Les Consultations de Kabila mal parties : UDPS, UNC, MLC, non au Dialogue !
Plusieurs partis politiques de l’Opposition ont décliné l’invitation leur lancée par le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, à participer au Dialogue dont l’ouverture était annoncée pour le samedi 30 mai 2015 au Palais de la Nation. F. Tshisekedi (UDPS), Delly Sessanga (plate-forme UNC, MLC, Envol, le CDR, les FAC, le MPCR…) et autres Matungulu (Congo Na Biso) ont fait chorus pour décréter l’inopportunité de pareille rencontre.
La grande surprise est venue de l’UDPS, au départ d’accord sur le principe de la participation à un Dialogue avec la Majorité au pouvoir mais sous réserve des réponses claires à quelques préalables (médiation internationale, réexamen du contentieux électoral de 2011, pas de glissement de calendrier électoral, neutralité du Bureau de la CENI, audit externe du fichier électoral, libération des prisonniers politiques). S’exprimant à cette occasion, Félix Tshisekedi, fils de son père et Secrétaire national aux Relations Extérieures, a martelé que l’UDPS récusait un Dialogue ayant pour initiateur Joseph Kabila, car considéré comme à la fois juge et partie. Dans une déclaration sur RFI, il a notamment souligné : « Le dialogue, tel que nous l’entendons à l’UDPS, c’est une initiative de la communauté internationale. C’est dans ce cadre-là que nous nous sommes inscrits pour participer, et non pas un dialogue initié par Joseph Kabila qui, lui-même, fait partie du problème. Parce qu’il ne faut pas oublier que, selon la feuille de route que nous proposons, il y a le problème du contentieux électoral de 2011, dont il faut discuter. Et là, nous avons reçu un écho favorable de l’émissaire de monsieur Kabila, qui se disait prêt à discuter de tous les sujets sans tabou. Ensuite, il faut baliser la voie pour que l’on ait un processus électoral crédible et apaisé, et enfin discuter du sort de monsieur Kabila ».
Position commune de l’UNC, MLC, FAC, Envol, MPCR…
Dans une déclaration commune livrée à la presse par Delly Sessanga, son rapporteur, le vendredi 29 mai courant, la plateforme de l’Opposition regroupant le MLC (Mouvement de Libération du Congo), l’UNC (Union de la Nation Congolaise), le CDR, l’Envol, les FAC (Forces Acquises au Changement)… a fait connaître son refus de prendre part au Dialogue politique initié par le Président de la République. L’intéressé a confié à RFI que « L’Opposition, dans son ensemble, a considéré l’essentiel des points de vue lors des rencontres avec son émissaire, qui a transmis ses préoccupations au Président de la République sur ce que sont des sujets d’importance pour le pays. Nous considérons qu’il y a inopportunité de pouvoir tenir un dialogue. Donc, nous ne participerons pas aux pourparlers engagés entre la classe politique et les forces politiques et sociales ».
Selon Delly Sessanga, l’Opposition se focalise sur ses échanges avec la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) autour du calendrier électoral, dans l’objectif d’obtenir des élections crédibles et transparentes, conformément aux prescrits de la Constitution. «Nous pensons que ce qui est important aujourd’hui, c’est de centrer l’intérêt du pays et de la population sur le cycle électoral, qu’il faut tenir de manière apaisée et qu’il faut pouvoir aérer dans son calendrier, plutôt que de réunir un second forum. Il faut rappeler qu’il y a eu les concertations nationales, qui ont donné lieu à une série de recommandations et on ne voit pas ce qui va être renouvelé aujourd’hui et qui n’ait pas été dit ».
Kengo contre le Dialogue
Dans une déclaration rendue publique le mercredi 27 mai 2015, l’Opposition Républicaine, dont l’ « Autorité morale » n’est personne d’autre que Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat, avait informé l’opinion nationale de son rejet de l’offre de dialogue du Chef de l’Etat. De l’avis de ce vieil animal politique et ses alliés, ce forum était inopportun, dès lors que les résolutions des Concertations Nationales (septembre-octobre 2013), qui avaient balisé le chemin de la cohésion nationale, n’étaient exécutées qu’à hauteur de 22 %. Plutôt que de ramener les Congolais à la table des négociations pour la énième fois, il était plus pratique d’accélérer l’exécution des résolutions de ces assises.
Matungulu aussi
Président d’une nouvelle formation politique, dénommée Congo Na Biso (CNB), Freddy Matungulu a condamné, sur Radio Okapi, l’initiative présidentielle visant la tenue d’un nouveau dialogue entre forces politiques et sociales de la République Démocratique du Congo.
« Nous avons un gouvernement en place. Son devoir est de travailler et de faire en sorte qu’il puisse nous amener, l’année prochaine, aux législatives et à la présidentielle, donc à des élections paisibles. Cela permettrait que la question de la légitimité au pouvoir, restée entière, puisse trouve solution. Les membres de ce gouvernement sont là et il revient à eux de travailler. Et, il ne faut pas qu’on pousse la balle du côté de l’opposition, qui n’a pas le contrôle sur le fonctionnement de l’appareil de l’Etat », a-t-il indiqué.
Le PPRD d’accord
Le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie) a accueilli avec enthousiasme l’idée du Président de la République d’ouvrir un large débat national autour des questions nationales de brûlante actualité. Interrogé à ce sujet, Ramazani Shadari, président du Groupe parlementaire du PPRD à l’Assemblée Nationale, a déclaré sur RFI : « Ce dialogue nous amène la cohésion nationale et je crois que c’est extrêmement important. Nous avons besoin d’un processus électoral apaisé et d’élections plus libres qu’avant, et nous voulons savoir si ce dialogue peut permettre d’identifier les causes directes ou indirectes de tout ce qui se passe à Beni, au Nord-Kivu. Si ce dialogue peut nous amener à stabiliser définitivement la région pour une paix tout court ou la paix sociale durable, nous pensons que ce sera déjà un pas en avant ».
La porte du dialogue fermée ?
Après le couac du week-end passé entre le Chef de l’Etat et l’Opposition politique, la porte du dialogue est-elle définitivement fermée ? Il est difficile de le savoir face à une classe politique amoureuse d’agendas cachés. L’on retient que plusieurs cahiers de charges, en provenance des anti comme des pro-dialogue, se trouvent sur la table de Joseph Kabila depuis pratiquement un mois. Il semble qu’il suffirait à l’un et aux autres de dégager un consensus autour de la médiation, du format, du lieu et de l’ordre du jour pour rendre possible un nouveau tour de table entre Congolais. Si volonté de se parler franchement existe, de même que celle de ne pas impulser un glissement de calendrier électoral, l’horizon pourrait s’éclaircir dans les jours ou semaines à venir. Mais si le résultat recherché est celui d’une nouvelle transition, sur fond d’un énième partage équitable et équilibré du pouvoir, il est à craindre que la rue s’en mêle, avec les conséquences fâcheuses que l’on peut imaginer.
Kimp
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