"Vous avez dit «subornation de témoins»?"
Quand les couples "Kabila" et Bozize affichaient leur connivence.
L’arrestation du député national MLC Fidèle Babala Wandu, le dimanche 24 novembre à 2 heures du matin, et son transfert à la Cour pénale internationale à La Haye ont retenti comme un double coup de tonnerre dans le ciel kinois. Un ciel kinois qui affichait un semblant d’éclaircie après les travaux des «Concertations nationales». D’aucuns y voyaient un début de décrispation politique. Erreur. Certains cadres du Mouvement de libération du Congo qui avaient mordu à l’hameçon doivent s’en prendre à eux-mêmes pour avoir cru, à tort, que «le nouveau Joseph Kabila était arrivé». La réalité est là : «Joseph Kabila» ne peut pas changer. L’homme reste égal à lui-même : faux, calculateur et fourbe. Bref, un homme sans parole, guidé par une "mission".
Chacun a parfaitement le droit d’aimer ou de détester Fidèle Babala. Le problème n’est pas là ! Il ne s’agit pas ici de défendre un individu. Il s’agit de voir si les lois que le Congo dit démocratique s’est librement donné ont été scrupuleusement respectées à l’occasion de la mise en oeuvre d’une procédure qui a été – osons le qualificatif – politico-judiciaire.
Une chose paraît indiscutable : il y a eu des graves dysfonctionnements. Des dysfonctionnements qui n’honorent guère l’appareil d’Etat congolais. Encore moins, les gouvernants. Membre de la représentation nationale, Babala a été appréhendé comme un vulgaire malfrat par des hommes armés et cagoulés non autrement identifiés ce qui a fait courir les rumeurs d’un «enlèvement».
Cette arrestation est parfaitement irrégulière. Elle est doit être frappée de nullité.
D’abord, parce que cette arrestation a eu lieu en violation des heures légales en vigueur. Les «visites domiciliaires» sont interdites après 21 heures et avant 5 heures du matin. Le représentant de la CPI au Congo, Paul Madidi, a ainsi raconté des niaiseries sur les antennes de RFI en prétendant que la «procédure était normale». A qui voulait-il faire plaisir? Les propos de ce "Monsieur" mettent à nu la légèreté mais aussi la malhonnêteté des hommes et femmes qui incarnent cette juridiction internationale. Une juridiction dont l’impartialité et l’indépendance sont de plus en plus mises en doute.
Ensuite, cette interpellation a eu lieu en cours de session parlementaire. «Aucun parlementaire ne peut, en cours de session, être poursuivi ou arrêté, sauf en cas de flagrant délit, qu’avec l’autorisation de l’Assemblée nationale ou du Sénat selon le cas», stipule l’article 107-2 de la Constitution. Il semble que les «convoyeurs» de la CPI se trouvaient dans la capitale congolaise depuis une semaine. La «flagrance» ne peut être invoquée dans ce cas. C’est une arrestation arbitraire.
Enfin, il est clair que les plus hautes autorités politiques congolaises – «Joseph Kabila» et Aubin Minaku en tête – ont trahi leur serment en «livrant» avec zèle un adversaire politique sous prétexte de «collaborer» à la justice internationale en tant qu’Etat-Partie. Il y a une grave incohérence entre le discours officiel et l’action. Comment peut-on faire l’éloge de l’Etat de droit, de l’éthique et de la cohésion nationale tout en donnant des coups de canif à ces mêmes principes? Un chef de l’Etat n’est-il pas également le garant de la justice et d’un certain ordre moral?
Que reproche-t-on à Fidèle Babala?
Dans son communiqué publié après les faits, la CPI parle de «subornation de témoins» devant la CPI. «Les suspects auraient constitué un réseau aux fins de produire des documents faux ou falsifiés et de corrompre certaines personnes afin qu’elles fassent de faux témoignages dans l’affaire concernant M. Bemba», peut-on lire.
Le juge émetteur des mandats d’arrêt n’a pas dit la vérité. La réalité est tout autre.
Depuis cinq ans, le bureau du procureur et la défense du sénateur Bemba se livrent à un combat inégal. Le premier tente depuis ce laps de temps à démontrer que le leader du MLC commandait les troupes de son mouvement déployées en Centrafrique. Etrangement, les responsables civils et militaires centrafricains d’alors sont absous comme par enchantement. Comment faire éclater la vérité vraie en l’absence de tous les protagonistes? La défense martèle que le contingent du MLC était commandé par des officiers centrafricains tout en exigeant la «mise hors cause» de son client. L’enjeu tourne autour de la crédibilité de la CPI.
Là où le bât blesse est que l’accusation instruit uniquement à charge en écartant tout témoignage de nature à disculper Bemba qui se trouve en détention préventive depuis… cinq ans. On se croirait en Ouganda à l’époque du dictateur Amin Dada. Il faut craindre que le souci du bureau du procureur se limite désormais à trouver un «bouc émissaire» plutôt qu’à faire éclater la vérité sur ce qui s’est réellement passé dans ce pays voisin dirigé à l’époque par Ange-Félix Patassé. La CPI doit sauver sa face.
Bemba et ses proches ont-ils tenté de «suborner» des témoins ? L’avenir seul le dira. En attendant, l’opinion congolaise n’a pas oublié les manigances de
«Joseph Kabila» et des «super faucons» de son entourage pour «couler» le leader du MLC.
Qui oubliera ce courrier électronique daté du 21 avril 2006 adressé à Léonard She Okitundu, alors directeur du cabinet de Joseph Kabila avec copie à l’ambassadeur congolais à Bangui Mugaruka bin Rubibi ? L’objet se passe de tout commentaire : «JPB CPI». L’expéditeur est un ministre de François Bozizé en charge de Communication. Son nom : Abdel Karim Mekassoua. Celui-ci vit en France. «Chers amis, écrivait-il, je vous transmets les infos nécessaires à la très haute attention du PR. Merci de mettre 2 billets A/R à disposition sur AF, pour un départ le 22 avril de Bangui et retour le 24 avril via Douala pour A. Karim Meckassoua et Me Goungaye Wanfiyo Nganatoua. Je confirme le rendez-vous avec Antoine qui a mon contact de Paris (...). Mes respects au PR et merci pour votre diligence.» Qui est Antoine ? C’est un des transfuges du MLC passé avec armes et bagages dans la «Kabilie».
Pour la petite histoire, l’avocat Nganatoua - décédé depuis - est l’homme qui confectionnait les "preuves à charge" avec les experts de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme). Vous avez dit subornation de témoins?
Le contingent du MLC en Centrafrique était commandé par un certain colonel Mustapha Mukiza. Après l’installation du gouvernement «1+4» en 2003, «Mustapha» a été promu commandant de la Base de Kitona. L’avocat Kilolo aurait tenté de le faire comparaître à La Haye. Au grand dam de «Joseph Kabila». Selon certaines indiscrétions, Kilolo devait être arrêté par des agents de l’ANR (Agence nationale de renseignements) après son contact avec Mukiza.
Depuis l’arrestation de Jean-Pierre Bemba en mai 2008, tout n’est que manipulation. Où en est-on avec l’enquête policière «ouverte» en septembre 2009 à la suite des prétendues «attaques» des résidences de plusieurs anciens cadres du MLC dont José Endundo et Alexis Thambwe Mwamba? Une attaque imputée à des proches du leader du MLC? C’était au moment où celui-ci devait bénéficier d’une remise de liberté provisoire. Vous avez dit subornation de témoins?
Depuis la fin des années 80, plusieurs citoyens zairo-congolais ont payé au prix fort l’ambition collective de voir ce pays faire son entrée dans le petit cercle des Etats démocratiques et respectueux des droits et libertés. Par la bêtise humaine, le Congo ne cesse de s’éloigner de ces valeurs.
Et pourtant. Instaurer l’Etat de droit, assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de l’Etat, contrer toute tentative de dérive dictatoriale, assurer l’alternance démocratique sont les «préoccupations majeures» qui avaient guidé le constituant de 2006.
Toutes ces préoccupations sont anéanties par la folie d’un homme qui n’a que faire de l’Etat de droit, de la démocratie et autre cohésion nationale. Seul le pouvoir l’intéresse. Le pouvoir et les avantages et privilèges qui s’y rattachent.
Y en a marre de cette marche à reculons!
Le Congo est dirigé par un tricheur doublé d’un assassin "aux mains propres". Cet homme a pour mission d’éliminer les meilleurs fils et filles de ce pays. Malheur à ceux qui se laissent anesthésier par une poignée de dollars et les honneurs. Il faut stopper ce pseudo-nationaliste et ses complices...avant qu’il ne soit trop tard.
Chacun a parfaitement le droit d’aimer ou de détester Fidèle Babala. Le problème n’est pas là ! Il ne s’agit pas ici de défendre un individu. Il s’agit de voir si les lois que le Congo dit démocratique s’est librement donné ont été scrupuleusement respectées à l’occasion de la mise en oeuvre d’une procédure qui a été – osons le qualificatif – politico-judiciaire.
Une chose paraît indiscutable : il y a eu des graves dysfonctionnements. Des dysfonctionnements qui n’honorent guère l’appareil d’Etat congolais. Encore moins, les gouvernants. Membre de la représentation nationale, Babala a été appréhendé comme un vulgaire malfrat par des hommes armés et cagoulés non autrement identifiés ce qui a fait courir les rumeurs d’un «enlèvement».
Cette arrestation est parfaitement irrégulière. Elle est doit être frappée de nullité.
D’abord, parce que cette arrestation a eu lieu en violation des heures légales en vigueur. Les «visites domiciliaires» sont interdites après 21 heures et avant 5 heures du matin. Le représentant de la CPI au Congo, Paul Madidi, a ainsi raconté des niaiseries sur les antennes de RFI en prétendant que la «procédure était normale». A qui voulait-il faire plaisir? Les propos de ce "Monsieur" mettent à nu la légèreté mais aussi la malhonnêteté des hommes et femmes qui incarnent cette juridiction internationale. Une juridiction dont l’impartialité et l’indépendance sont de plus en plus mises en doute.
Ensuite, cette interpellation a eu lieu en cours de session parlementaire. «Aucun parlementaire ne peut, en cours de session, être poursuivi ou arrêté, sauf en cas de flagrant délit, qu’avec l’autorisation de l’Assemblée nationale ou du Sénat selon le cas», stipule l’article 107-2 de la Constitution. Il semble que les «convoyeurs» de la CPI se trouvaient dans la capitale congolaise depuis une semaine. La «flagrance» ne peut être invoquée dans ce cas. C’est une arrestation arbitraire.
Enfin, il est clair que les plus hautes autorités politiques congolaises – «Joseph Kabila» et Aubin Minaku en tête – ont trahi leur serment en «livrant» avec zèle un adversaire politique sous prétexte de «collaborer» à la justice internationale en tant qu’Etat-Partie. Il y a une grave incohérence entre le discours officiel et l’action. Comment peut-on faire l’éloge de l’Etat de droit, de l’éthique et de la cohésion nationale tout en donnant des coups de canif à ces mêmes principes? Un chef de l’Etat n’est-il pas également le garant de la justice et d’un certain ordre moral?
Que reproche-t-on à Fidèle Babala?
Dans son communiqué publié après les faits, la CPI parle de «subornation de témoins» devant la CPI. «Les suspects auraient constitué un réseau aux fins de produire des documents faux ou falsifiés et de corrompre certaines personnes afin qu’elles fassent de faux témoignages dans l’affaire concernant M. Bemba», peut-on lire.
Le juge émetteur des mandats d’arrêt n’a pas dit la vérité. La réalité est tout autre.
Depuis cinq ans, le bureau du procureur et la défense du sénateur Bemba se livrent à un combat inégal. Le premier tente depuis ce laps de temps à démontrer que le leader du MLC commandait les troupes de son mouvement déployées en Centrafrique. Etrangement, les responsables civils et militaires centrafricains d’alors sont absous comme par enchantement. Comment faire éclater la vérité vraie en l’absence de tous les protagonistes? La défense martèle que le contingent du MLC était commandé par des officiers centrafricains tout en exigeant la «mise hors cause» de son client. L’enjeu tourne autour de la crédibilité de la CPI.
Là où le bât blesse est que l’accusation instruit uniquement à charge en écartant tout témoignage de nature à disculper Bemba qui se trouve en détention préventive depuis… cinq ans. On se croirait en Ouganda à l’époque du dictateur Amin Dada. Il faut craindre que le souci du bureau du procureur se limite désormais à trouver un «bouc émissaire» plutôt qu’à faire éclater la vérité sur ce qui s’est réellement passé dans ce pays voisin dirigé à l’époque par Ange-Félix Patassé. La CPI doit sauver sa face.
Bemba et ses proches ont-ils tenté de «suborner» des témoins ? L’avenir seul le dira. En attendant, l’opinion congolaise n’a pas oublié les manigances de
«Joseph Kabila» et des «super faucons» de son entourage pour «couler» le leader du MLC.
Qui oubliera ce courrier électronique daté du 21 avril 2006 adressé à Léonard She Okitundu, alors directeur du cabinet de Joseph Kabila avec copie à l’ambassadeur congolais à Bangui Mugaruka bin Rubibi ? L’objet se passe de tout commentaire : «JPB CPI». L’expéditeur est un ministre de François Bozizé en charge de Communication. Son nom : Abdel Karim Mekassoua. Celui-ci vit en France. «Chers amis, écrivait-il, je vous transmets les infos nécessaires à la très haute attention du PR. Merci de mettre 2 billets A/R à disposition sur AF, pour un départ le 22 avril de Bangui et retour le 24 avril via Douala pour A. Karim Meckassoua et Me Goungaye Wanfiyo Nganatoua. Je confirme le rendez-vous avec Antoine qui a mon contact de Paris (...). Mes respects au PR et merci pour votre diligence.» Qui est Antoine ? C’est un des transfuges du MLC passé avec armes et bagages dans la «Kabilie».
Pour la petite histoire, l’avocat Nganatoua - décédé depuis - est l’homme qui confectionnait les "preuves à charge" avec les experts de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme). Vous avez dit subornation de témoins?
Le contingent du MLC en Centrafrique était commandé par un certain colonel Mustapha Mukiza. Après l’installation du gouvernement «1+4» en 2003, «Mustapha» a été promu commandant de la Base de Kitona. L’avocat Kilolo aurait tenté de le faire comparaître à La Haye. Au grand dam de «Joseph Kabila». Selon certaines indiscrétions, Kilolo devait être arrêté par des agents de l’ANR (Agence nationale de renseignements) après son contact avec Mukiza.
Depuis l’arrestation de Jean-Pierre Bemba en mai 2008, tout n’est que manipulation. Où en est-on avec l’enquête policière «ouverte» en septembre 2009 à la suite des prétendues «attaques» des résidences de plusieurs anciens cadres du MLC dont José Endundo et Alexis Thambwe Mwamba? Une attaque imputée à des proches du leader du MLC? C’était au moment où celui-ci devait bénéficier d’une remise de liberté provisoire. Vous avez dit subornation de témoins?
Depuis la fin des années 80, plusieurs citoyens zairo-congolais ont payé au prix fort l’ambition collective de voir ce pays faire son entrée dans le petit cercle des Etats démocratiques et respectueux des droits et libertés. Par la bêtise humaine, le Congo ne cesse de s’éloigner de ces valeurs.
Et pourtant. Instaurer l’Etat de droit, assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de l’Etat, contrer toute tentative de dérive dictatoriale, assurer l’alternance démocratique sont les «préoccupations majeures» qui avaient guidé le constituant de 2006.
Toutes ces préoccupations sont anéanties par la folie d’un homme qui n’a que faire de l’Etat de droit, de la démocratie et autre cohésion nationale. Seul le pouvoir l’intéresse. Le pouvoir et les avantages et privilèges qui s’y rattachent.
Y en a marre de cette marche à reculons!
Le Congo est dirigé par un tricheur doublé d’un assassin "aux mains propres". Cet homme a pour mission d’éliminer les meilleurs fils et filles de ce pays. Malheur à ceux qui se laissent anesthésier par une poignée de dollars et les honneurs. Il faut stopper ce pseudo-nationaliste et ses complices...avant qu’il ne soit trop tard.
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2013
° http://www.congoindependant.com/article.php?articleid=8485
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