Face à l’offensive, le M23 recule. Cèdera-t-il?
L’action de la Brigade d’intervention de l’Onu est décisive.
Est-ce l’hallali pour le M23? C’est la question que certains se posent, alors que cette rébellion congolaise active au Nord-Kivu subit depuis la semaine dernière une offensive des troupes congolaises, appuyées massivement par des casques bleus, qui l’oblige à reculer.
Cette subite accélération a été permise par trois changements importants.
D’abord l’arrivée de l’Allemand Martin Kobler au poste de Représentant spécial du secrétaire général de l’Onu au Congo: bien plus déterminé que son prédecesseur, l’Américain Roger Meece, il a, lui, ordonné une réplique dès que le M23 a bombardé Goma, le 22 août.
Ensuite, la décision de l’Inde, un des principaux fournisseurs de troupes à l’Onu pour le Kivu, de rapatrier ses hélicoptères de combat. New Delhi est notoirement réticente à risquer ses hommes et son matériel dans des combats au Congo, ce qui a souvent handicapé la capacité des casques bleus à agir. Une fois les hélicoptères indiens officiellement indisponibles, l’Onu s’est adressée à l’Ukraine, qui a fourni des hélicoptères et des pilotes prêts à participer aux combats.
Enfin, la Brigade d’intervention de l’Onu destinée à neutraliser les groupes armés au Congo - pas seulement le M23 - a commencé la semaine dernière à participer aux affrontements, même s’il lui manque encore son contingent malawite: une unité de tireurs d’élite sud-africaine aurait, selon la presse nationale, tué six officiers du M23 et les artilleurs tanzaniens ont détruit des pièces d’artillerie des rebeles congolais qui tiraient sur Goma, dont un char T55.
Le M23 vaincu?
Grâce à cela, l’armée congolaise a pu avancer - non sans dommages - et prendre quelques positions du M23, lui occasionnant d’importantes pertes en hommes et armements. Elle s’apprête maintenant à tenter de poursuivre sa progression sur Kibumba.
Faut-il pour autant en conclure que le M23 est vaincu?
Non, car Martin Kobler dit avoir donné l’ordre de soutenir l’armée congolaise pour repousser les pièces d’artillerie du M23 là où elles ne peuvent plus atteindre Goma. L’appui de la Brigade d’intervention à l’armée de Kinshasa n’ira donc sans doute pas plus loin que la région de Kibumba, explique une source de "La Libre Belgique". Si le M23 était repoussé jusqu’au pied du volcan Mikeno, il ne pourrait plus recevoir d’appui du Rwanda par véhicule, ce qui limiterait sérieusement les possibilités de Kigali de venir en aide à son allié.
Or, sans appui onusien, même si elle a fait des progrès ces derniers temps et même si Kabila a littéralement déversé toutes ses troupes valides sur ce front, il est peu vraisemblable que l’armée congolaise vienne à bout seule du M23. "La victoire n’est pas le fait exclusif de l’armée congolaise: le poids de la Brigade d’intervention de l’Onu a été déterminant et notre armée continue à souffrir des mêmes maux", nous explique Onesphore Sematumba, du Pole Institute de Goma. "La Brigade n’est qu’un des outils d’une stratégie qui ne laisse pas les coudées franches aux va-t-en-guerre", ajoute-t-il.
De fait, jeudi est convoqué à Kampala un sommet de la Conférence internationale pour la Région des Grands lacs. Le dernier, le 31 juillet à Nairobi, avait notamment appelé à une conclusion rapide des négociations entre Kinshasa et le M23. Ouvertes en décembre 2012, elles sont au point mort depuis février 2013, quand Kinshasa a reconnu n’avoir que partiellement appliqué un accord de paix de 2009 pour le Nord-Kivu - manquement qui est la raison officielle de la création du M23, en mai 2012.
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