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mercredi 2 octobre 2013

Arrivée de 200 familles rwandophones à Rutshuru: la RDC demande des explications au HCR et à Kigali


Arrivée de 200 familles rwandophones à Rutshuru: la RDC demande des explications au HCR et à Kigali



Lambert Mende, Ministre de l'Information, Communications et Médias lors d'une Conférence de Presse à Kinshasa, le 03/01/2012. Radio Okapi/Ph. Aimé-NZINGALambert Mende, Ministre de l'Information, Communications et Médias lors d'une Conférence de Presse à Kinshasa, le 03/01/2012. Radio Okapi/Ph. Aimé-NZINGA

Le gouvernement congolais demande au Haut-commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR) et au Rwanda des explications sur l’arrivée récente dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) de deux cents familles rwandophones en  provenance du Rwanda. Kinshasa n’a pas été informé de ce mouvement, conformément à l’accord tripartite conclu en 2010 entre le RDC,  Rwanda et le HCR relatif au rapatriement des réfugiés, a affirmé à la presse mercredi 2 octobre le porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende. 

«Nous demandons au Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés de nous éclairer sur cet événement  parce que nous n’avons pas été informés. Il n’est pas concevable qu’un mouvement de retour [des réfugiés] s’opère, sans qu’aucun [des signataires de l’Accord tripartire RDC-Rwanda-UNHCR] des ne soit au courant. Or, le gouvernement congolais n’a pas été tenu au courant», a déclaré Lambert Mende.
Kinshasa dit attendre «dans les heures qui viennent » les explications du HCR pour savoir si cette agence onusienne en avait été prévenue et pourquoi elle n’a pas informé à son tour les autorités congolaises.
Les services du HCR au Rwanda ont déjà à fait savoir que le retour de ces personnes ne s’inscrivait pas dans le cadre de la tripartite RDC-Rwanda-HCR, chargée du rapatriement des réfugiés rwandais et congolais dans leurs pays respectifs.
Lambert Mende indique que  Kinshasa a aussi demandé des comptes  à Kigali:
«Nous avons également demandé des explications à nos voisins Rwandais de nous expliquer comment ils ont pu laisser partir, parce que ces gens là sont sortis du Rwanda, [...] vers la RDC sans nous prévenir et comment ils ont accepté qu’ils partent vers une zone que le gouvernement qui a signé l’accord tripartite avec eux, ne contrôle pas ?».
Si le gouvernement congolais avait été informé, a poursuivi la même source, « il aurait orienté d’éventuels réfugiés candidats au retour vers une zone moins perturbée que cette partie du territoire de Rutshuru où sévissent de nombreuses forces négatives, y compris celles du M23
Entre cent cinquante et deux cents familles rwandophones sont arrivées le lundi 30 septembre dernier dans le groupement de Jomba contrôlé par la rébellion du M23 à Rutshuru.
Selon le chef de ce groupement, ces personnes sont des Congolais qui s’étaient réfugiés dans des camps au Rwanda et en Ouganda. Mais le responsable de la coordination provinciale de la Commission nationale pour les réfugiés (CNR) dit ignorer le mécanisme par lequel ces personnes sont retournées en RDC par le poste frontalier de Bunagana, une zone sous occupation rebelle.

http://radiookapi.net/actualite/2013/10/02/arrivee-de-200-familles-rwandophones-rutshuru-kinshasa-demande-des-explications-au-hcr-kigali/

RDC: la majorité accusée de manipuler le rapport des concertations nationales pour réviser la constitution

RDC: la majorité accusée de manipuler le rapport des concertations nationales pour réviser la constitution


Les délégués de l’opposition au sein du groupe thématique gouvernance, démocratie et réforme institutionnelle des concertations nationales accusent leurs collègues de la majorité de manipuler les recommandations de cette commission. Ces derniers, selon ces opposants, ont inséré au rapport adopté une incise prévoyant la tenue d’un référendum constitutionnel en RDC. De son côté, la majorité parle d’une «allégation mensongère».
Lors d’une déclaration à la presse faite mardi 1er octobre, l’opposition a dénoncé une tentative de révision de la Ouverture des concertations nationales par le Président Kabila le 7/09/2013 à Kinshasa.  par voie référendaire. Cette tentative serait orchestrée par la majorité présidentielle. A ce sujet, l’opposant Gaston Dindo, a déclaré :
«Nos amis de la majorité veulent introduire la possibilité d’organiser un référendum pour réviser la constitution alors que nous nous sommes entendus dès le début – au niveau du premier point de notre document qui nous engage et nous l’opposition et eux de la majorité, la société civile, la diaspora et les autorités coutumières – que nous n’allons pas du tout toucher à la constitution.»
Il a insisté que ce passage sur le référendum soit purement et simplement enlevé du texte et qu’on revienne à la version du rapport qui a été adopté le dimanche dernier par l’ensemble de ce groupe thématique.
«Le document est allé à la modération [qui assure la direction des travaux en commission, ndlr], après il nous est revenu avec une incise prévoyant la possibilité du référendum. Nous disons ‘Non’ à cela», a martelé Gaston Dindo.
Lire aussi: Concertations nationales: le groupe Gouvernance recommande un «gouvernement de large ouverture»
Le président Kabila a convoqué les concertations nationales pour créer la cohésion nationale face à la crise persistante dans l’Est de la RDC. Mais une certaine opinion relayée par l’opposition craint que ce forum ne recommande une révision de la constitution y compris par voie de référendum pour élargir les mandats présidentiels au-delà de deux comme prévus dans la constitution actuelle.
Il s’agit d’une «allégation mensongère», a déclaré pour sa part le président du groupe thématique gouvernance, Michel Bongongo, soulignant qu’il n’y a jamais eu question de révision de la constitution dans sa commission.
« Il s’est agit tout simplement des principes et des valeurs à respecter notamment la non-révision de la constitution et le respect de la souveraineté du peuple », s’est-il défendu. A l’en croire, les divergences ne sont apparues que sur le concept de “souveraineté nationale”. Et les délégués sont tombés d’accord, selon lui, sur l’expression “respecter la souveraineté nationale”.

Écoutez l’extrait de l’interview de Michel Bongongo:
Toutes les commissions ont transmis leurs rapports au présidium. Une dernière séance plénière est prévue pour adopter le rapport final des concertations nationales à soumettre au président de la République.


Pour mieux comprendre, cher ami, ce qui se trame subrepticement (et diaboliquement ?) autour de ces concertations et que beaucoup de Congolais ne semblent pas débusquer, lisez cet autre article de radio Okapi et surtout mon sujet ici sur la fumeuse "Démocratie Consensuelle" http://congodiaspora.forumdediscussions.com/t7048-democratie-consensuelle-au-congo-reinvention-heureuse-ou-malheureuse-autour-des-concertations


"Concertations nationales: le groupe Gouvernance recommande un «gouvernement de large ouverture»
° http://radiookapi.net/actualite/2013/10/01/concertations-nationales-le-groupe-gouvernance-recommande-gouvernement-de-large-ouverture-en-rdc/
Les travaux au sein des états généraux des Concertations nationales sont bel et bien finis, a confirmé un membre du présidium de ce forum mardi 1er octobre à Radio Okapi. En attendant la tenue de la plénière de validation et d’adoption du rapport final de ces travaux, le  présidium  s’attelle à synthétiser et à faire le toilettage de toutes les recommandations, dont celle sur la formation d’un «gouvernement de large ouverture».

Les enjeux politiques de taille étaient au rendez-vous dans le premier groupe thématique gouvernance démocratie et réforme institutionnelle. Une de principales recommandations qui en ressort porte sur l’ouverture des institutions, c’est-à-dire, la mise en place d’un gouvernement de large ouverture.
Selon un délégué de la majorité, «il ne sera pas question de changer l’architecture institutionnelle établie mais de l’ouvrir aux autres forces politiques». Bref, assurer une gestion consensuelle en RDC.
Dans le deuxième groupe ayant trait à l’économie, les participants ont recommandé de mettre fin au paradoxe entre les performances économiques, «dont se vante le gouvernement Matata» la misère dans laquelle vit la population congolaise.
Ne plus gratifier les acteurs des groupes armés et ne jamais amnistier les auteurs des crimes, telles sont les recommandations les plus en vue du troisième groupe thématique désarmement. L’idéal est de combattre les groupes armés et mettre fin à toutes leurs velléités en renforçant l’autorité de l’Etat et en mettant en place une armée forte.
En ce qui concerne le groupe thématique conflit communautaire, les recommandations ont abondé dans le sens du renforcement de l’administration et de l’autorité coutumière. Les participants ont aussi recommandé d’éviter les injustices sociales pour permettre une cohabitation pacifique entre les peuples.
Enfin, le découpage immédiat des provinces et l’organisation dès 2014 des élections pour le renouvellement du Sénat et des assemblées provinciales ont constitué l’essentiel des recommandations du groupe 5 consacré à la décentralisation.
Toutes ces recommandations ne sont pas nécessairement reprises sur le rapport officiel. Mais, «elles résultent des négociations politiques », ont indiqué certains délégués aux concertations nationales, sans autres détails.


Ce forum est présenté par son initiateur, Joseph Kabila, comme « la réunion de toutes les couches socio-politiques de la nation ». Il a été convoqué dans le but de «réfléchir et débattre en toute liberté et sans contrainte des voies et moyens susceptibles de consolider la cohésion nationale, de renforcer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national afin de mettre fin au cycle de violences dans l’Est du pays, d’accélérer le développement du pays dans la paix et la concorde».
Une fois validées par la plénière, ces recommandations devraient être transmises au  chef de l’Etat, qui devrait alors en rendre compte à la nation devant l’Assemblée nationale et le Séant réunis en congrès.
Selon l’ordonnance instituant ces assises, le suivi de l’application de ces conclusions est confié au président de la République, aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale et au chef du gouvernement."

"Mangeodrome National'', ''Mangeoire Institutionnalisée'', les Concertations Nationales de Joseph Kabila n'étaient qu'un colloque du Pprd-MP et affidés !"

""Mangeodrome National'', ''Mangeoire Institutionnalisée'', les Concertations Nationales de Joseph Kabila n'étaient qu'un colloque du Pprd-MP et affidés !"

° http://www.reveil-fm.com/index.php/2013/09/29/4024-mangeodrome-national-mangeoire-institutionnalisee-les-concertations-nationales-de-joseph-kabila-n-etait-qu-un-colloque-du-pprd-mp-et-affides


° http://lepotentielonline.com/site2/index.php?option=com_content&view=article&id=3035:concertations-nationales-le-presidium-met-les-bouchees-doubles-pour-le-sprint-final&catid=85&Itemid=472&lang=en
° http://www.rfi.fr/afrique/20130925-rdc-opposition-s-interroge-efficacite-concertations-nationales
° http://fr.africatime.com/republique_democratique_du_congo/articles/malgre-les-prophetes-de-malheur-sur-les-concertations-nationales-atterrissage-en-douceur
° http://www.rfi.fr/afrique/20130923-rdc-concertation-per-diem-baisse-absenteisme-lisanga-bonganga
° http://lepotentielonline.com/site2/index.php?option=com_content&view=article&id=3001:concertations-les-groupes-armes-retardent-la-cloture&catid=85&Itemid=472&lang=en

ECHÉANCE 2016 : UN ENJEU DE CONCERTATIONS NATIONALES


ECHÉANCE 2016 : UN ENJEU DE CONCERTATIONS NATIONALES
°



La fin de Concertations nationales est proche. Une plénière est annoncée incessamment pour débattre des recommandations et pistes de solutions dégagées dans les cinq états généraux. Jusque là, l’unanimité semble se dégager autour de la formation d’un nouveau gouvernement qui serait le sceau de la cohésion nationale tant recherchée. Est-ce que ce gouvernement va s’arrêter en 2016 ou dépasser ce cap qui signe la fin constitutionnelle de l’actuelle mandature. C’est l’un des enjeux de ce forum national voulu de tous les espoirs par son concepteur.
(...)
Les tenants de la démocratie consensuelle laissent entendre que la non-prise en compte de cette réalité a eu pour effet de laminer la cohésion nationale, laquelle est pourtant indispensable pour la participation de tous au développement du pays.
Solution ? Corriger les erreurs du passé. Les démocrates « consensuels »  proposent et insistent pour que, désormais, les gagnants des élections apprennent à gérer le pays avec les perdants !
Suivant cette version, la formation d’un gouvernement de cohésion nationale – décision éminemment politique – va imposer un nouveau contexte politique et susciter dans la scène politique de nouveaux acteurs politiques. De ce point de vue, les tenants de cette thèse jugent inopportuns qu’on puisse encore se soumettre à l’échéance. Au nom de la cohésion nationale qui va se créer à l’issue des Concertations nationales – du reste matérialisée par la formation d’un nouveau gouvernement- il deviendra impérieux de négocier une nouvelle feuille de route électorale. Ce qui, inexorablement, fera sauter le verrou de 2016, sans que la constitution ne soit énervée.


"DÉMOCRATIE CONSENSUELLE" AU CONGO ! RÉINVENTION HEUREUSE OU MALHEUREUSE AUTOUR DES "CONCERTATIONS" ? (3)

"FACE AUX PERILS ET AUX DEFIS : POUR UNE DEMOCRATIE « CONSENSUELLE »

Le professeur Mampuya propose un nouveau schéma à la RD-Congo
CongoNews
 

Avant l’amorce du dialogue national annoncé par le président Joseph Kabila, le Professeur Auguste Mampuya, intellectuel fécond et président d’une plateforme de l’Opposition extraparlementaire (Action pour une autre voie en sigle AV) a déjà commencé l’exercice indispensable de la cogitation pour sortir le Congo de son cyclique schéma chaotique.
Le professeur Mampuya nous propose ci-dessous une réflexion d’une telle profondeur qu’elle mérite d’être lue absolument. Dans cette réflexion, le président de AV fait une autopsie pertinente des crises politico-militaires à répétition que connaît la RDC depuis son indépendance jusqu’à ce jour. Il ne s’arrête pas là, il propose aussi des pistes de solutions innovantes à même de stabiliser la RDC afin de hâter son développement qui n’a que trop tardé au grand désarroi des populations civiles. La Rédaction de Congonews recommande vivement à ses nombreux lecteurs la lecture de cette tribune du professeur Mampuya intitulée « Face aux périls et aux défis : pour une démocratie consensuelle ». Ci –dessous la tribune. 

« Power sharing » contre « Winner takes all »

Depuis l’accession de notre pays à son indépendance, on ne cesse de parler de crise, souvent et de façon durable marquée par des conflits armés ouverts ou larvés ou, tout au moins d’instabilité institutionnelle. Toute cette situation, dans ses différentes et nombreuses facettes, a empêché ce pays potentiellement si fabuleusement riche de transformer ces richesses naturelles en développement et en progrès social pour son peuple connu comme l’un des plus pauvres de la terre. 
De fait, on ne se lasse pas de constater que la République « démocratique » du Congo n’a jamais fonctionné normalement dans ses différents agencements constitutionnels et institutionnels, en dépit de nombreux et inutiles arrangements juridiques, réformes et révisions constitutionnelles, tandis que, allègrement, on se plaît à égrener les numéros des « républiques », nous trouvant actuellement à la troisième.
Certes, nous sommes fiers d’avoir organisé des élections pluralistes « libres et transparentes » en 2006 et en 2011. Mais, ces élections sont toujours suivies de crises, sous forme de conflit armé urbain en 2007 à la suite des élections de 2006, et, depuis les élections de 2011, d’une grave crise politique, en tout cas, un climat si lourd que les institutions en sont paralysées, plombées par les conditions et circonstances d’organisation des élections dont elles sont issues. Crise qui se fait encore sentir aujourd’hui, au point où, pour une grande partie de l’opinion, un dialogue politique est nécessaire.

Enfin, toutes les guerres qu’a subies notre pays ont toujours vu nos armées en débandade devant l’ennemi, agresseur extérieur ou simple groupe armé rebelle, les institutions tomber en déliquescence du fait de leur affaiblissement.
Deux constances liées entre elles et qui s’alimentent l’une l’autre marquent ainsi jusqu’ici notre histoire moderne. D’abord, sur le plan de la gouvernance de la société, le dysfonctionnement de l’Etat et l’incapacité des institutions à rencontrer les espoirs et aspirations du peuple au développement et au bien-être. De fait, les institutions n’ont jamais fonctionné harmonieusement et tel que le prévoient la constitution et les règles institutionnelles, en dépit des nombreuses révisions constitutionnelles, y compris et surtout, à l’issue des nombreuses crises politiques ou armées qu’a connues la RDC depuis son indépendance. Ensuite, sur le plan militaire et sécuritaire, les sécessions, la persistance lancinante des conflits parfois de nature identitaire et une insécurité interminable dans une situation d’incapacité désespérante à y faire face, la déliquescence des institutions constituant une explication supplémentaire de cette incapacité.

Par rapport à la gouvernance démocratique, concernant le fonctionnement de la démocratie majoritaire « à l’occidentale » que nous avons singée jusqu’à présent, le tableau, depuis 1960, est le suivant : 
Dès 1960 et de façon permanente, une parodie de démocratie (déformation du multipartisme après celle de la notion même de parti politique, défiguration du parlementarisme occidental derrière une façade vide, conflits et menaces sur l’unité nationale, « confédéralisation » de l’Etat sous la 1ère république, avènement des régimes forts conduisant à la dictature militaire et monopartiste à travers le « présidentialisme africain » que nous avons connu sous le mobutisme.
Le deuxième temps est celui dit « Renouveau démocratique » post-perestroïka, avec le triomphe de la démocratie occidentale théorique (les CNS en Afrique, la « 1ère transition », mais des travers traditionnels de la vie politique congolaise (manque de cohésion, antagonismes, course au pouvoir, déformation des mécanismes constitutionnels, tendances autocratiques, contestations, etc.) conduisent aux mêmes impasses, tandis que le génocide rwandais exporte la guerre chez-nous jusqu’au renversement du régime, suivi d’un retour du régime autocratique du décret-loi de 1997, régime que ses contradictions internes conduit à la reprise de la guerre en 1998 et à l’assassinat de Laurent Kabila ; Sun City, l’AGI et son système « 1+4 »).
Enfin, la « troisième république » : le référendum et la constitution de 2006 ; les élections de 2006, la crise post-électorale et la guerre urbaine de 2007 ; la foire d’un processus électoral tronqué ; « l’élection » vénale des gouverneurs et des sénateurs ; le fiasco électoral de 2011, cette honte imposée à la nation par la bande à Ngoyi Mulunda et ses conséquences paralysantes pour les institutions et le leadership ; le déficit démocratique par l’exacerbation des antagonismes, tandis que continuent le manque de l’idéal politique et le mauvais entendement de la vie politique, tares traditionnelles de la politique à la congolaise. 

En état de cause, la permanente c’est le dysfonctionnement de la démocratie majoritaire singée de l’Occident mais déformée par les acteurs politiques ; nous allons voir que c’est moins par ignorance des Congolais que par inadéquation et inadaptation de ce régime aux réalités socio-politiques locales, problématique que la paresse intellectuelle et la poltronnerie politique ont empêché d’explorer.

Quant à la situation militaire et sécuritaire :
D’abord, les sécessions des 1960-1967, mais aussi des agressions extérieures et rébellions armées (1960-1964, 1995-2003), la résurgence de l’insécurité armée à l’Est (à partir de 2004-2005, épisode Mutebusi et Nkundabatware, couronné par le deal imposé à l’Etat par le CNDP, ainsi que ses conséquences sur la solidité et la discipline de l’armée et le délitement de l’autorité de l’Etat, …). Ceci eut comme conséquence de ratage de la formation d’une armée nationale, républicaine et efficace (depuis l’Accord de Lusaka jusqu’aujourd’hui), marqué par les échecs des opérations de brassage et de « mixage », accompagnés par la généralisation de rébellions dans toute la frange orientale (de la Province orientale au Katanga), jusqu’à la « guerre du M23 ».
Une telle situation eut et a encore comme conséquence sur le plan économique et social l’impossibilité d’engager les politiques nécessaires au développement, tandis que les ressources et du temps sont gaspillés dans les querelles politiciennes et dans les efforts de guerre, à l’ombre de la corruption et du pillage concerté des richesses nationales entre agresseurs, mafieux internationaux et brebis galeuses du sein même de l’Etat congolais. La mauvaise gouvernance en l’absence de toute sanction produisant les dysfonctionnements d’un Etat impuissant face à la corruption, appauvrissant ainsi l’Etat et le peuple au profit d’une caste. 

Comment expliquer un tel échec national global ?
Il faut constater que le fonctionnement satisfaisant de la démocratie libérale majoritaire en Occident s’explique par le consensus global qui est à la base des sociétés occidentales intégrées, caractérisées par une grande homogénéité sociale et politique ; les fondamentaux sont déjà fixés et font l’objet d’un consensus national global au-delà de divergences d’approches et de sensibilités. La vie politique y gagne en apaisement tandis que les élections ne sont qu’une compétition pacifique pour la désignation des gouvernants dans laquelle on ne perçoit aucun caractère « question de vie ou de mort » ; c’est à juste raison qu’on y parle de « jeu » politique. 

Par rapport à cela, comment se présentent les Etats africains et la RDC en particulier ?
- Société segmentée à  l’excès et, en réalité, inexistence d’une véritable nation (y cohabitent plusieurs ethnies et tribus, plusieurs cultures et langues, sur fond de rivalités et antagonismes historiques parfois ancestraux induisant hostilités et conflits).
-Il s’agit de sociétés - pluralistes, sur la base des ethnies, cultures et langues, coutumes, traditions et histoire.
-Absence ou - insuffisance de l’appropriation nationale et populaire des concepts classiques de la démocratie libérale (partis politiques souvent ethniques ou régionaux qui sont à la base d’un multipartisme excessif, expériences non concluantes du parlementarisme, manque de culture politique et démocratique chez le plus grand nombre, …).

Limites de la démocratie compétitionnelle majoritaire au regard de sociétés segmentées : Winner takes all 
Or, la démocratie libérale majoritaire et simplement « arithmétique » ne peut prendre en compte l’existence de ces antagonismes et hostilités extrêmes et quasi permanents ; elle exclut de la décision tous ceux qui n’ont pas gagné les élections, sur la base de la norme « winner takes all » dont la logique est que celui qui gagne les élections pour y avoir obtenu plus de sièges que les autres prend tout et celui qui perd les élections pour y avoir obtenu moins de sièges que le « gagnant » perd tout. Comme on le sait en science politique, les enjeux des élections, dans tout système politique, ne concernent pas que la prise du pouvoir ou la désignation des gouvernants, mais aussi le contrôle des ressources. En Afrique et, plus particulièrement au Congo, l’expérience vécue ou subie par les populations confirme cela, l’amplifiant de façon remarquable, dans la mesure où, effectivement, les dirigeants africains se sont généralement enrichis par le pouvoir, la victoire étant prise souvent comme un permis pour confondre le patrimoine public (trésor public, biens publics…) et les services publics (personnel public, armée, police, services de sécurité, justice, entreprises publiques, …) avec leur poche et leur patrimoine privés : ainsi, l’accès au pouvoir est également l’accès aux richesses et aux avantages. Ecarter quelqu’un du pouvoir  c’est l’éloigner également, lui et les siens (partis, ethnie, contrée, etc.), des richesses et des positions sociales en vue. Dès lors, le jeu politique n’est plus un « jeu » mais une véritable guerre, les élections sont ainsi une question de vie ou de mort ; d’où, les allures de conflit, la défaite ou la mise à l’écart du pouvoir pour cause de minorité électorale étant vécue comme la marginalisation de toute une communauté. Il s’en suit une dramatisation excessive de l’enjeu électoral, d’où, les contestations systématiques des élections et l’exacerbation des crises post-électorales un peu partout en Afrique, débouchant parfois sur des conflits armés. Il est impossible d’attendre un quelconque consensus, tandis que, quoi qu’il fasse, le gouvernement se voit toujours contesté et combattu.

Par rapport à ces réalités, est-ce démocratie qu’un parti, quelle que soit la majorité avec laquelle il a accédé au pouvoir, à la limite avec 50,61%, parfois avec moins de 50% des voix mais recevant plus de 50 % des sièges grâce au mode de scrutin, accapare tout, excluant une grosse minorité électorale ayant obtenu 49% et qui n’est pas toujours minorité sociologique ou, même, un groupe de partis représentant ensemble une majorité des suffrages ? Sur le plan des principes, la « démocratie » est-elle à réduire à une simple arithmétique qui se traduit par la dictature de la majorité et exclut pour longtemps de larges tranches de la population de la gestion des affaires publiques ? 
Quant, à la faveur de la présente guerre de l’Est, le Président Kabila a pu constater qu’il lui manque la cohésion nationale pour lui permettre de vraiment faire face à la situation, pour renforcer les capacités de résistance et l’efficacité de nos forces devant l’ennemi ; en fait il doit constater l’absence de soutien populaire à toute politique ou action gouvernementale. Si tant de leaders, de groupes, de communautés, de contrées, de catégories professionnelles, se sentent écartés des affaires publiques ou méconnus dans leurs intérêts par l’action gouvernementale, comment veut-on qu’ils soutiennent le pouvoir, qu’est-ce qui les motiverait à le faire ?

Toutes ces circonstances ne sont pas de nature à souder une société déjà fortement segmentée comme la nôtre ; au contraire, elles exacerbent les antagonismes, favorisent les forces et tendances centrifuges qui menacent l’unité nationale, fragilisent un Etat dominé par seulement une partie de la population à l’exclusion d’une autre devenue ainsi apathique et indifférente au sort d’un Etat qui ne lui semble pas « légitime ». Une telle organisation est à la base d’absence de cohésion nécessaire pour résister aux menaces et périls contre l’Etat, par la conjugaison des énergies et la participation de tous. Tandis que l’absence du consensus dans la société induit la remise en question, dans des conditions de contestation parfois violente, des décisions majoritaires ou des résultats électoraux par les minorités politiques souvent majorités sociologiques mises à l’écart, entraînant l’instabilité politique et, même, institutionnelle, telles que celles qui ont si longtemps nui à la RDC. Telle est la réalité vécue ou ressentie par Joseph Kabila quand il parle d’absence de cohésion nationale.

La démocratie « consensuelle » mieux adaptée à notre société segmentée et commandée par les périls et défis actuels : Power sharing
Comme l’on vient de voir, il y a quelque part une sorte d’incompatibilité, peut-être temporaire, entre la structure sociologique et politique de nos sociétés et l’application automatique des règles théoriques de la démocratie majoritaire intégrale. Par ailleurs, il n’existe aucune règle de la théorie de la démocratie qui impose que celui qui a la majorité des sièges gouverne seul ; c’est uniquement la pratique et l’influence des idéologues et stratèges des partis vainqueurs qui se sont imposées dans les expériences démocratiques.
C’est pourquoi, aux côtés de cette démocratie libérale majoritaire, des penseurs ont imaginé une autre forme : la démocratie « consensuelle » ou « consociative » (p. ex. Arend Lijphard, ou P. Moukoko Mbonjo avec son étude « Pluralisme socio-politique et démocratie en Afrique : l’approche consociationnelle ou du Power sharing », in Afrique 2000, novembre 1993). La consociation, avec à sa base un consensus fondamental, voudrait que personne ne soit laissé sur le bord de la route, mais qu’il y ait une « représentation intégrale » sur la base d’une autre norme, ce  du « Power sharing », partage du pouvoir entre les différentes forces politiques et les segments constitutifs de la société les plus représentatifs, abandonnant ainsi le « Winner takes all » de la démocratie compétionnelle majoritaire. Elle assure ainsi la coopération, la recherche du consensus entre les élites afin de neutraliser, atténuer ou minimiser ou, tout au moins, canaliser, les tendances centrifuges et conflictuelles qui découlent de la grande pluralité de nos sociétés. Par ailleurs, caractérisés par l’inclusivité, la négociation et le compromis, la consociation et le principe consensuel garantissent la mise ensemble des efforts et des énergies, l’harmonie, la concorde et la cohésion nationale face aux défis qui s’imposent à la société toute entière, sur le destin national, sur l’unité de la nation, sur l’intégrité du territoire, etc., face aux menaces extérieures du genre agressions et autres atteintes à la souveraineté et à l’unité ; la réconciliation durable du pays passe par là. Enfin, la participation plurale des forces politiques instaure une sorte de contrôle interne, chacun contrôlant l’autre, favorisant ainsi la bonne gouvernance.

La démocratie consensuelle induit ainsi l’intégration politique et sociale en la conciliant avec une gestion démocratique, parce que les principes démocratiques (le multipartisme, la séparation des pouvoirs, le suffrage, la représentation, l’organisation d’élections libres et transparentes, etc.) continuent d’être les caractéristiques du régime constitutionnel et institutionnel, mais au lieu de donner tout le pouvoir à celui qui gagne avec un certain pourcentage, associe ceux qui perdent avec un autre pourcentage parfois très important. En effet, dans la démocratie consensuelle ou consociative, chaque groupe est représenté proportionnellement à ses résultats électoraux ; tandis que, l’Etat fonctionnant sur la base d’un programme conçu à travers la compétition mais un programme consensuel conçu et élaboré par la coopération des élites avant ou surtout après les élections. Ainsi, les élections ne sont pas une compétition destinée à qualifier un groupe et à en écarter un autre, mais à indiquer le poids respectif des groupes significatifs devant participer au consensus gouvernemental.
En cette période de grand désir de la cohésion nationale, il manque une grande vision civique et patriotique qui nécessite de faire passer l’intérêt général devant les intérêts particuliers d’individus et de groupes, de ne servir que notre maison commune Congo, civisme et nationalisme qui peuvent éclore et se développer dans un tel système consensuel. Par ailleurs, il nous semble avec Lijphart qui la trouve « plus démocratique » que la démocratie libérale majoritaire, que la démocratie consensuelle soit le modèle politique le plus adéquat pour notre société fortement pluraliste et segmentée, facilitant ainsi la paix sociale ainsi et la stabilité des institutions et de l’Etat.

Les concertations politiques ou le dialogue global offrent ainsi l’opportunité de repenser notre démocratie en cette période où elle n’est pas encore un résultat acquis mais un processus encore en cours et confronté à un conflit et à une insécurité non encore terminés mais toujours actuels et dérangeants ainsi qu’aux terribles défis du développement économique et du bien-être social. Ainsi, parallèlement à la justice « transitionnelle » exigée par les circonstances de la période post conflits actuelle, une « démocratie transitionnelle » nous est encore indispensable pour poser les fondements de la république démocratique à laquelle nous aspirons. On verra que la vie politique s’apaisera, les conflits se dissiperont, tandis que les énergies et les efforts vont être conjugués et mobilisés pour le développement économique et le bien-être social, tandis que seront dégagés et finiront par s’imposer les fondamentaux incontournables de la vie politique, économique et sociale, que personne ne pourra plus remettre en cause. De sorte que, après environ deux législatures, on pourrait revenir, si cela s’avère encore nécessaire, à la démocratie libérale majoritaire ; peut-être, même, la démocratie consensuelle ou consociative sera-t-elle devenue le modèle pérenne propre à la RDC et à son peuple et auquel les Congolais ne voudront plus renoncer.

Prof. Auguste MAMPUYA KANUNK’a-TSHIABO"