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SACREBOPOL

mardi 21 février 2012

La RDC serait-elle mal repartie ?



Les premiers pas de la deuxième législature viennent d’être posés avec la rentrée politique à travers cette rentrée parlementaire. Evénement de haute portée politique. Chaque premier geste vaut donc son pesant d’or. Il est le signe annonciateur d’un bon ou mauvais présage. Ainsi, s’empressait-on, en 1960, année des indépendances africaines, de savoir, si oui ou non, l’Afrique était bien ou mal partie. La question revient sur les lèvres, après deux décennies de balbutiements, cinq ans de période de grâce pour s’interroger si la République démocratique du Congo est mal repartie ?

Dans sa livraison du jeudi 16 février, sous l’intitulé « Rentrée politique/ RDC : l’envol ou la chute », Le Potentiel posait un problème de fond : celui de savoir si tous les acteurs politiques avaient pris la dimension réelle des enjeux politiques pour s’engager résolument dans la voie du progrès. Et ce, tant sur le plan national, régional qu’international

Ce rappel visait précisément à interpeller la classe politique sur les paris et les défis à relever dans un élan de haute responsabilité politique pour quitter les sentiers battus et s’engager dans la voie de la compétitivité politique avec cette ambition légitime de disposer d’un Etat uni, fort et prospère. Que cet Etat inscrive dans un processus irréversible de démocratisation en vue de la consolidation d’un Etat de droit. En parlant de « l’envol ou de la chute », il s’agissait d’une alternative que l’on venait d’évoquer et qu’il fallait se résoudre à lever une option déterminante.

Il est peut être très tôt de se livrer à une évaluation. Mais l’on ne peut s’empêcher une projection dans la mesure où ce sont toujours les premiers pas qui sont porteurs d’espoir ou de désespoir; des lendemains certains ou incertains. Ce sont ces moments-là que l’on vit actuellement.

PREMIERES NOTES DISCORDANTES

La rentrée politique s’est effectuée sur une mauvaise note. Il s’agit de la répression de la « Marche des chrétiens » du 16 février qui se voulait pacifique. Deux événements politiques le même jour, il fallait s’attendre à des dérapages. C’est ce qui est arrivé : la marche des chrétiens a été interdite, dispersée, réprimée. Peut-être pour ne pas faire ombrage à la rentrée parlementaire.

Bien plus, cette réaction musclée a suscité des réactions multiples jusqu’à provoquer une polémique entre le gouvernement et les partenaires extérieurs. Ces derniers ont condamné l’intervention énergique de la Police pendant que le gouvernement se félicite d’être dans son droit de réprimer une «marche interdite ». Le débat sur le respect de la Constitution, du droit des citoyens, de la liberté d’expression et de manifestations pacifiques est relancé. Ce qui ne présage pas de bons augures dans ce contexte bien précis du respect des droits des libertés tant individuelles que collectives.

Or, la liberté d’expression, d’opinion et le droit à des manifestations pacifiques constituent le cheval de bataille de la coopération internationale. Voire la conditionnalité pour promouvoir la coopération inter – Etats. Si la République démocratique du Congo a du mal à améliorer son image dans ce domaine, toutes ses prétentions, légitimes soient-elles au nom de la souveraineté nationale, buteront à l’empeachment de la Communauté internationale. C’est la règle de jeu.

Par ailleurs, tous les regards sont tournés vers l’Assemblée nationale où se joue le sort de la Majorité parlementaire, de l’élection du nouveau Bureau définitif de cette institution et la désignation du chef de file de l’Opposition. Certes, le camp présidentiel dispose de la majorité absolue avec plus de 340 députés. Mais face aux défis auxquels la RDC doit faire face, cette majorité ne doit pas « paraître », mais « être ». Elle ne doit pas être « débridée », mais « forte, crédible » pour une majorité de qualité. C’est même un challenge que doit s’imposer la majorité au regard des paris et des défis d’un Etat de droit et d’une Nation forte qui se veut émergent.

Cette majorité ne peut et ne doit que se poser sur des partis politiques disposant d’un discours évolutif et cohérent ; convaincant et mobilisateur. Reste à savoir si le PPRD, le MSR, le PALU, l’AFDC, l’ARC ont pris conscience de ces exigences. Le problème fondamental ne consiste nullement en la quantité, mais bien en la qualité. Il revient à ces partis de s’appesantir sur ce critère pour bien faire le tour des tables des partis qui se reconnaissent du camp présidentiel. Jusque-là, le pan de voile n’est pas encore levé.

Ce qui explique en d’autres termes cette course vers la Primature. Professeur Boshab, professeur Lumanu, Koyagyalo, Bahati, sont cités parmi les partants. A ce poste, il faut dégager un homme de poigne. La gestion du pays au quotidien exige des références et le gouvernement sera jugé par sa capacité à remettre la population au travail, à améliorer le social. Il y a lieu d’éviter de tomber dans le piège des «accords secrets » qui fragilisent tout gouvernement.

DES RATES A L’OPPOSITION

Dans le camp de l’Opposition, les jeux ne sont pas encore clairs. Elle continue à évoluer en ordre dispersé et a difficile à définir son orientation. Certes, le processus électoral a été entaché d’irrégularités, de graves déficiences, dénaturant même l’essence du vote et faussant les résultats. Fait dénoncé vigoureusement par les observateurs tant nationaux qu’étrangers. Il revient maintenant à la Cour suprême de justice de sauver ce processus dans la mesure où les choses ne s’arrêtent ni à la présidentielle ni aux législatives. Reste à organiser les provinciales, les municipales et les locales, étape tout aussi importante pour rencontrer toutes les préoccupations politiques.

Cependant, l’Opposition est en train d’oublier quelque chose de plus important. Que la politique est dynamique et qu’il faut savoir et comment se battre en disposant de plusieurs tours dans sa manche. Qu’à chaque coup de l’adversaire, il faut un répondant pour le désarçonner, et qu’en politique, comme l’a dit un sage, il n y a pas «d’échec » mais des «ratés ».

Si aujourd’hui, l’Opposition opte pour la chaise vide, a-t-elle la capacité de provoquer des élections anticipées ? Dans l’hypothèse d’une réponse négative, elle est en train de faire le lit de la majorité, de la pensée unique, et au bout du tunnel, de la dictature. Elle a l’obligation politique de présenter en toute circonstance une alternative démocratique pour bien jouer son rôle d’une Opposition responsable et élitiste afin de briser l’immobilisme. Ce qui fait penser déjà au choix du «chef de file de l’Opposition». Une question à débattre dès maintenant.

LE CHOIX DES LEADERS

Sous d’autres cieux, on se serait déjà permis d’avancer quelques noms de ceux qui seraient des «leaders » de différents groupes parlementaires. Des personnalités à même de faire l’opinion politique, d’imprimer chaque fois un nouveau souffle au débat national. Ces leaders doivent être des rassembleurs, des modèles politiques aux valeurs intrinsèques. C’est-à-dire, l’incarnation du bien et de l’ascension politique. Qu’ils soient de la Majorité ou de l’Opposition, membres d’un Parti politique ou parlementaire, ils devraient se distinguer au cours de cette période. Cette fonction n’est pas encore comprise par les acteurs politiques. Une insuffisance grave qui affecte encore l’évolution du processus politique en République démocratique du Congo. Aussi, la question de savoir si la RDC est mal repartie trouve ici toute son essence.


Freddy Monsa Iyaka Duku 

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