Nouvel
accord RDC-Rwanda : Kinshasa doit s’expliquer
Par Le
Potentiel
Une nouvelle opération militaire conjointe RDC-Rwanda serait en
gestation pour la traque des FDLR. Une dépêche de l’AFP affirme qu’un nouvel
accord aurait même été signé récemment entre les deux voisins. La partie
congolaise aurait été représentée par le vice-Premier ministre en charge de la
Défense nationale, sans l’accord du gouvernement ni du Parlement. L’opinion a
besoin d’être fixée sur ces nouvelles cachotteries qui dénotent un coup fourré.
Et Kinshasa devrait s’expliquer.
L’existence d’un nouvel accord entre le Rwanda et la République
démocratique du Congo signé à l’issue de la visite du vice-Premier ministre
Alexandre Luba Ntambo à Kigali fait tiquer l’opinion publique. C’est que
celle-ci a fini, avec le temps, par comprendre que pareille initiative ne peut
provenir que de Kigali dont les visées géoéconomiques ne sont plus à démontrer.
Bien plus, elle serait la partie visible de l’iceberg chargée d’exécuter le
plan de balkanisation de la RDC.
Eu égard à tous les ratés enregistrés dans un passé récent dans
ce domaine, l’on se demande quel charme aurait développé Kigali pour séduire
Kinshasa au point que celui-ci à pu donner une nouvelle fois son flanc à ce
voisin qui joue à la fois au pyromane et au sapeur-pompier. Citant un
communiqué de l’Armée rwandaise, l’AFP rapporte : «Les chefs d'état-major des
armées des deux pays ont par ailleurs été chargés de préparer une
"prochaine" opération militaire conjointe contre la milice du FDLR"
(Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda), un groupe rebelle rwandais
opérant à l'Est de la RD Congo».
Ramener la traque des FDLR au premier plan dans le contexte
actuel ne peut qu’intriguer. L’AFP indique à ce propos :«Cette signature d'un nouvel
accord intervient quelques semaines après le recrudescence de la violence dans
la province du Nord- Kivu située à l'Est de la République démocratique du Congo
(RDC) où des combats meurtriers opposent les troupes gouvernementales aux
insurgés ralliés à un officier dissident de l'armée congolaise, le général Jean
Bosco Ntaganda». En outre, l’AFP ajoute : «selon le communiqué de l'armée
rwandaise, le mandat d'une commission mixte des agents de renseignements des
deux pays à été élargi et a été chargée de surveiller certaines autres parties
au niveau des régions transfrontalières afin de collaborer dans l'élimination
de toute éventuelle "menace à la sécurité" dans l'un des deux pays».
Qu’est-ce qu’il peut y avoir de neuf dans le nouvel accord quand
on se souvient que dans un premier temps, le Rwanda s’était autorisé de
poursuivre les FDLR sur le sol congolais sans en référer à son voisin. Le
résultat, on le connaît. Plus tard, Kigali est revenu à la rescousse en
associant cette fois Kinshasa. De manière successive, des opérations militaires
conjointes ont été menées là où l’on pensait cerner les FDLR et les
neutraliser. Le résultat s’est révélé : les FDLR ont la peau dure et refusent
de disparaître encore moins de se rendre.
Revenir à une opération qui a échoué pose un réel problème sur
les vrais enjeux qui se cachent derrière ces apparences bon enfant du régime de
Kigali. Le gouvernement aurait-il choisi d’être le dindon de la farce ? Ou, mis
en difficulté par des puissances occultes, il préfère faire le profil bas pour
éviter d’offenser le tout-puissant commanditaire.
Que Kinshasa ait accepté de signer ce nouvel accord démontre
qu’il existe des forces obscures qui tirent les ficelles dans l’ombre et
auxquelles il serait difficile de tenir tête. Voilà qui peut expliquer en
partie le «motus et bouche cousue » affiché par les autorités congolaises sur
la question.
En effet, joint au téléphone par notre rédaction, le
porte-parole du gouvernement a préféré faire la fine bouche. Lambert Mende a
déclaré ce qui suit au Potentiel : «Il faut vous adresser au ministre de la
Défense nationale. Il y a trop de rumeurs. Il ne faut pas piéger les membres du
gouvernement».
L’esquive n’est pas facile à gober. Car, un membre du
gouvernement ne peut pas se déplacer sans que le Premier ministre n’en soit
informé. Et dans le cas d’espèce, la signature d’un accord qui engage l’Etat
congolais vis-à-vis de son voisin rwandais, des sanctions devraient s’en
suivre. Au cas où les allégations publiées par l’AFP seraient avérées, Le vice-Premier
ministre en charge de la Défense devrait démissionner ou traduit en justice
pour violation des dispositions constitutionnelles.
La Constitution du 18 février 2006 est claire là-dessus.
L’article 213 stipule : «Le président de la République négocie et ratifie les
traités et accords internationaux. Le gouvernement conclut les accords
internationaux non soumis à ratification après délibération en conseil des
ministres. Il en informe l’Assemblée nationale et le sénat».
La démarche décriée a-t-elle suivi cette procédure ? Il
appartient au gouvernement d’éclairer la lanterne de l’opinion, mais aussi de
confirmer ou d’infirmer la signature d’un accord avec le Rwanda.
Secret défense ou pas, la question rappelle l’épisode Vital
Kamerhe qui a perdu son poste pour avoir donné un son de cloche contraire à
celui d’autres institutions de la République. Est-ce que le Parlement actuel
pourrait oser se saisir de la question et interpeller le gouvernement ? Wait
and see. Toutefois, l’accord signé entre Kigali et Kinshasa engage toute la
Nation congolaise. Garder le silence, ouvrirait la voie à toutes les
interprétions. Et pareil terreau, dans ces conditions, serait favorable à
l’intoxication et à la manipulation, en cette période où les Congolais vivent
tout yeux et tout oreilles rivés en direction de l’Est de leur pays.
QUE CACHE-T-ON ?
Le fait pour le gouvernement congolais d’avoir conclu un accord
avec le Rwanda voudrait-il induire que l’herbe serait coupée sous les pieds des
mutins du M23 ? ou alors ce serait une façon pour le Rwanda de distraire la RDC
en feignant de ne pas soutenir la nouvelle insurrection tout en lui apportant,
en catimini, toute la logistique ? Des réponses à toutes ces questions
permettraient de rassurer les populations congolaises quant à l’issue de
l’évolution sécuritaire dans l’Est du pays. Sur toutes ces questions, le
gouvernement doit s’expliquer.
La RD Congo et le Rwanda signent un nouvel accord en matière de
sécurité
La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda viennent
de signer un nouveau protocole d'accord de coopération dans le domaine de la
sécurité, apprend-on lundi de source officielle à Kigali.
L'accord a été paraphé dans le weekend par le ministre rwandais
de la Défense, le général James Kabarebe ainsi que son homologue congolais
Ntambo Luba, indique un communiqué émanant du bureau du porte- parole de
l'armée rwandaise.
Cette signature d'un nouvel accord intervient quelque semaine
après le recrudescence de la violence dans la province du Nord- Kivu situé à
l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) où des combats meurtriers
opposent les troupes gouvernementales aux insurgés ralliés à un officier
dissident de l'armée congolaise, le général Jean Bosco Ntaganda.
Ces affrontements surviennent au lendemain de la pression faite
par la communauté internationale de procéder à l'arrestation du Général
Ntaganda qui depuis l'an 2009 fait l'objet d'un mandat d'arrêt international
émis par la Cour Pénal International (CPI) notamment pour crimes de guerres
liées notamment au recrutement des enfants soldats dans son ancienne milice de
l'Union des Patriotes Congolais (UPC).
Selon le communiqué de l'armée rwandaise, le mandat d'une
commission mixte des agents de renseignements des deux pays à été élargi et
elle a été chargée de surveiller certaines autres parties au niveau des régions
transfrontalières afin de collaborer dans l'élimination de toute éventuelle
"menace à la sécurité" entre dans l'un des deux pays.
«Les chefs d'état-major des armées des deux pays ont par
ailleurs été chargés de préparer une "prochaine" opération militaire
conjointe contre la milice du FDLR" (Forces démocratiques pour la
Libération du Rwanda), un groupe rebelle rwandais opérant à l'est de la RD Congo,
poursuit le communiqué. Il est prévu que les Chefs d'état-majors des armées des
deux pays vont soumettre la feuille de route pour cette opération dans un bref
délai, à en croire la même source.
Il est à signaler que les instances de sécurité sont convaincus
que la rébellion des FDLR pourra éventuellement profiter du chaos qui règne
actuellement à l'Est de la RD Congo pour s'organiser en vue d'attaquer le
Rwanda, indique-t-on de source concordante.
Depuis l'insurrection de certains éléments de l'armée congolaise
dans la province du Nord-Kivu frontalier avec le Rwanda, environ 8 000 civils
congolais dont essentiellement des femmes et des enfants ont traversé la
frontière pour trouver refuge et protection dans ce petit pays d'Afrique
centrale, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
AFP
http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_article=123111&id_edition=100115
Quand un ministre de la Communication ment ouvertement à un journaliste, alors que le Rwanda avait déjà émis un communiqué repris par plusieurs agences de presse, pour confirmer l'entente de coopération entre les deux pays, alors là, il y a un sérieux problème (dans le cas de ce gouvernement c'est un euphémisme: http://radiookapi.net/actualite/2012/05/15/le-rwanda-nest-pas-mediateur-entre-la-rdc-les-rebelles-du-m23-selon-lambert-mende/).
RépondreSupprimerDepuis quand et dans quel pays un ministre de la Défense est-il habilité à signer des traités internationaux qui engagent la souveraineté d'un pays? Ce n'est qu'en République démocratique du Congo que ces choses ne peuvent qu'arriver.
La démission, les accusations, le patriotisme n'étant pas dans la culture politique du congolais, notre traversée n'est pas près de prendre fin.