation à l’échelle nationale du recensement de la population.
Désormais, dans son projet de relancer le cycle électoral entre 2014 et 2016, M.l’Abbé Malumalu peut compter sur le soutien des Etats-Unis.
Il va de soi que Washington devra également mettra la main à la poche en vue du financement de l’organisation desdits scrutins"
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