La Mission d'observation de l'UE liste les anomalies relevées lors du scrutin qui a porté au pouvoir Joseph Kabila.
Joseph Kabila, le 14 septembre (DUBOURTHOUMIEU GWENN / AFP)
La Mission d'observation de l'Union européenne pour la présidentielle en RD Congo a déploré mardi 13 décembre le "manque de transparence et les irrégularités", de la collecte à la publication des résultats donnant la victoire à Joseph Kabila et rejetés par l'opposition.
L'absence d'observateurs lors de la consolidation des résultats au Centre national de traitement de la Commission électorale à Kinshasa "ne peut qu'affecter la confiance dans les résultats annoncés et leur crédibilité", note la Mission d'observation électorale de l'UE (MOE-UE), ajoutant que la publication des résultats provisoires "reste caractérisée par un manque de transparence".
Les résultats par bureau de vote (BV) publiés par la Céni, "ne comprennent pas les procès-verbaux de chaque BV établis à la fin du dépouillement. Ces résultats ne reprennent que la saisie informatisée des PV, réalisés au sein des Centres locaux de compilation (CLCR dans 169 circonscriptions), parfois sans témoins", explique dans un communiqué la MOE-UE, qui a déployé 147 observateurs.
Entorses
Selon la Céni, Joseph Kabila a obtenu 48,95% des suffrages contre 32,33% à l'opposant Etienne Tshisekedi, qui a rejeté "en bloc" ce résultat et s'est autoproclamé "président élu" de la RDC. D'autres candidats ont demandé l'annulation du scrutin.
L'annonce de ces résultats vendredi avait déclenché des violences à Kinshasa qui ont fait moins quatre morts.
"Plusieurs résultats de BV rendus publics le soir du dépouillement (...), notamment à Lubumbashi, ne correspondent pas avec ceux publiés par la Céni", ajoute le MOE-UE.
Selon la mission, les résultats de 4.875 bureaux de vote, dont 2.020 à Kinshasa, n'ont "pas été comptabilisés", soit 7,63% des 64.000 bureaux répartis sur le territoire. Ces bureaux non comptés "représentent 1,6 million d'électeurs". L'affichage des résultats au niveau des territoires "a connu plusieurs entorses qui obligent à poser la question de la crédibilité des résultats de plusieurs CLCR", relève la MOE-UE.
"Contrôle de cohérence"
Les procédures de compilation des résultats, selon la même source, "ont été jugées peu transparentes" au Katanga, dans le Sud-Kivu, à Kinshasa et dans la Province orientale, où des observateurs et témoins de partis politiques "ont été empêchés d'observer l'ensemble des étapes de la compilation".
"En contradiction avec la loi électorale, le bureau de la Céni a demandé à plusieurs CLCR de ne pas afficher immédiatement les résultats de la compilation mais de les envoyer d'abord au siège de la Céni afin de réaliser un contrôle de cohérence", souligne la mission de l'UE, qui cite notamment les cas de Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani ou Goma.
La MOE-UE constate aussi que "3,2 millions d'électeurs ont voté sur des listes de dérogations ou d'omis (car leur nom manquait sur les listes des bureaux), soit plus de 17% du total des votants", alors que ce taux était de 8% environ en 2006 lors du précédent scrutin présidentiel.
"Irrégularité graves"
"Il est de la responsabilité des acteurs politiques et des institutions congolaises de mener leur propre examen des résultats des élections et d'identifier les solutions à la situation actuelle", a déclaré le chef de la MOE-UE, la députée bulgare Mariya Nedelcheva, citée dans le communiqué.
Samedi, la mission d'observation du Centre Carter a jugé que le processus électoral "manquait de crédibilité" en relevant des "irrégularité graves". L'archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, a de son côté déclaré lundi que les résultats de la présidentielle n'étaient "pas conformes à la vérité ni à la justice."
Le président de la Céni, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a qualifié la déclaration du Centre Carter de "nulle et sans effet".
La Cour suprême doit proclamer samedi les résultats officiels de la présidentielle du 28 novembre.
Le Nouvel observateur - AFP
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