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mardi 13 décembre 2011

Des manifestants congolais se font entendre à Montréal

RD Congo : Kabila déclaré élu, Tshisekedi proteste et lance un appel au calme

Mise à jour le vendredi 9 décembre 2011 à 18 h 55 HNE
  |  Radio-Canada avec Agence France-Presse et Associated Press
Des manifestants à Kinshasa qui rejettent les résultats de la CENI donnant Joseph Kabila gagnant des élections.Des manifestants à Kinshasa qui rejettent les résultats de la CENI donnant Joseph Kabila gagnant des élections.   © AFP/JUNIOR D.KANNAH
Le président sortant de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a remporté l'élection présidentielle du 28 novembre, selon la Commission électorale centrale indépendante (CENI), mais son adversaire Étienne Tshisekedi s'est aussitôt proclamé « président élu ».
Pendant que des incidents violents sont signalés à Kinshasa, où des pneus ont été incendiés près de certains bureaux de vote, Étienne Tshisekedi a appelé la population à « rester calme ».
« Je remercie le peuple qui m'a élu et je demande à la population de rester calme et sereine. » — Étienne Tshisekedi
Les partisans de M. Tshisekedi, 78 ans, ont menacé de descendre dans les rues si Joseph Kabila était proclamé vainqueur, ce qui est arrivé dans la journée de vendredi.
Des manifestations ont eu lieu vendredi à Montréal et à Ottawa pour protester contre la réélection de Joseph Kabila.
Étienne TshisekediÉtienne Tshisekedi   © AFP/JUNIOR D.KANNAH
Tshisekedi réfute la conclusion de la commission électorale
Alors que la CENI a donné M. Kabila gagnant des élections, avec 48,97 % des suffrages, M. Tshisekedi, qui aurait recueilli 32,33 % des voix, s'est tout de même proclamé vainqueur.
« Je considère [les résultats de la CENI] comme une véritable provocation à notre peuple et je les rejette en bloc. En conséquence, je me considère depuis ce jour comme le président élu de la République démocratique du Congo, a-t-il déclaré. Je vous exhorte à rester soudés [...] derrière moi pour faire face aux événements qui vont suivre. »
Peu après le scrutin, M. Tshisekedi avait averti le président sortant de « respecter la volonté du peuple », le menaçant de lancer un « mot d'ordre », sans préciser de quoi il s'agissait.
Le principal candidat de l'opposition soutient qu'il dispose de procès verbaux qui « montrent clairement » qu'il est le gagnant « et de loin ». M. Tshisekedi s'était déclaré président le mois dernier, avant l'élection du 28 novembre.
Dans le quartier de la Gombe de Kinshasa, où se trouve la résidence de Joseph Kabila, l'annonce de la CENI, qui doit encore être sanctionnée par la Cour suprême de justice (CSJ), a déclenché des manifestations de joie.
Des partisans de Joseph Kabila fêtent la réélection annoncée de leur favori.Des partisans de Joseph Kabila fêtent la réélection annoncée de leur favori.   © AFP/SIMON MAINA
Le président de la CENI, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a affirmé : « Cette deuxième élection dans un pays qui a connu le chaos [deux guerres de 1996 à 2003], personne ne pouvait y croire ». Sans attendre la validation de la CSJ, il a donné rendez-vous aux électeurs en 2016.
Les observateurs internationaux ont jugé que le scrutin avait été entaché d'irrégularités et mal organisé, mais n'ont pas demandé son annulation. L'opposition accuse ces observateurs et la communauté internationale de soutenir aveuglément Joseph Kabila.
Le pays attendait l'annonce des résultats mardi. Depuis, un important dispositif policier et militaire est déployé à Kinshasa et l'ensemble de la République démocratique du Congo tourne au ralenti.
Jeudi soir, la CENI avait reporté une deuxième fois l'annonce des résultats, suscitant à nouveau des soupçons. Elle a expliqué qu'elle devait vérifier si les chiffres reçus par moyen électronique et ceux des procès-verbaux concordaient.
Des violences électorales ont fait au moins 18 morts et plus de 100 blessés dans le pays, principalement à Kinshasa, avant même la proclamation des résultats. Selon Human Rights Watch, la plupart des victimes ont été tuées par les forces du président Kabila.

EN COMPLÉMENT


Des ressortissants congolais protestent contre le résultat des élections en République démocratique du Congo, bloquant le pont Jacques-Cartier.Des ressortissants congolais ont protesté contre le résultat des élections en République démocratique du Congo, bloquant le pont Jacques-Cartier.
Des manifestants d'origine congolaise ont perturbé la circulation en pleine heure de pointe, vendredi, dans le centre-ville de Montréal.
Quelques dizaines d'entre eux se sont réunis, en milieu d'après-midi, pour une manifestation surprise sur le pont Jacques-Cartier. Ils souhaitaient protester contre la réélection du président sortant de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, désigné vainqueur de l'élection présidentielle, vendredi.
Les manifestants, opposés au président Kabila, demandent au Canada de faire pression pour faire changer les résultats de l'élection. Ils estiment que cette élection leur a été volée, et que le candidat Étienne Tshisekedi aurait plutôt dû l'emporter.
En RDC, les observateurs internationaux ont jugé que le scrutin avait été entaché d'irrégularités et mal organisé, mais ils n'ont pas appelé à son annulation. Selon notre journaliste Sophie Langlois, il ne pouvait toutefois y avoir des observateurs partout. « C'est pourquoi les soupçons de bourrage des urnes a pris autant d'ampleur », a-t-elle précisé.
Les manifestants déplorent également le peu d'espace médiatique occupé par la situation du Congo au Canada. Ils évoquent aussi une certaine responsabilité du Canada, qui a investi 9 millions de dollars pour le bon déroulement des élections en RDC.
« Nous voulons que le Canada sache ce qui se passe. On ferme les yeux ici. On est complice de toute la misère du peuple congolais. Nous sommes expatriés à travers le monde entier. Nous voulons maintenant crier notre désarroi. » — Un manifestant
Des ressortissants congolais protestent contre le résultat des élections en République démocratique du Congo, bloquant le pont Jacques-Cartier.Des ressortissants congolais protestent contre le résultat des élections en République démocratique du Congo, bloquant le pont Jacques-Cartier.
De Jacques-Cartier au consulat américain
Autour de 14 h 30, le pont Jacques-Cartier a été fermé à la circulation, dans les deux directions, en raison de la présence des manifestants sur le pont. De nombreuses autopatrouilles étaient présentes sur les lieux.
Au total, le pont a été fermé pendant environ 45 minutes, perturbant la circulation à ses abords, notamment sur la rue Papineau, à Montréal.
Après avoir quitté le pont Jacques-Cartier, les manifestants ont emprunté l'avenue De Lorimier vers le sud. Ils se sont ensuite dirigés vers le consulat américain, au centre-ville de Montréal.
Les manifestants demandaient à rencontrer un responsable du consulat, sans succès. Ils ont finalement quitté les lieux peu après 17 h, promettant toutefois de revenir samedi et dimanche, ou tant qu'ils n'obtiendraient pas de rencontre.
La manifestation a causé nombre de problèmes de circulation au centre-ville, les autorités ayant notamment été forcées de fermer le boulevard René-Lévesque en raison de la manifestation devant le consulat américain.
Une cinquantaine de ressortissants congolais ont manifesté devant le consulat américain.Une cinquantaine de ressortissants congolais ont manifesté devant le consulat américain.

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