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SACREBOPOL

dimanche 3 novembre 2013

RDC : Joseph Kabila reprend la main


RDC : Joseph Kabila reprend la main



Après sa victoire militaire sur les rebelles du M23 et l'annonce de la création d'un gouvernement d'union nationale, le président Joseph Kabila a réussi à se replacer au centre du jeu politique congolais. De quoi prolonger sa survie politique.

Qui l'eût cru ? Il y a encore quelques mois, le président congolais pataugeait sur deux fronts : politique et militaire. Affaibli politiquement par les élections contestées de novembre 2011, Joseph Kabila était englué dans l'organisation chaotique des Concertations nationales boycottées par les grands partis d'opposition. Militairement, le président congolais s'enlisait également au Nord-Kivu face aux rebelles du M23 que rien ne semblait arrêter. Deux fronts problématiques qui remettaient fortement en cause sa légitimité politique. Mais en quelques jours, la donne semble avoir changé à Kinshasa.  

Incontournable
Le 23 octobre dernier, devant les deux assemblées, le président Kabila a annoncé une série de mesures censées renforcer la cohésion nationale. Un catalogue de bonnes intentions, qui allait du rapatriement des dépouilles de Tshombe et Mobutu, à la mise en place de la décentralisation, en passant par la libération de prisonniers, la nomination d'un monsieur "anti-corruption" ou la création d'un quota de 30% de femmes en politique. De belles promesses dont on attendra avec impatience la mise en application. Mais l'annonce phare du discours du Chef de l'Etat tenait dans la nomination "imminente" d'un nouveau gouvernement d'union nationale. Un gouvernement de "demie-ouverture" avec l'opposition et la société civile, mais vraisemblablement avec le même Premier ministre et sans les grands partis d'opposition. Avec cette ouverture politique en trompe l'oeil et très contrôlée (voir notre article), Joseph Kabila a réussi à se replacer au centre de l'échiquier politique congolais en jouant de  nouveau son rôle de grand "redistributeur de cartes"... et de portefeuilles ministériels. Les multiples annonces du président permettent enfin à Joseph Kabila d'en étaler leur mise oeuvre (si tant est quelles voient toutes le jour) et ainsi de rallonger, sans concéder une once de pouvoir, sa survie politique. L'opposition craint en effet que le président ne prolonge son mandat au-delà de 2016. 

Nouvelle légitimité ?
Sur le plan militaire, les victoires des forces armées congolaises (FARDC) sonnent comme une divine surprise pour Kinshasa. Longtemps taxée "d'armée fantôme" pour son peu d'efficacité sur le terrain, les FARDC ont enchaîné les succès depuis la première offensive du vendredi 25 octobre. Devant l'avancée des troupes gouvernementales, les rebelles se sont retirés de toutes leurs bases arrières : Kibumba, Rumangabo, Rutshuru, Kiwanja et Bunagana à la frontière ougandaise. C'est la première fois que l'armée congolaise, avec l'aide non négligeable de la Brigade de l'ONU, fait plier la rébellion aussi rapidement. Cette victoire militaire est sans nul doute l'un des succès politiques les plus marquants de Joseph Kabila depuis son arrivée au pouvoir en 2001. La déroute du M23 rebat les cartes des négociations de Kampala entre le gouvernement congolais et les rebelles. Peu enclin à céder à la rébellion, Kinshasa a cherché à jouer le "KO militaire", qui lui permet d'échapper ainsi à d'humiliantes concessions à la table des négociations. Sur ce point, Kinshasa revient en position de force à Kampala, ou seule la reddition du M23 peut être signée. 

Assurance-vie
Mais attention, victoire militaire ne rime pas toujours avec victoire politique. Si le M23 a quitté les zones qu'il contrôlait au Nord-Kivu, on parle de 700 km2, le mouvement n'est pas "annéanti" comme le clame Kinshasa. Réfugiées en Ouganda ou au Rwanda, les troupes rebelles ont subit peu de perte durant les assauts FARDC. La présence du M23 aux frontières du Congo continuerait donc de faire peser une sérieuse menace sur les Kivus, sans parler d'une possible (mais pu probable) contre-offensive rebelle sur l'armée. Pour transformer son succès militaire, en victoire politique, Joseph Kabila devra s'atteler à régler le problème avec ses voisins rwandais et ougandais. Une explication et une négociation politique entre chefs d'Etat seront donc  indispensables pour établir une paix durable à l'Est de la RDC. Pour le moment, Joseph Kabila peut goûter aux bénéfices immédiats de sa victoire sur le M23 : une "légitimité" presque retrouvée auprès de la population et un soutien sans faille de la communauté internationale... bref, une assurance pour sa survie politique. Mais les braises sont encore chaudes autour des bastions rebelles reconquis par l'armée régulière. Et le plus dur reste à venir : maintenir la paix. "



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