Fosse commune de Maluku:Evariste Boshab attendu à l’Assemblée nationale
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Le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité, Evariste Boshab Mabudj, sera de nouveau face aux députés samedi 2 mai ou lundi prochain, à la suite d’une motion de défiance initiée contre lui par des députés de l’opposition sur l’affaire de la fosse commune de Maluku. Les députés signataires de cette motion dont Delly Sessanga Ipungu lui reprochent l’enterrement massif le 19 mars dernier de 425 Congolais dans des conditions qu’ils jugent inhumaines dans une fosse commune dans la commune urbano-rurale de Maluku.
«Il y a eu des atteintes grave à la dignité humaine. Il a y eu une forte banalisation de ce qui s’est passé. Et il nous semble que la responsabilité politique du vice-Premier ministre [Boshab] est engagée. Et nous attendons nous en expliquer dans le cadre de ce que prévoit la constitution», a affirmé le député Sessanga.
Il a par ailleurs dit avoir été surpris que cette motion n’ait pas été débattue en plénière depuis son inscription au bureau de l’Assemblée nationale, il y a plus d’une dizaine de jours. «Alors que de droit, elle [motion de défiance] doit pouvoir être alignée et que la condition de recevabilité est purgée par la présence de plus de cinquante signatures apposées sur le document», a estimé la même source.
Vous pouvez écouter Delly Sessanga:
A en croire Aubin Minaku, le retard enregistré dans la programmation de cette motion en plénière de la chambre basse est consécutif à son absence au pays. Le président de l’Assemblée nationale a tenu donc à préciser que le dépôt de cette motion avait coïncidé avec son voyage pour la République de Corée.
Les signataires de la motion reprochent notamment à Evariste Boshab l’enterrement massif le 19 mars dernier de 425 à Maluku. La découverte de la fosse commune avait été faite par la population riveraine du cimetière Fula-Fula de Maluklu qui avait saisi la Monusco, la Mission de l’Onu pour la stabilisation en RDC. Elle avait à son tour saisi le Procureur général de la République qui a ouvert une enquête sur cette affaire.
Evariste Boshab va revenir à l’Assemblée pour la deuxième fois pour élucider l’affaire de cette fosse commune. Le 20 avril dernier, le vice-Premier ministre avait, devant la chambre basse du Parlement, reconnu l’inhumation massive de ces Congolais au cimetière Fula-Fula, dans la commune de Maluku, à 80 km de Kinshasa. A la suite d’une question orale qui lui avait été adressée, Evariste Boshab avait estimé que cet enterrement avait respecté la loi en la matière qui date de l’époque coloniale. Pour lui, il s’agit non pas d’une fosse commune, mais plutôt d’une tombe commune.
"RDC : polémique, loi coloniale et fosses communes
La découverte d'une fosse commune à Maluku suscite l'émoi et un débat sur les modalités d'inhumation des cadavres non réclamés par leur famille. Surprise : c'est une loi coloniale qui est encore en vigueur.
En RD Congo, une affaire en cache souvent une autre. Alors que les circonstances dans lesquelles 421 corps ont été nuitamment inhumés le 19 mars dans une fosse commune du cimetière Fula-Fula de Maluku, en banlieue kinoise, soulèvent bien des interrogations, la polémique enfle sur la législation en vigueur en matière funéraire. Celle-ci date en effet de l'époque coloniale. Plus de cinquante ans après l'indépendance !
"C'est la branche orpheline du droit congolais", a reconnu Évariste Boshab, vice-Premier ministre chargé de l'Intérieur, appelant les députés à se pencher sur la question. D'autant que le texte de référence portant sur les déclarations de décès, les autorisations d'inhumer, la levée des corps, les délais pour les funérailles, les éventuelles autopsies et les modalités des obsèques est une ordonnance du pouvoir colonial belge, adoptée le 15 mars 1950 et qui ne comprend qu'un seul article.
Législation obsolète
Une législation obsolète, qui se réfère elle-même à des textes réglementaires signés entre 1907 et 1915. Des dispositions qui font toujours allusion aux "villages indigènes" et à la "Colonie". La procédure paraît pourtant simple : à Kinshasa - ville de plus de 10 millions d'habitants avec au moins 600 morts par jour -, les cadavres non réclamés par leurs familles sont envoyés à la morgue centrale, qui procède à un "enterrement collectif" après un délai de deux à trois mois, selon Boshab.
Et le ministre s'appuie sur des chiffres : l'an dernier par exemple, 84 corps ont ainsi été enterrés le 2 avril, 343 le 8 juin et 88 le 21 décembre. Une centaine d'autres dépouilles doivent bientôt être inhumées, la morgue de Kinshasa pouvant contenir au maximum 310 cadavres. Pour lui, la polémique que suscite la découverte de la fosse commune de Maluku n'a aucune raison d'être. Il ne s'agirait que de la "politisation" d'une procédure d'inhumation en vigueur depuis des lustres.
"Jusqu'ici, cela n'avait pas posé problème, estime pour sa part le député Christophe Lutundula. Moi-même, qui vis à Kinshasa depuis une trentaine d'années, je ne savais pas que l'État procédait à des enterrements collectifs pour des indigents ou d'autres cadavres abandonnés. Il est temps de faire évoluer notre législation." La balle est dans le camp des élus."
"Diversion : 188 cadavres inhumés dans une fosse commune à Maluku
Pendant que l’enquête sur les 421 cadavres enterrés dans une fosse commune à Maluku est toujours "en cours", le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta Yango, a "supervisé", lundi 20 avril, l’inhumation de 188 dépouilles. Des observateurs interprètent cette action comme une opération de diversion. Le pouvoir kabiliste tente de démontrer, par l’absurde, le caractère "routinier" de ce genre d’enterrement. En réalité, le gouvernement central et les autorités de Kinshasa persistent dans la violation de la loi.(...)"
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