Obama a choisi Kerry comme secrétaire d'État
Le Point.fr- Publié le - Modifié le
Le candidat malheureux à la Maison-Blanche en 2004 doit remplacer l'actuelle chef de la diplomatie américaine.
John Kerry au Sénat.© J. Scott Applewhite / AP / Sipa
Le président des États-Unis Barack Obama a choisi le sénateur John Kerry pour prendre la succession de Hillary Clinton au poste de secrétaire d'État, ont annoncé samedi soir les chaînes de télévision CNN et ABC. CNN a cité un "démocrate ayant parlé à John Kerry" à l'appui de son information, tandis qu'ABC a évoqué des "sources" non identifiées. La Maison-Blanche n'a pas confirmé. Candidat malheureux à la présidence américaine en 2004 contre George W. Bush, John Kerry, héros décoré du Vietnam avant de devenir militant contre la guerre, sénateur du Massachusetts (nord-est) depuis 1985, vient d'avoir 69 ans. Chef depuis quatre ans de la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat où il a succédé à l'actuel vice-président Joe Biden, il est considéré comme le favori pour prendre la tête de la diplomatie de la première puissance mondiale depuis l'annonce cette semaine par l'ambassadrice à l'ONU Susan Rice qu'elle renonçait à briguer ce poste.
Susan Rice, proche de Barack Obama, avait été visée par des critiques acerbes d'élus républicains pour ses prises de position après l'attentat de Benghazi (Libye) qui avait coûté la vie le 11 septembre dernier à quatre Américains, dont l'ambassadeur Christopher Stevens. Elle avait affirmé le 16 septembre sur des télévisions que cette attaque n'était "pas forcément un attentat terroriste", mais résultait plutôt d'une "manifestation spontanée ayant dégénéré". Depuis, l'administration a reconnu que l'attaque avait été planifiée. Les élus soupçonnaient Susan Rice et la Maison-Blanche d'avoir délibérément cherché à tromper les Américains sur le caractère terroriste de cette attaque, pour ne pas ternir le bilan de Barack Obama quelques semaines avant l'élection présidentielle du 6 novembre, qu'il a finalement remportée.
Un homme consensuel
Parmi ces responsables figuraient les sénateurs John McCain et Lindsey Graham, d'influents parlementaires qui avaient le pouvoir de bloquer la nomination de Susan Rice. Les nominations aux postes gouvernementaux américains sont en effet soumises à la confirmation du Sénat, chambre où les alliés démocrates de Barack Obama disposent d'une majorité simple, mais pas de la majorité qualifiée nécessaire pour bloquer une obstruction éventuelle de l'opposition. À ce titre, John Kerry, avec sa longue expérience au Capitole, est considéré comme un candidat bien plus consensuel que Susan Rice à la succession de Hillary Clinton. Cette dernière, après quatre années passées à diriger la diplomatie américaine à un rythme effréné, a dit vouloir prendre du champ, même si son nom est sur toutes les lèvres à Washington pour une éventuelle candidature à la présidentielle de 2016.
Outre Hillary Clinton, plusieurs ministres de premier plan de Barack Obama ont fait part de leur volonté de ne pas servir sous son second mandat qui commencera le 20 janvier : le secrétaire au Trésor Timothy Geithner est donné partant, tout comme Leon Panetta, le secrétaire à la Défense. À ce dernier poste, Barack Obama envisagerait de nommer un ancien parlementaire de la même génération que John Kerry, et lui aussi ancien combattant décoré du Vietnam : l'ex-sénateur républicain du Nebraska (centre) Chuck Hagel, 66 ans. L'appartenance de Chuck Hagel au Parti républicain pourrait faciliter la validation de sa nomination par ses anciens collègues du Sénat, même si ce modéré n'a pas toujours épousé les thèses dominantes de son parti en matière de politique étrangère, critiquant notamment la stratégie de l'ancien président George W. Bush en Irak et marquant sa différence sur le dossier israélien.
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