Pas de changement de Constitution en RDC
Après avoir longtemps donné de la voix en début d’année, dans le sillage des diplomates occidentaux basés à Kinshasa qui s’étaient exprimés, au nom de leurs Etats, contre toute modification de la Constitution en République Démocratique du Congo, Russ Feingold vient de se signaler de nouveau à partir de Londres. Selon des sources indépendantes, le Représentant spécial des USA dans les Grands Lacs a exhumé le sujet ultra-sensible de la révision constitutionnelle en Afrique en général et en territoire congolais en particulier.
On laisse entendre qu’il a profité d’un meeting politique auquel étaient conviés, hier à Londres, des diplomates, des hommes politiques et des Africains de la diaspora, et ayant pour point focal, ce qui venait de se passer au Burkina Faso pour revenir sur les échéances électorales de 2015 et 2016 en République Démocratique du Congo.
Comme il l’avait déjà martelé il y a plusieurs mois, Russ Feingold a rappelé la position de son pays, foncièrement opposé à tout changement de la Constitution dans notre pays. A l’en croire, les USA exigent que la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) revisite son calendrier électoral, de manière à lui imprimer un caractère global. Ceci sous-entend notamment l’intégration de l’élection présidentielle et sa tenue durant l’année 2016, conformément aux prescrits de la Constitution relatifs à l’expiration du mandat du Président de la République actuellement en fonction.
Il a tenu à souligner qu’en aucun cas, l’élection présidentielle ne devrait être fixée à une échéance autre que celle constitutionnellement admise.
Les propos de Russ Fingold font penser aux observateurs que la situation politique de la République Démocratique du Congo est suivie à la loupe du côté de Washington. Il s’agit aussi implicitement d’un rappel à l’ordre aux partisans de la révision constitutionnelle, par voie parlementaire ou référendaire, quant à l’impératif de ne pas chercher à modifier les règles du jeu démocratique face aux échéances électorales de 2015 à 2016.
Que penser de la sortie de celui qui représente l’œil et l’oreille du président Obama dans les Grands Lacs ? L’enseignement à en tirer est qu’avant comme après le Sommet USA-Afrique, Washington s’en tient à sa nouvelle vision de l’Afrique, qui devrait se muer en continent d’institutions fortes et non d’hommes forts. Et, visiblement, pareille mutation devrait passer par l’alternance politique, plus précisément la volonté du souverain primaire, à exprimer par les urnes.
La triste fin de Blaise Compaoré qui, comme par hasard, avait continué à soutenir, en contradiction avec le credo d’Obama, que pour avoir des institutions fortes, l’Afrique devrait avant tout avoir des hommes forts, devrait faire réfléchir les hommes au pouvoir aux quatre coins de notre continent. L’insistance de Russ Feingold sur le cas de la RDC devrait inciter ceux qui ont la charge de l’organisation des scrutins locaux, municipaux, urbains, sénatoriaux, législatifs et présidentiel à bien lire les signes du temps, comme on dit.
Nombre d’analystes politiques pensent que l’avenir de l’Afrique est en train d’être décidé dans les capitales occidentales. D’où, faire la sourde oreille à ce qui vient des maîtres du monde serait, pour les décideurs politiques du continent, une grosse erreur. L’après Compaoré montre que la nouvelle carte politique du Burkina Faso est tracée ni par l’armée burkinabé, ni par l’opposition burkinabé, ni par le peuple burkinabé, mais bel et bien par les puissances occidentales.
Bref, qu’on le veuille ou pas, le dernier mot, dans le futur du continent, ne revient pas aux Africains.
Kimp
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