La version inédite de la perquisition chez John Numbi
Près de deux semaines après la perquisition de la résidence de John Numbi, la rédaction de “CONGONEWS” a réussi à en percer le mystère. Il a fallu plusieurs jours pour pénétrer au coeur du sanctuaire Balubakat à partir de ses ramifications kinoises pour reconstituer, étapes après étapes, ce qui s’est passé réellement au rond-point Carrefour, à Lubumbashi.
Comme dans toute trame, il y a eu un prélude, une suite d’événements qui ont conduit à ce qui a été manifeste à l’oeil. Ceux qui en ont fait la reconstitution à “CONGONEWS” se comptent parmi les personnalités Balubakat les plus impliquées dans une médiation secrète mise en place dès les premières manifestations violentes des Bakata-Katanga, dans la capitale du Katanga.
A l’époque, en 2012, le régime décide de remettre Numbi sur la sellette. Mission est confiée au Général de la police suspendu d’entreprendre de bons offices auprès des Bakata-Katanga et d’autres groupes armés à connotation tribalo-ethnique qui écument la province cuprifère.
Plus d’une dizaine d’organisations de cette nature sont recensées. Il faudra à l’ancien patron de la police des semaines pour faire le tour de la province et parler directement et personnellement avec chaque chef de guerre. Il en reviendra avec une abondante et importante collecte des données sur les revendications des Bakata-Katanga et autres groupes rebelles.
C’est à ce stade, le second semestre 2013, que le patron de l’ANR, Kalev, s’implique, de manière directe, sur instruction de la hiérarchie. Richard Muyej aussi, le ministre de l’Intérieur.
Avec Numbi, ils mettent en place une commission dite ad hoc pour examiner la moisson ramenée des discussions avec les chefs de guerre. Des procès-verbaux de réunion en font foi.
Numbi à Kinshasa
La commission s’est réunie à quatre reprises. A chaque séance de travail, la rondelette somme de 50.000 dollars a été déboursée au titre de collation pour l’ensemble de ses membres.
Une simple multiplication par 4 donne 200.000 dollars pour l’ensemble des travaux. Demandez-vous c’est qui le bailleur au bas de laine si garni? Pas grand’chose n’a été dit à “CONGONEWS” sur les conclusions de ces discussions.
Toujours est-il que l’une des sources a fait état d’une recommandation prise en faveur de John Numbi pour sa réhabilitation. Un délai a été même donné, endéans trente jours du terme de la commission.
Dans l’entre-temps, il fallait à Numbi obtenir des gages auprès des chefs de guerre. D’où l’idée de les amener tous à Lubumbashi, dans sa résidence, question de faire montre de leur bonne foi à s’engager dans le processus de pacification enclenché.
Pendant des semaines, casse-croûte et rafraîchissement ont été assurés, sans rupture, aux hôtes de Numbi, en pleine connaissance des autorités à Kinshasa. Qui a payé la note salée pour l’entretien d’une vingtaine de personnes? Assurément, le même bailleur.
Les choses en étaient là lorsque les dernières mises en place dans la police sont venues dire à Numbi qu’il en avait pour ses propres illusions. La tension est très vite montée dans le clan Balubakat où certains prenaient ou prennent encore le poste d’inspecteur général de la police pour leur chasse-gardée.
Puis, il y a eu le drame qui a porté le malaise au paroxysme, le pseudo-putsch du 30 décembre 2013. Numbi a rajouté lui-même de l’huile sur le feu avec le commentaire qu’il s’est permis, dans les médias, sur les attaques simultanées de la RTNC -la télévision publique- du quartier général de l’armée et de l’aéroport international de N’djili.
A partir de ce moment là, il fallait lui faire payer. Ainsi le stratagème d’une perquisition chez lui pour aller prendre des chefs de guerre qu’il avait fait venir à Lubumbashi avec le consentement des autorités. Le reste, Lambert Mende s’en est chargé pour faire passer les “interpellés” pour des “personnes à identité douteuse”.
Depuis, ils ont été tous transférés à Kinshasa mais il n’y a toujours pas de procès. Ils avaient cru à la bonne foi de John Numbi. Aujourd’hui, ils lui en veulent. Sentiment légitime de la part des gens convaincus que Numbi les a piégés. En fait, c’est John Numbi qui s’est fait piéger par le régime.
Depuis sa ferme, à 45 kilomètres de Lubumbashi, il sent la rancœur qui monte contre lui dans les maquis des différents groupes armés privés de leurs meneurs. Qui lui donnera l’occasion d’expliquer à ses “frères” que sa bonne foi été trahie?
D’ici là, il pourra trouver une tribune devant une nouvelle “commission” de 31 dignitaires Balubakat partis de Kinshasa, depuis le début de semaine, pour aller tenter d’apaiser les esprits au sein de la communauté. Pendant que nous allions sous presse, des sources concordantes ont fait état de la présence de John Numbi à Kinshasa depuis 48 heures.
Aucune source indépendante n’avait confirmé. Numbi à Kinshasa, ça ne peut être que sur invitation de Joseph Kabila lui-même.
MTN
(Avec Congo News) (1881)
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