"Joseph Kabila" interdit à Vital Kamerhe de quitter le territoire national''
François Beya, directeur général de la DGM (Direction générale de Migration) |
Par une instruction adressée aux différents postes frontières du Congo démocratique, le directeur général de la DGM (Direction générale de migration) a interdit toute sortie du territoire national à Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale et président national du parti UNC (Union pour la Nation Congolaise). Autorité de tutelle, le ministère de l’Intérieur et de la...sécurité dit n’être pas au courant.
"Le pouvoir kabiliste est devenu fou!". C’est la réaction qu’a eu, samedi 11 janvier, un analyste en apprenant la décision précitée du patron de la DGM. Et d’ajouter : "Voilà un acte d’excès de pouvoir qui intervient alors que l’opinion nationale n’a pas encore "digéré" les massacres du 30 décembre dernier commis par la garde prétorienne de Joseph Kabila à Kinshasa, à Lubumbashi et à Kindu dont les victimes sont qualifiées de "terroristes" par un pouvoir qui a perdu toute crédibilité". On ne pourrait s’empêcher d’ajouter que la même opinion nationale attend impatiemment de connaître toute la vérité sur l’assassinat, jeudi 2 janvier 2014, du colonel Mamadou Moustapha Ndala.
Dans un message DGM/DG/003/014 daté du 6 janvier 2014, François Beya, le directeur général de la Direction générale de migration (DGM) donne à ses différents services l’instruction à exécuter "dès réception du présent message que sieur Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale et président de l’Union pour la Nation Congolaise être interdit de quitter territoire national".
Organisme technique, la DGM n’est nullement habilitée à prendre une telle décision dont le caractère politique voire politicien crève les yeux. Contacté par le secrétaire général de l’UNC, le ministère de l’Intérieur, censé exercer la tutelle sur ce "service", prétend "n’être pas au courant". Il avait promis à son interlocuteur de l’UNC de revenir vers lui le 9 janvier. C’est le silence plat.
En réaction à ce mutisme, le secrétaire général de cette formation politique, Jean-Bertrand Ewanga Is’Ewanga, a, en date du 10 janvier 2014, saisi les animateurs des principales institutions du pays y compris des missions diplomatiques accréditées à Kinshasa. Il leur a fait part des "préoccupations" de son parti face aux "restrictions de liberté de mouvement" prises à l’encontre de Vital Kamerhe.
Après avoir relevé que la décision de la DGM viole l’article 30 de la Constitution ainsi que les principes relatifs à l’exercice de la démocratie au Congo-Kinshasa, le secrétaire général Ewanga a exigé "la levée immédiate" de cette mesure. Sera-t-il entendu? On peut en douter à moins que l’opposition dans son ensemble prenne la ferme résolution de ne plus se laisser gifler sur les deux joues. Ewanga de conclure sa missive en ces termes : "Nous n’allons pas nous laisser distraire par ces actes de provocation et d’intimidations de la part du pouvoir qui est certainement entrain de fabriquer des infractions imaginaires à coller à notre leader. C’est regrettable et inacceptable pour un Etat de droit".
Le ministre de l’Intérieur, le PPRD Richard Muyej Mangez, a sans doute dit vrai en affirmant qu’il n’est pas au courant de cette mesure d’interdiction. La raison est simple. Au Congo démocratique, les forces dites de sécurité (armée, police, garde présidentielle, services de renseignements civils et militaires, direction générale de migration etc.) fonctionnent à l’image d’une police politique voire une milice. Elles reçoivent leurs instructions de "Joseph Kabila". Et ne rendent compte qu’à lui seul ou à son délégué. Ici, il n’y a pas de contrôle démocratique. Encore moins judiciaire. Le président des Fonus, Joseph Olenghankoy Mukundji en sait quelque chose. Sur ordre de "la haute hiérarchie", cet opposant politique a été, à plusieurs reprises, interdit de voyager. Son passepport a été confisqué par des agents de la DGM. C’était à la fin des années 2000. Là où le bàt blesse est que les décisions du "raïs" tiennent lieu d’oracle. Elles sont insusceptibles d’appel. Qui pourrait avoir gain de cause devant ces magistrats debouts et assis qui doivent tout à "Joseph"?
Lors de son récent séjour au Nord Kivu, en novembre dernier, "Joseph Kabila" a reçu un accueil glacial. C’est un secret de Polichinelle. Les "Kivutiens" du Nord semblaient reprocher à "l’artisan de la paix" - c’est le slogan utilisé "Kabila" lors de l’élection présidentielle de 2006 - d’être resté dans la capitale (d’avril 2012 à novembre 2013) durant tous les affrontements entre l’armée nationale et les combattants du M23. Alors que les armes automatiques crépitaient encore dans certaines localités, le chef de la Mission onusienne au Congo, l’Allemand Martin Köbler, s’est rendu trois ou quatre fois sur le terrain. Côté congolais, seul le gouverneur du Nord-Kivu, le PPRD Julien Paluku, était visible. C’est au cours de ce même mois de novembre que Vital Kamerhe annoncera son intention de visiter cette région meurtrie. But : organiser une "caravane de paix". Cette initiative a manifestement été accueillie dans le giron présidentiel comme une bravade..
C’est connu. Depuis sa rupture avec le parti présidentiel et la «majorité» en mars 2009, Vital Kamerhe et le «raïs» s’observent. Les «petits soldats» de la «Kabilie» prennent plaisir à guetter les faits et gestes de l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Les détracteurs de l’ancien président de l’Assemblée nationale ont gardé à l’esprit l’opuscule intitulée «Pourquoi j’ai choisi Kabila» dont ce dernier est l’auteur. A tort ou à raison, nombreux sont les Congolais qui se disent indifférents des bisbilles entre le "raïs" et son ancien "attaquant de pointe" Vital Kamerhe.
Pour la petite histoire, l’actuel patron de la DGM, François Beya, a commencé à travailler dans les "services" sous le régime de Mobutu Sese Seko. Selon divers témoignages, l’homme a servi au CNS (Conseil national de sécurité) sous Jean Seti Yale, appelé familièrement "Zéro One". "François" est mieux placé que quiconque pour se souvenir que les violations des droits et libertés constituent une des critiques réccurentes articulées jadis à l’encontre de la Deuxième République. Après la prise du pouvoir par l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), Beya qui vivait en exil au Royaume-Uni rejoindra le Mzee Laurent-Désiré Kabila. Il s’est retrouvé au CNS dirigé à l’époque par Didier Kazadi Nyembwe. Les mauvaises habitudes ont décidément la peau dure. Très dure. Une affaire à suivre malgré tout.
Dans un message DGM/DG/003/014 daté du 6 janvier 2014, François Beya, le directeur général de la Direction générale de migration (DGM) donne à ses différents services l’instruction à exécuter "dès réception du présent message que sieur Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale et président de l’Union pour la Nation Congolaise être interdit de quitter territoire national".
Organisme technique, la DGM n’est nullement habilitée à prendre une telle décision dont le caractère politique voire politicien crève les yeux. Contacté par le secrétaire général de l’UNC, le ministère de l’Intérieur, censé exercer la tutelle sur ce "service", prétend "n’être pas au courant". Il avait promis à son interlocuteur de l’UNC de revenir vers lui le 9 janvier. C’est le silence plat.
En réaction à ce mutisme, le secrétaire général de cette formation politique, Jean-Bertrand Ewanga Is’Ewanga, a, en date du 10 janvier 2014, saisi les animateurs des principales institutions du pays y compris des missions diplomatiques accréditées à Kinshasa. Il leur a fait part des "préoccupations" de son parti face aux "restrictions de liberté de mouvement" prises à l’encontre de Vital Kamerhe.
Après avoir relevé que la décision de la DGM viole l’article 30 de la Constitution ainsi que les principes relatifs à l’exercice de la démocratie au Congo-Kinshasa, le secrétaire général Ewanga a exigé "la levée immédiate" de cette mesure. Sera-t-il entendu? On peut en douter à moins que l’opposition dans son ensemble prenne la ferme résolution de ne plus se laisser gifler sur les deux joues. Ewanga de conclure sa missive en ces termes : "Nous n’allons pas nous laisser distraire par ces actes de provocation et d’intimidations de la part du pouvoir qui est certainement entrain de fabriquer des infractions imaginaires à coller à notre leader. C’est regrettable et inacceptable pour un Etat de droit".
Le ministre de l’Intérieur, le PPRD Richard Muyej Mangez, a sans doute dit vrai en affirmant qu’il n’est pas au courant de cette mesure d’interdiction. La raison est simple. Au Congo démocratique, les forces dites de sécurité (armée, police, garde présidentielle, services de renseignements civils et militaires, direction générale de migration etc.) fonctionnent à l’image d’une police politique voire une milice. Elles reçoivent leurs instructions de "Joseph Kabila". Et ne rendent compte qu’à lui seul ou à son délégué. Ici, il n’y a pas de contrôle démocratique. Encore moins judiciaire. Le président des Fonus, Joseph Olenghankoy Mukundji en sait quelque chose. Sur ordre de "la haute hiérarchie", cet opposant politique a été, à plusieurs reprises, interdit de voyager. Son passepport a été confisqué par des agents de la DGM. C’était à la fin des années 2000. Là où le bàt blesse est que les décisions du "raïs" tiennent lieu d’oracle. Elles sont insusceptibles d’appel. Qui pourrait avoir gain de cause devant ces magistrats debouts et assis qui doivent tout à "Joseph"?
Lors de son récent séjour au Nord Kivu, en novembre dernier, "Joseph Kabila" a reçu un accueil glacial. C’est un secret de Polichinelle. Les "Kivutiens" du Nord semblaient reprocher à "l’artisan de la paix" - c’est le slogan utilisé "Kabila" lors de l’élection présidentielle de 2006 - d’être resté dans la capitale (d’avril 2012 à novembre 2013) durant tous les affrontements entre l’armée nationale et les combattants du M23. Alors que les armes automatiques crépitaient encore dans certaines localités, le chef de la Mission onusienne au Congo, l’Allemand Martin Köbler, s’est rendu trois ou quatre fois sur le terrain. Côté congolais, seul le gouverneur du Nord-Kivu, le PPRD Julien Paluku, était visible. C’est au cours de ce même mois de novembre que Vital Kamerhe annoncera son intention de visiter cette région meurtrie. But : organiser une "caravane de paix". Cette initiative a manifestement été accueillie dans le giron présidentiel comme une bravade..
C’est connu. Depuis sa rupture avec le parti présidentiel et la «majorité» en mars 2009, Vital Kamerhe et le «raïs» s’observent. Les «petits soldats» de la «Kabilie» prennent plaisir à guetter les faits et gestes de l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Les détracteurs de l’ancien président de l’Assemblée nationale ont gardé à l’esprit l’opuscule intitulée «Pourquoi j’ai choisi Kabila» dont ce dernier est l’auteur. A tort ou à raison, nombreux sont les Congolais qui se disent indifférents des bisbilles entre le "raïs" et son ancien "attaquant de pointe" Vital Kamerhe.
Pour la petite histoire, l’actuel patron de la DGM, François Beya, a commencé à travailler dans les "services" sous le régime de Mobutu Sese Seko. Selon divers témoignages, l’homme a servi au CNS (Conseil national de sécurité) sous Jean Seti Yale, appelé familièrement "Zéro One". "François" est mieux placé que quiconque pour se souvenir que les violations des droits et libertés constituent une des critiques réccurentes articulées jadis à l’encontre de la Deuxième République. Après la prise du pouvoir par l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), Beya qui vivait en exil au Royaume-Uni rejoindra le Mzee Laurent-Désiré Kabila. Il s’est retrouvé au CNS dirigé à l’époque par Didier Kazadi Nyembwe. Les mauvaises habitudes ont décidément la peau dure. Très dure. Une affaire à suivre malgré tout.
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2014
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